Premier raté pour tester les JO de Paris et l’eau de la Seine : la compétition de natation en eau libre prévue ce week-end a dû être entièrement annulée dimanche en raison de la pollution du fleuve, mais les autorités assurent rester confiantes en vue des Jeux.
Après une ultime réunion nocturne entre le comité d’organisation (Cojo), la ville de Paris, les fédérations sportives, entre autres, pour étudier les dernières analyses, la décision a été prise de ne pas faire plonger les nageurs et nageuses du Pont Alexandre III, en plein centre de Paris, pour cette épreuve de Coupe du monde.
En cause : les fortes pluies tombées plus tôt cette semaine, qui ont fait déborder les égouts et ont ramené les eaux usées dans le fleuve.
« On est tous déçus ce (dimanche) matin, d’abord pour les athlètes et pour l’organisation de l’évènement. Cela s’est joué à quelques heures », a réagi Pierre Rabadan, adjoint aux Sports, JO et Seine de la mairie de Paris, devant les pontons vides.
Alors que la météo s’améliore progressivement, il a assuré que, selon les relevés en temps réels de la mairie, la qualité de l’eau de la Seine était « bonne » ce dimanche matin. Mais la décision a été prise sur la base d’une analyse sur la bactérie Escherichia coli remontant à 24H, avec une concentration qui était encore au-delà du seuil limite: à 1.300 UFC/100 ml là où la fédération internationale de natation (World Aquatics) impose un taux inférieur à 1.000.
Depuis jeudi, la Fédération française de natation (FFN), de concert avec World Aquatics, pointait une qualité d’eau « en dessous des normes acceptables », et avait annulé l’entraînement avant de reporter l’épreuve des femmes de samedi à dimanche.
« La santé, première priorité »
World Aquatics s’est dite dimanche « déçue que la qualité de l’eau entraîne l’annulation de cette Coupe du monde ». « Mais la santé des athlètes doit toujours être notre première priorité », a déclaré Husain Al-Musallam, son président, cité par le communiqué diffusé dimanche au petit matin.
Depuis quatre jours le Cojo, la ville de Paris, ou encore la préfecture de la région Ile-de-France soulignent pour leur part que les précipitations sont « exceptionnelles » pour la saison. Cette dernière avait tout de même pris un arrêté le 27 juillet pour autoriser dans son principe la compétition, en se basant sur 42 résultats d’analyses d’eau de juin et juillet.
« La qualité de l’eau continuera d’être surveillée attentivement, dans l’espoir confiant -sur la base des prévisions météorologiques actuelles- que des athlètes de haut niveau puissent participer à une compétition dans la Seine, lors du Test Event de Triathlon et Para Triathlon prévu du 17 au 20 août », a expliqué le comité d’organisation.
Une nouvelle déconvenue dans une dizaine de jours serait préoccupante pour les organisateurs mais aussi pour la ville de Paris dont la maire Anne Hidalgo promet de futures baignades dans la Seine pour 2025.
Ce dimanche matin, malgré les mines déçues, tant le Cojo que la mairie de Paris et la préfecture se montraient confiants pour cette prochaine tentative.
« Le plan B ? La Seine »
Le scénario de pluies abondantes était redouté par tous les acteurs et, dans l’optique des Jeux, plusieurs chantiers sont en cours pour essayer de parer à ce risque, comme le bassin d’Austerlitz, encore en construction, qui va permettre de stocker des eaux pluviales (50.000 m3), et fonctionnera en 2024.
Mais attention, a prévenu, en langage diplomatique World Aquatics : « il faut continuer à travailler avec Paris 2024 et les autorités locales pour s’assurer que des plans de contingences solides sont en place pour l’année prochaine ».
Interrogée quant à savoir si le comité d’organisation allait revoir ses plans pour les JO, et prévoir un plan B, Brigitte Légaré, responsable des compétitions dans Paris centre, a expliqué dimanche que la compétition dans la Seine se tiendrait à la fin des JO (26 juillet-11 août), les 8 et 9 août, et qu’il serait possible de la décaler d' »une journée » si besoin.
« Avec l’épisode historique (de précipitations) qu’on vient d’avoir, on va regarder ce qu’on a mis en place, s’il y a des choses qu’on peut changer, améliorer », a-t-elle argué.
Un plan B est-il possible ailleurs que dans la Seine ? « Non, le plan B c’est qu’on va nager dans la Seine, a assuré Légaré. Je suis confiante, je travaille avec les autorités depuis quatre ans sur le sujet ici à Paris et je vois l’évolution, on va y arriver. »