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France : le sport sur ordonnance dopé dans le Grand Est


Près de sept patients sur dix continuent l'activité physique après les séances remboursées. (Photo : AFP)

« Depuis un an, je n’ai pas pris d’anti-inflammatoire » : véritable « médicament » contre les maladies chroniques, le sport sur ordonnance se déploie dans le Grand Est depuis 2018, un dispositif « très satisfaisant » pour les patients.

Dans la salle de sport « Aktiv’Forme » de Neuves-Maisons (Meurthe-et-Moselle), cinq patients atteints de maladies chroniques ou de cancers se retrouvent pour des séances adaptées à leurs pathologies.

Tous ont débuté par le dispositif « Prescri’mouv », créé en 2018 par la Région, l’Agence régionale de santé (ARS) et des opérateurs comme le Comité régional olympique et sportif (Cros).

Ils se sont vu prescrire, par leur médecin traitant ou par un spécialiste, huit à douze séances d’activité physique remboursées.

Aldo Danelon, l’un d’eux, explique souffrir du dos. « Avant, j’allais chez le kiné, ça partait quelques temps, mais ça revenait », se rappelle-t-il. Depuis qu’il s’est mis au sport, ses douleurs sont bien moins récurrentes. « Maintenant, je viens (à la salle) quatre à cinq fois par semaine », assure-t-il.

Sa camarade Caroline Rosiak souffre de spondylarthrite: « Depuis un an, je n’ai pas pris un seul anti-inflammatoire. Le meilleur médicament, c’est le sport », assure-t-elle.

« Confiance »

« Avec le sport adapté, on reprend progressivement confiance en soi » tout en étant « observés, en sécurité », abonde Pascal qui pratique la gymnastique avec le club Cœur et santé de Nancy.

Les séances sont « très professionnelles », dans « un contexte médical bien spécifique », précise Philippe Robert, président du club où deux tiers des pratiquants ont un problème cardiaque.

Dispositif unique en France à un tel degré d’aboutissement et à une échelle aussi vaste, Prescri’mouv a permis le suivi de 10.000 patients depuis 2018, selon Nadège Hornbeck, vice-présidente de la Région chargée de la santé.

Près de sept patients sur dix continuent l’activité physique après les séances remboursées.

Mais « ce qui est pris est pris », souligne à l’ARS le Dr Arielle Brunner. Les séances remboursées permettent « de mettre le pied à l’étrier » mais aussi, pour les patients, de « prendre conscience des bienfaits » de l’activité et d’aider à « mieux gérer » sa maladie.

Inégalités territoriales

Permises par une loi de 2016, ces séances d’activité physique adaptée sont aujourd’hui prises en charge par certaines mutuelles, ou dans le cadre d’expérimentations, mais pas largement par l’Assurance maladie.

Dans le budget de la sécurité sociale adopté au début du mois, le gouvernement a finalement accepté d’étendre le dispositif aux patients traités pour un cancer, à titre expérimental et pour une durée de deux ans. Un geste moins généreux qu’initialement annoncé lors du débat au Parlement, lorsqu’il était question d’inclure les personnes atteintes de diabète.

« C’est déjà un premier pas très important » pour le Dr Brunner qui souligne aussi le rôle des Maisons sport-santé, créées en 2019 comme « point d’entrée » vers l’activité physique.

Le Dr Alexandre Feltz, adjoint à la mairie de Strasbourg, chargé de la santé publique et environnementale, rappelle les inégalités territoriales quant à l’accès au sport-santé : « Investir aujourd’hui » permettrait pourtant de « gagner demain », notamment sur les frais de santé et de médicaments, souligne-t-il.

Il faut aussi lever les freins des publics les plus éloignés du sport, selon Joris Petitmangin, directeur adjoint du Cros Grand Est. Comme la peur de se blesser, le manque de temps ou encore le frein financier. Pour y remédier, certaines associations proposent des cotisations annuelles à 50 euros.