Encore renversante, l’équipe de France s’est offert la Ligue des nations grâce à Kylian Mbappé, passeur et buteur dimanche à Milan contre la fraîche et emballante Espagne (2-1), de quoi chasser un peu plus les fantômes de l’Euro sur la route du Mondial.
« On a toujours soif de trophées, on est jamais rassasié », a apprécié Paul Pogba sur M6. « Je vais profiter de ce trophée, et petit à petit on va se qualifier pour la Coupe du monde et aller la chercher! », a savouré Karim Benzema, élu homme du match, avant de fêter le titre sous une nuée de confettis.
A treize mois de la Coupe du monde au Qatar (21 novembre-18 décembre 2022), pour laquelle ils sont presque qualifiés, les champions du monde en titre ont garni un peu plus leur armoire à trophées en prenant la succession du Portugal de Cristiano Ronaldo, sacré en 2019.
Surtout, ils ont dompté une « Roja » tombeuse des champions d’Europe italiens, mercredi en demi-finale, en affichant une force de caractère à toute épreuve, à défaut d’une maîtrise totale. Après la renversante victoire 3-2 jeudi contre la Belgique, première nation au classement Fifa, les Bleus ont posé des briques pour l’avenir, malgré les ruines encore fumantes de l’Euro raté cet été.
La Ligue des nations n’a pas le prestige d’un grand tournoi, mais le plateau relevé de la phase finale confère au titre de dimanche une saveur enivrante pour les Bleus face à une des équipes les plus enthousiasmantes du moment, demi-finaliste du dernier Euro, au jeu léché comme celui de ses glorieux aînés, et sérieusement rajeunie sous l’impulsion de Luis Enrique.
De l’ennui au spectacle
En première période, le choc tant attendu a débouché sur un sommet… d’ennui, sans occasion de but, ni même de véritable action susceptible d’emballer les 31.500 spectateurs recensés à San Siro, dont les plus bruyants et démonstratifs étaient ceux venus acclamer la « Roja ».
Les « Olé, olé » tombés des gradins espagnols ont accompagné le jeu de passes de leurs favoris, mais Hugo Lloris a peu tremblé. Les seuls frissons dans le camp français sont venus d’un coude utilisé dans sa surface par Jules Koundé (31e), mais le recours à l’assistance vidéo n’a pas entraîné de sanction.
Malgré cela, la défense tricolore ne transpirait pas la sérénité.
Ferran Torres, auteur d’un doublé mercredi, a donné le tournis à l’arrière-garde des Français et en premier lieu à Theo Hernandez, « piston » gauche souvent mal placé, dépassé à la course et parfois obligé de faire parler son physique pour déjouer les attaques adverses.
« Contraints et forcés de défendre », comme l’a expliqué Didier Deschamps sur M6 à la pause, les Bleus ont eu le malheur de perdre avant la pause leur roc défensif Raphaël Varane, blessé à la cuisse droite et contraint de céder sa place à Dayot Upamecano, plus vu depuis un an.
Lloris décisif
Privés de ballons, les attaquants français ont eux longtemps regardé les débats se dérouler sans eux, jusqu’à ce que la rencontre s’emballe subitement après l’heure de jeu.
Aurélien Tchouaméni, titularisé en l’absence d’Adrien Rabiot (positif au covid-19), a amorcé une offensive depuis le camp français en s’appuyant sur Pogba, Kylian Mbappé et Karim Benzema ont combiné jusqu’à Theo Hernandez dont la reprise a fait vibrer la barre transversale espagnole (64e).
Dans la foulée, la « Roja » s’est ruée sur le but de Lloris. Le capitaine Sergio Busquets a envoyé en profondeur Mikel Oyarzabal qui, au duel, s’est joué d’Upamecano (64e, 0-1).
Les Bleus auraient pu être sonnés, mais Benzema leur a redonnés le sourire d’une frappe enroulée sublime sur un service de Mbappé (66e, 1-1). Comme contre la Belgique, où les Français étaient menés 2-0 à la mi-temps, la révolte et la réduction du score sont venus du Madrilène, désormais crédité de six buts depuis son retour surprise en juin.
Et comme face aux Diables rouges, le deuxième but a été signé Mbappé ! L’attaquant du Paris SG a bénéficié d’une passe de Theo Hernandez pour tromper Unai Simon d’un crochet avant de faire trembler les filets (80e, 2-1).
Son but a été accordé par la VAR mais « le hors-jeu est clair, (…) c’est difficile à comprendre pour moi », a pesté César Azpilicueta, à l’unisson des autres joueurs espagnols.
Les Français ont ensuite tremblé sur leurs bases, mais Lloris s’est transformé en mur infranchissable avec deux arrêts déterminants (88e, 90e+4). Comme un champion du monde !
LQ avec AFP