Ex-joueuse et actuelle présidente du Standard, Diane Weimischkirch, porte un regard juste sur la faible médiatisation du handball féminin.
Suivez-vous ce championnat d’Europe ? Et si oui, de quelle manière ?
Bien sûr que je le suis. J’essaie de regarder un ou deux matches par jour. J’essaie de voir toutes les équipes au moins une fois, afin de me faire une idée de leur jeu.
Au Standard, tout le monde est aussi assidu ?
Je ne sais pas… J’ai envoyé le lien (NDLR : women2020.ehf-euro.com) sur lequel on peut voir les matches à tous nos joueurs et joueuses. Après, est-ce qu’ils regardent les matches? Ça je n’en sais rien… Ces messieurs, en général, ne regardent pas trop le handball et le sport féminin dans son ensemble.
Et vos joueuses ?
Certaines d’entre elles regardent sans doute. Ça me fait penser que par le passé, on se réunissait au club pour voir l’un ou l’autre match, tous ensemble, mais cette année, en raison de ce virus, ce n’est même pas possible. Mais bien souvent, on était directement sur place…
Racontez-nous…
Des déplacements pour assister à des championnats d’Europe ou du monde, j’ai dû en faire une vingtaine ! Pas toute seule, on était toute une bande de passionnées. Il y avait surtout les filles de l’équipe. On est allées au Danemark, en France, en Norvège, en Roumanie, en Russie…
Quel est votre plus grand souvenir ?
Il y en a plusieurs… Attendez, je dirais par exemple celle où nous étions en Roumanie. Notre hôtel était situé assez loin de la salle où se déroulait la finale. Pour se déplacer, c’était vraiment assez compliqué de la ville. On avait fait appel à une guide. On lui explique la situation et elle nous dit de ne pas bouger. Cinq minutes plus tard, on s’était retrouvées dans le bus de la sélection russe dirigée à l’époque par (Vladimir) Maksimov. Quand il nous a vues, il nous a saluées très poliment. Étonnée, je me retourne vers la guide qui me dit : « Je leur ai expliqué que vous faisiez partie d’une délégation luxembourgeoise très importante… » C’était vraiment chouette !
Par le passé, on se réunissait au club pour voir l’un ou l’autre match, tous ensemble
Pour cette édition 2020, aviez-vous initialement prévu de vous rendre au Danemark ?
Non. Peut-être que dans deux ou trois ans, je retournerai sur un tournoi de cette envergure mais depuis quatre ou cinq ans j’ai un peu décroché. Le jour où je ne skierai plus, je retournerais peut-être voir un Euro ou un Mondial ( elle sourit ). Quant au Danemark, pour y avoir été à plusieurs reprises et Kirsten Milling, une ancienne joueuse du Standard, s’occupait de réserver les billets, etc. Bref, au Danemark, le handball est un sport national. Les gens sont fanatiques. Garçon ou fille, tout le monde y a un jour joué. Il y a une véritable culture handballistique que l’on retrouve également en Norvège, en Suède ou même en Islande.
Que pensez-vous du fait que cet Euro soit, finalement, assez peu médiatisé ?
D’un côté, c’est bien que les rencontres puissent être vues gratuitement sur le site internet de l’organisation mais, d’un autre côté, c’est dommage qu’elles ne soient pas retransmises à la télévision qui a une autre caisse de résonance. Dommage par exemple qu’en France, alors que l’équipe est tenante du titre, la compétition ne soit pas diffusée. Elle l’est bien souvent à partir du dernier carré… C’est ça, le hand, on ne s’y intéresse qu’à partir des demi-finales.
Cela vous choque-t-il ?
Oui et non. Pas vraiment en fait. Je pense que le hand féminin n’attire pas assez de public pour être plus médiatisé. Si je prends l’exemple du championnat luxembourgeois, on n’en parle quasiment jamais. Sauf lors de la finale de Coupe de Luxembourg ou s’il y a un match décisif pour le titre. C’est comme ça mais, d’un autre côté, faut bien se rendre compte qu’ils ne sont pas nombreux les spectateurs à assister aux rencontres. En fait, on voit toujours les mêmes visages. Le public ne se renouvelle pas. Et, d’une certaine manière, je le comprends car depuis quatre ou cinq ans, le niveau du championnat a nettement baissé. Avant, il y avait encore une certaine concurrence.
Pour en revenir et conclure sur cet Euro-2020, quelle est l’équipe qui vous séduit le plus ?
Je dirais la Norvège. Je viens de voir son match contre la Roumanie, c’est une équipe qui développe un jeu très fluide. C’est vraiment beau à voir.
Entretien avec Charles Michel