Exclue officiellement dans le cadre des sanctions pour dopage à grande échelle, la Russie sera quand même représentée par ses sportifs vedettes, qui porteront ses couleurs…
POURQUOI SON EXCLUSION DES JEUX?
La Russie a été sanctionnée dans le cadre du retentissant scandale de dopage institutionnel qui a éclaté fin 2014, impliquant pendant des années hauts fonctionnaires et agents secrets. Les autorités russes sont notamment accusées d’avoir eu recours au dopage à grande échelle pour assurer la suprématie de leurs sportifs à domicile lors des JO-2014 de Sotchi. Selon l’Agence mondiale antidopage (AMA), ce «système de dopage d’État» a concerné trente sports entre 2011 et 2015 et a impliqué les services secrets russes (FSB), qui remplaçaient durant les Jeux de Sotchi des échantillons de sportifs dopés par des fioles d’urine «propres» stockés au préalable.
Parmi les témoignages accablants, figure celui de Grigori Rodtchenkov, forcé de démissionner du laboratoire de Moscou qu’il dirigeait. Réfugié aux États-Unis, il a avoué en 2016 avoir orchestré pendant des années la dissimulation du dopage russe en coordination avec le ministère des Sports. En décembre 2017, le Comité international olympique (CIO) suspend la Russie et la prive des JO-2018 de Pyeongchang.
La triche ne s’arrête pas là. Convaincue d’avoir manipulé d’autres données alors qu’elle s’était engagée à la transparence, la Russie est exclue en 2019 des JO pour quatre ans (sanction réduite en 2022 de moitié par le Tribunal arbitral du sport), ce qui la prive officiellement des JO d’été de Tokyo, reporté de 2020 à 2021, et ceux d’hiver de Pékin.
QUI SONT LES SPORTIFS RUSSES PRÉSENTS À PÉKIN?
Les sportifs russes qui n’ont pas fait l’objet d’un contrôle antidopage positif peuvent participer aux JO-2022, mais ils ne pourront pas défiler derrière le drapeau russe lors de la cérémonie d’ouverture, ni n’entendront l’hymne national de leur pays en cas de titre olympique. Avec 212 sportifs, il s’agira de l’une des plus grosses délégations présentes dans la capitale chinoise. Comme à Tokyo, ils se rangeront sous la bannière du ROC, le Comité olympique russe. Au Japon, un extrait d’un concerto du célèbre compositeur russe Piotr Tchaïkovski résonnait en lieu et place de leur hymne interdit. Leurs tenues seront, elles, aux couleurs du pays : blanc, bleu et rouge. Il y a quatre ans, à Pyeongchang, la délégation russe, composée de 167 sportifs, avait remporté 17 médailles, dont deux titres.
Nous jugeons inacceptable la pratique de la punition collective pour des infractions qui relèvent d’individus
QUELLES RÉACTIONS?
Malgré l’accumulation de preuves, les autorités russes ont toujours démenti tout dopage institutionnel, accusant les instances sportives internationales d’être des instruments de la «politique antirusse» des Occidentaux. Mais, depuis l’allègement des sanctions par le TAS en 2020, les dirigeants russes ont mis pour l’essentiel leurs critiques et attaques en sourdine. De fait, ces mesures, qui n’interdisent pas à leurs sportifs de concourir, auraient pu être beaucoup plus lourdes.
Les responsables russes, dont le président Vladimir Poutine, ont l’interdiction d’assister aux compétitions, sauf à l’invitation du chef d’État du pays hôte. Avant de se rendre à Pékin, invité par son homologue Xi Jinping à la cérémonie d’ouverture et à un sommet le 4 février, M. Poutine a toutefois critiqué les sanctions visant son pays : «Nous jugeons inacceptable la pratique de la punition collective pour des infractions qui relèvent d’individus, une pratique qui, ces derniers temps, est devenue fréquente», a-t-il déclaré au média chinois China Media Group.
Fin janvier, le président russe avait en outre critiqué le boycott diplomatique décidé par certains pays contre les Jeux de Pékin. Il s’est dit contre «toute tentative de politiser le sport», des propos qui font aussi écho à sa vision des sanctions sportives contre la Russie.
LE SPORT RUSSE A-T-IL CHANGÉ?
Ébranlée par cette affaire de dopage, la Russie cherche désormais à donner des gages de respectabilité. Des structures ont notamment été créées pour former les entraîneurs et managers sportifs de demain. L’agence antidopage Rusada, au cœur du scandale, a été réformée, mais certains s’interrogent encore sur son indépendance. En effet, en 2020, son patron Iouri Ganous a été écarté dans des circonstances opaques après avoir vivement dénoncé le manque d’engagement des autorités pour lutter contre la triche sportive. Le scandale a donc durablement entaché la réputation du pays, qui a beaucoup misé ces dernières années sur les grandes compétitions sportives pour soigner son image à l’international, en organisant par exemple la Coupe du monde de football en 2018.
Luxembourg : plus qu’un choix, une évidence
Ça en a l’allure et le parfum, mais voilà, ce qui suit n’est pas une «information». C’est juste une évidence que le Comité olympique et sportif luxembourgeois a toutefois tenu, hier, à officialiser : les porte-drapeaux luxembourgeois lors de la cérémonie d’ouverture prévue aujourd’hui à 13 h (heure luxembourgeoise) sont… Matthieu Osch et Gwyneth ten Raa. Tout sauf une «information» dans la mesure où, comme lors des JO de Tokyo, le CIO a demandé à chaque comité national de désigner un homme et une femme comme porte-drapeaux. Or le Luxembourg ne compte que Matthieu Osch et Gwyneth ten Raa comme représentants. Le choix était donc vite fait.