Une semaine après l’avoir battue en phase de poules, l’équipe de France féminine de hand retrouve en finale du Mondial la Norvège, son tourmenteur ces dernières années, pour tenter de décrocher à Herning (Danemark) un troisième titre mondial, vingt ans après le premier.
« Il y en a marre sincèrement », lâche Chloé Valentini, ailière gauche des Bleues battues par les Scandinaves en finale de l’Euro-2020 (22-20) et du Mondial-2021 (29-22) et en demi-finale de l’Euro-2022 (28-20).
Elles étaient, selon la capitaine Estelle Nze Minko, reparties avec « beaucoup d’amertume » de Slovénie l’an passé après ce nouvel échec, une amertume en partie effacée par la victoire, dimanche dernier, à Trondheim (Norvège) en conclusion du tour principal (24-23).
« On sait très bien que ce ne sera pas le même match. Il ne va pas falloir non plus se mettre une pression énorme, car quand on joue avec la pression, on n’est pas nous-mêmes, on stresse un peu et on joue avec le frein à main. On n’a rien à perdre, juste à kiffer, jouer toutes ensembles et gagner », relève Pauletta Foppa.
Le pivot aura de nouveau un rôle clé pour perturber la mécanique norvégienne et bloquer, par ses montées en pointe, l’arrière gauche Henny Reistad (1,81 m), probablement la meilleure joueuse du monde, qui a inscrit 15 buts (dont tous ceux de son équipe en prolongation) en demi-finales face au Danemark (24-23).
« Peut-être que les Danoises n’ont pas trouvé où il fallait mettre le grain de sable pour la mettre en difficulté. On va s’y atteler », souligne, malicieux, le sélectionneur Olivier Krumbholz, annonçant « préparer quelques adaptations » par rapport au succès de dimanche dernier.
« Un autre chemin »
La menace tricolore est elle plus diffuse, selon Nze Minko: « Il faut faire attention à tous les secteurs. J’aime ça. Cela créé énormément de danger, c’est très dur à préparer pour nos adversaires. » L’équipe de France a progressé depuis la désillusion de l’Euro-2022, où elle avait « le sentiment de ne pas avoir joué (son) jeu, d’être dans le faux », raconte Nze Minko.
La capitaine, avec ses équipières et le sélectionneur Olivier Krumbholz, sont dès lors convaincues « qu’il fallait prendre un autre chemin ». « Et on l’a pris », dit-elle.
En vue de la défense du titre olympique à Paris en 2024, décision est prise d’ouvrir le chantier du jeu sur attaques placées, traditionnel point faible des Bleues. Tout en renforçant l’une de leurs armes décennales, ces montées de balle rapides qui punissent et asphyxient l’adversaire devant une défense de fer.
« Naines qui courent vite »
Nze Minko « sent qu’une étape a encore été passée sur cette compétition » dans ce secteur par elle et sa « bande de coureuses ». Elle développe l’expression: « Olivier (Krumbholz) s’amuse à nous dire parfois, sur le ton de la plaisanterie, quand il est un peu fâché parce qu’on fait des choses qui ne fonctionnent pas: +Vous savez qui vous êtes ? Vous êtes une bande de naines qui courent vite!+ »
Privée de Béatrice Edwige, sa cheffe de défense une décennie durant écartée pour laisser place à la relève qu’incarne Sarah Bouktit, cette « bande de naines qui courent vite » a remporté tous ses matches depuis le début de la compétition, en Norvège jusqu’en quart de finale puis au Danemark depuis les demies.
Les Bleues s’étaient pourtant présentées à ce Mondial scandinave sans réel objectif autre que celui de mesurer leurs progrès avant le grand rendez-vous olympique. Mais maintenant, après la démonstration réalisée en demi-finales contre la Suède (37-28), « tout le monde veut le titre », selon Foppa, devenue internationale quelques mois après le deuxième et à ce jour dernier titre mondial, en 2017 en France.