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Le foot européen sceptique, résigné puis réactif face au coronavirus


Aleksander Ceferin, le président de l'UEFA ici de passage à Luxembourg en 2017, va faire des annonces mercredi (Photo : Julien Garroy).

Longtemps réticent à suspendre ses compétitions, Ligue des champions et Euro en tête, le foot européen a peu à peu surmonté les incertitudes liées au coronavirus et semble en mesure de renouer le fil de sa saison avec un nouveau calendrier attendu mercredi à l’UEFA.

Début mars: le déni

Qu’il semble loin, ce congrès de la Confédération européenne du 3 mars dernier à Amsterdam, où, devant tout le gratin continental du football, le président de l’UEFA Aleksander Ceferin a appelé à « ne pas surréagir » face à l’intensification du Covid-19…

« Le calendrier est chargé et chaque report (de match) pourrait être problématique »: voilà quelle a été, longtemps, la doctrine des instances européennes, pour qui la pandémie en devenir n’était qu’une « préoccupation » comme une autre, pas suffisante pour mettre en péril le coup d’envoi de l’Euro-2020 le 11 juin ou la saison de Ligue des champions.

« Essayons de ne pas songer au scénario du pire », insistait alors Ceferin, loin de mesurer l’impact à venir du virus.

Fin mars : la résignation

Pressée par plusieurs syndicats de joueurs, notamment en Espagne et en Italie, et mise dos au mur par les reports de matches de compétitions domestiques de plus en plus nombreux, l’UEFA a dû rectifier le tir en une dizaine de jours à peine.

Dès le 13 mars, la fin des huitièmes de finale de C1 est reportée, les matches de Ligue Europa également.

Quatre jours plus tard, c’est carrément l’Euro qui se voit décalé d’un an, une première historique en 60 ans d’existence de l’épreuve, après un vent d’inquiétude principalement venu de la Fédération italienne, inquiète face à une situation sanitaire de plus en plus incontrôlable dans le pays. Un report de l’épreuve estivale d’autant plus inévitable que les Ligues nationales y sont favorables, afin d’avoir un créneau supplémentaire pour terminer leur saison.

Place désormais aux négociations et aux complications pour sécuriser la tenue de la compétition un an plus tard. Cela conduira d’ailleurs aux reports à 2022 des Championnats d’Europe féminin et Espoirs, initialement prévus à l’été 2021.

Avril : l’incertitude

Le coup dur encaissé, l’UEFA érige une nouvelle priorité: finir sa lucrative Ligue des champions 2019/20, et sa Ligue Europa, « suspendues jusqu’à nouvel ordre ». L’Europe du foot se met en ordre de bataille pour mettre sur pied un calendrier qui conviendrait à la puissante Association européenne des clubs (ECA) ainsi qu’aux Ligues, constamment sondées dans des groupes de travail.

Rapidement, l’idée de terminer la C1 et la C3 après les championnats nationaux prend corps.

D’abord, on table sur le 30 juin pour finir les compétitions domestiques. Mais très vite, c’est la date du 3 août qui est avancée. Dès la mi-mars, l’idée d’un format raccourci, en « play-offs » ou « Final 8 » (tournoi rassemblant les équipes en un même lieu à partir des quarts de finale, NDLR), est évoquée comme une « option » par Ceferin, pour qui « il vaut mieux jouer à huis clos que pas du tout. »

Hors de question pour l’UEFA d’entendre parler d’une fin de saison. Quand la Belgique évoque cette possibilité, l’instance rétorque qu’un tel choix est « prématuré » et « non justifié ». Elle menace même d’exclure les clubs des pays frondeurs de la prochaine édition de la C1.

Un ultimatum finalement levé: une interruption définitive est envisageable mais devra être argumentée et les critères de « mérite sportif » devront primer pour l’établissement d’un classement.

C’est d’ailleurs dans ce cadre que les Pays-Bas, puis la France, stoppent leur saison fin avril, non sans une réaction étonnée du président du comité médical de l’UEFA Tim Meyer, estimant « certainement possible » un redémarrage des compétitions.

Mai-juin: l’adaptation

Les semaines suivantes iront dans son sens: l’Europe du foot voit avec satisfaction la majorité des championnats s’organiser pour une reprise, à huis clos principalement et en respectant un protocole sanitaire précis.

Allemagne, Espagne, puis Angleterre et Italie, le scénario de la reprise se concrétise et l’achèvement des compétitions européennes apparaît de plus en plus réaliste.

Un hic, toutefois, ralentit le calendrier. En raison de questions « encore ouvertes » fin mai concernant « un petit nombre » de villes hôtes de l’Euro de foot repoussé à 2021, l’UEFA reporte de plusieurs semaines son comité exécutif, reprogrammé les 17 et 18 juin.

Mais Ceferin reste confiant pour terminer la C1 « à la fin du mois d’août ». Mieux: ce laps de temps offre à l’UEFA la possibilité d' »étudier toutes les options » sur le calendrier, le format et même le lieu des ultimes tours des Coupes d’Europe. Avant de grandes annonces mercredi ?

AFP