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« Le Tour de France a vocation à parler au plus grand nombre », explique son patron


Le directeur du Tour de France, Christian Prudhomme, lors d'une conférence de presse le 19 août 2020, à Nice. Photo : AFP

« Le Tour de France a vocation à parler au plus grand nombre », résume le patron de l’épreuve, Christian Prudhomme, dans un entretien à l’AFP, où il balaye les sujets chauds de l’édition 2022 qui débute vendredi, comme le covid, le Grand départ danois, les chances françaises et la sécurité.

Le covid s’est rappelé au cyclisme ces dernières semaines. Êtes-vous inquiet ?

Christian Prudhomme : « Non. Pour les équipes, le Tour de France est tellement important qu’elles redoublent elles-mêmes d’attention pour les coureurs et leur staff avant le départ. Mais le Tour va rappeler dans la communication les gestes élémentaires de protection et respecter bien évidemment les règles sanitaires au Danemark et en France, et les recommandations de l’Union cycliste internationale (UCI). Pour la troisième année consécutive, je ne serrerai pas la main des champions et les approcher ne pourra se faire qu’avec un masque. Nous distribuerons 40.000 masques aux personnes accréditées susceptibles de s’approcher des coureurs, aux abords des départs et des arrivées ».

Pourquoi un Grand départ à Copenhague ?

« J’avais été fasciné en 2011 par le nombre de gens à bicyclette. Au Danemark, tout le monde est à bicyclette. Le slogan de la candidature était la rencontre de la ville la plus cyclable au monde et de la plus grande course du monde. Au Danemark, tout le monde regarde le Tour, les parts d’audience et de marché sont monumentales. Le Tour permet à France Télévisions de tripler ses parts de marché pour monter entre 35 et 40%, 39,4% sur le Tour 2021. TV2 au Danemark c’était 60,4% ! Sportivement, le Danemark c’est aussi l’arrivée fascinante de la deuxième étape avec les 18 des 20 derniers kilomètres au-dessus de la mer. Tout cela soutenu par une volonté politique jamais démentie, avec trois maires différents et deux premiers ministres ! »

Ce Tour peut-il réussir aux Français ?

« On est très heureux de revoir Thibaut Pinot après son année et demie complètement gâchée par sa blessure au dos, dans un autre registre, chasseur d’étapes et créateur d’émotions, et Romain Bardet qui était dans une forme éblouissante dans les dix premiers jours du Tour d’Italie. Guillaume Martin est toujours là dans les classements, David Gaudu… il y a des Français de qualité sans aucun doute. Mais, si on veut me faire dire qu’un Français peut gagner le Tour, ça me semble bien compliqué cette année encore. Dans les dix premiers, oui, peut-être dans les cinq premiers, des victoires d’étapes, pourquoi pas une belle lutte pour le maillot à pois. Mais aller chercher Pogacar ou Roglic, ça semble en revanche plus compliqué ».

La première semaine fait peur à beaucoup de candidats au podium. Est-elle trop dure, trop risquée ?

« Les organisateurs proposent, les coureurs disposent, c’est toujours la même chose. On a vécu une première semaine étincelante l’année dernière, je ne suis pas convaincu qu’elle n’ait pas été fatigante pour les champions, surtout avec l’entrée dans la montagne sous la pluie, pendant 48 heures. On a vécu naguère des premières semaines lénifiantes. Les champions d’aujourd’hui sont davantage portés vers l’attaque et c’est très bien, ils ont un terrain où ils peuvent s’exprimer ».

Mais avec des risques supplémentaires de chutes ?

« Aucun organisateur n’aime que les coureurs tombent. Les chutes se produisent pour différentes raisons, parfois inhérentes au parcours, parfois au matériel, au respect qui existe ou pas dans le peloton, certains coureurs l’ont d’ailleurs pointé du doigt au printemps. Il y a bien sûr des chutes dans les courses, mais les chutes les plus graves de ces dernières années ont eu lieu hors compétition, Chris Froome en préparation du chrono du Dauphiné, Egan Bernal avec encore le vélo de chrono à l’entraînement, Amy Pieters qui était à l’entraînement… »

C’est aussi le retour à l’Alpe d’Huez, une montée souvent très « chaude ». Prévoyez-vous des mesures particulières ?

« Il y a toujours des mesures particulières. Les quatre derniers kilomètres sont entièrement barriérés, le premier kilomètre est barriéré d’un côté sachant que de l’autre côté c’est la falaise. Il y a des forces de l’ordre en nombre, des policiers néerlandais dans le « virage des hollandais », des policiers danois dans le « virage des danois », et énormément de communication sur tous les réseaux ».

Une série documentaire Netflix est lancée sur le Tour. Est-ce pour toucher la cible des jeunes générations ?

« (sourire) L’an dernier, les 15-24 ans ont été la deuxième tranche d’âge qui a le plus regardé le Tour. Le Tour est une invention des journaux, il est toujours en phase avec les moyens de communication de son époque, la presse écrite, la radio, la télé qui le magnifie, aujourd’hui les différentes plates-formes. Le Tour a vocation à parler au plus grand nombre ».