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L’Atalanta sacrée en Ligue Europa


(Photo : AFP)

C’est la fin d’une anomalie. L’Atalanta Bergame, victorieuse mercredi soir de la Ligue Europa face au Bayer Leverkusen, a enfin conquis une nouvelle Coupe, plus de soixante ans après le seul et unique trophée de son histoire.

Une première occasion s’était présentée la semaine dernière en finale de la Coupe d’Italie, mais les hommes de Gian Piero Gasperini avaient trébuché, battus par la Juventus Turin (1-0).

Mercredi soir sur la pelouse de l’Aviva Stadium de Dublin, l’ancien Lansdowne Road, ils n’ont pas flanché, un triplé de l’attaquant nigérian Ademolo Lookman (12e, 26e, 75e) assommant le Bayer Leverkusen de Xabi Alonso, sacré champion d’Allemagne et invaincu cette saison avant de croiser la route du club italien.

Par ce succès, le club de Bergame qui s’est fait un nom en Serie A et en Europe grâce au style de jeu séduisant prôné par son emblématique entraîneur s’inscrit enfin sur les palmarès.

« On va jouer un match historique pour Bergame, pour une petite ville, un petit club », déclarait Gasperini après la démonstration face à Marseille en demi-finale retour (3-0, 1-1 à l’aller). « C’est un espoir pour les autres clubs comme nous, ajoutait-il, on parle beaucoup de SuperLigue mais l’Atalanta peut donner de l’espoir à d’autres clubs. La méritocratie a du bon. »

Ancrée dans la mythologie, pas encore dans l’histoire

Depuis sa création en 1907, l’Atalanta, en référence à Atalante, héroïne de la mythologie grecque élevée par la déesse de la chasse Artemis, n’a jamais été sacrée championne. Son palmarès, jusqu’à mercredi, se limitait à une ligne : la Coupe d’Italie 1963.

Le club de Bergame, ville lombarde de 120.000 habitants, est une anomalie dans le football italien : il dispute sa 63ᵉ saison de Serie A, pour un total de 92 depuis la création du championnat. Seuls neuf clubs ont fait mieux et ils sont tous situés dans des capitales régionales, beaucoup plus peuplées, comme Milan, Turin, Rome ou encore Florence.

La « Dea », littéralement la déesse représentée sur son blason qui rappelle son ascendance mythologique, n’a plus quitté la Serie A depuis 2012.

Actuelle 5e du championnat d’Italie, à deux points du podium, elle a fini 3ᵉ de la Série A trois années de suite (2018, 2019, 2020) et a atteint les quarts de finale de la Ligue des champions en 2020 (défaite 2-1 face au PSG lors d’un Final 8 adapté au Covid-19).

Un ancien joueur comme président et actionnaire

L’Atalanta a pris un nouvelle dimension grâce à l’un de ses anciens joueurs, Antonio Percassi.

L’ancien défenseur de la « Dea » (110 matches de championnat entre 1971 et 1977) a fait fortune, une fois ses crampons rangés dès l’âge de 25 ans, dans l’immobilier commercial d’abord en ouvrant des magasins Benetton, puis des franchises en Italie de Starbucks et Nike, des centres commerciaux ou en lançant la gamme de cosmétiques KIKO.

D’abord président, Percassi rachète le club en 2010 pour 14 millions d’euros et lui donne la stabilité financière qui lui manquait. Il a cédé en février pour 500 M EUR 55% du capital à un consortium américain mené par Stephen Pagliuca, patron du fonds d’investissement Bain Capital et copropriétaire de l’équipe NBA des Boston Celtics.

Percassi, 70 ans, reste un président discret, loin de ses bruyants collègues Aurelio De Laurentiis (Naples) ou Claudio Lotito (Lazio).

Gasperini à la baguette et au bâton

La véritable star de l’Atalanta, c’est son entraîneur, Gian Piero Gasperini. En poste depuis 2016, une éternité pour un club de Serie A, il est devenu une référence qui fait école avec des anciens joueurs, comme Thiago Motta (Bologne) ou Ivan Juric (Torino). Sous sa direction, l’Atalanta produit un football résolument offensif.

Avant de rejoindre Bergame, Gasperini a fait ses gammes à la Juventus, où il s’occupait des équipes de jeunes, s’est révélé au Genoa, a connu un échec cinglant à l’Inter où il a été limogé en septembre 2011 après trois… matches, avant de se relancer à Palerme puis au Genoa à nouveau.

Exigeant avec ses joueurs, adepte d’un système de jeu énergivore en 3-4-3, très à cheval sur la préparation physique et la discipline, Gasperini, 65 ans, est réputé aussi pour ses coups de gueule qui peuvent viser arbitres, entraîneurs adverses ou journalistes.

Formation et « scouting »

L’Atalanta n’a pas les moyens de l’Inter, de l’AC Milan ou de la Juventus, mais son centre de formation, dont est issu notamment l’international italien Alessandro Bastoni, est l’un des meilleurs d’Italie, tout comme sa cellule de recrutement.

Ses scouts ont ainsi repéré en Autriche le Danois Ramus Hojlund, revendu l’été dernier 70 millions d’euros à Manchester United. Ils savent relancer des joueurs en panne de confiance, à l’image de Lookman (en provenance du RB Leipzig), le héros de la finale de la Ligue Europa, ou du Belge Charles De Ketelaere, resté muet lors de sa première saison en Serie A avec l’AC Milan et qui en est à 10 buts en championnat.