Timothy Martin, n° 2 des espoirs depuis plusieurs mois et invité surprise chez les A en novembre, a joué son premier match pro, dimanche 20 décembre , avec Virton. Et a été brillant.
Virton, lanterne rouge de D2 belge, se déplaçait dimanche à Westerlo, leader au classement. Ce fut un attaque-défense durant lequel Martin, encore un illustre inconnu au pays (son seul match sous le maillot des Roud Léiwen, en espoirs, a consisté en un remplacement lors d’un match en Suède), a été décisif.
Multipliant les parades, même lorsqu’il était masqué, l’ancien gardien de but n° 3 de Nîmes n’a craqué que dans les arrêts de jeu. Une bonne occasion de s’enthousiasmer : même si ce n’était que pour remplacer le n° 1, Anthony Sadin, ce n’est pas tous les jours qu’un gardien de but luxembourgeois joue un match pro.
Un attaque-défense, c’est idéal pour un premier match professionnel?
Timothy Martin : Ça dépend comment on le prend. Un match aussi compliqué, après tout, c’est idéal pour montrer de quoi on est capable, même quand on est très jeune. Bien sûr, on pourrait préférer quelque chose de plus calme, mais non, pour moi, que Westerlo ait eu plein d’occasions, c’était idéal parce que j’ai montré que, malgré mon âge, je pouvais aider. En fait, dans ce genre de rencontres, tu peux montrer que tu as déjà de la maturité. Votre staff et vos dirigeants ont beau vous connaître, montrer ce genre de choses à l’entraînement ou en match, ce n’est pas la même chose. Maintenant, j’ai l’impression qu’on me connaît un peu mieux. Parce qu’il faut du caractère pour jouer contre le premier et en plus en déplacement.
On dit souvent que pour lancer une carrière de gardien, il faut parfois aussi avoir cette chance d’une blessure ou d’une suspension du numéro 1. Pour vous, c’était ce dimanche?
C’est tôt pour en parler parce que ce n’est tout simplement pas moi qui décide. Si c’était moi qui décidais, bien sûr que je prendrais la place de n° 1. Quand tu es jeune, c’est la place que tu veux. Me retrouver dans un match pro, c’était un rêve pour lequel je travaillais depuis quinze ans. Et hier, j’ai prouvé des choses, j’ai montré que j’étais là. Mais Sadin (NDLR : le numéro 1) et moi, on a une belle complicité. C’est un peu comme mon grand frère. Avant le match, il m’a conseillé de rester calme.
Est-il blessé pour longtemps?
Il est touché à l’épaule, mais rien de grave, il sera là pour la reprise.
C’est dommage non, cette grosse coupure qui s’annonce. Vous auriez pu enchaîner, mais Virton ne rejouera pas avant la fin janvier…
Bien sûr que j’aurais aimé enchaîner. À mon âge, je veux jouer, jouer et jouer. Mais je ne dois pas me comporter en égoïste : cette pause hivernale arrive au bon moment pour le groupe, qui a besoin de reprendre de l’énergie auprès des familles, de retrouver de bonnes ondes. On mérite d’avoir des vacances.
Pour mieux vous retrouver en sélection nationale A au mois de mars?
Ça a été une surprise d’être appelé. Depuis, je suis en contact régulier avec Rui Duarte (NDLR : l’entraîneur des gardiens de la FLF). Il m’a dit que le travail paye toujours. Alors au sélectionneur de voir si je fais un bon travail. Maintenant qu’il me connaît, j’espère y être encore.
Si j’avais eu une statue? L’endroit idéal, ça aurait été devant le centre d’entraînement!
Vos principaux concurrents, dans votre catégorie d’âge, s’appellent Tim Kips et Lucas Fox. Le premier joue peu à Erzgebirge, le second cherche encore un club. Faire les bons choix, quand on a 20 ans, c’est crucial?
Exactement! Les choix qu’on fait maintenant sont cruciaux! Ce sont les plus importants. Il ne faut pas se tromper et j’ai bien réfléchi avant de me décider à quitter Nîmes pour revenir à Virton. Il fallait suivre son cœur et je l’ai suivi : à Virton, on me proposait un challenge, un défi et ça m’a donné envie.
Que devez-vous travailler pour aller plus vite que le reste de vos concurrents?
Un peu tout. Pour prendre de l’avance, je dois travailler encore, encore et encore. Mais on est encore jeunes.
Assez pour, quand on est gaumais et international luxembourgeois, idolâtrer Anthony Moris?
Je ne le connais pas personnellement, mais il reste un gardien que je regarde énormément. Et ce qu’il réalise en ce moment est incroyable. Pour moi, il est tout simplement le meilleur gardien de la Jupiler Pro League. Il est beau à voir jouer. C’est un exemple.
« Si Virton l’avait emporté, il aurait fallu lui ériger une statue », ont écrit nos confrères de La Meuse. Pas mal pour un premier match pro.
(Il sourit) C’est sympa, ça fait plaisir. Comme cela m’a fait plaisir de lire les messages des supporters sur les réseaux sociaux. Ça fait chaud au cœur.
On l’aurait installée où, cette statue?
(Il rit) L’endroit idéal, ça aurait été devant le centre d’entraînement! C’est là où j’ai grandi, là où, grâce au club, j’ai réussi à jouer des clubs comme Anderlecht, La Gantoise, etc. Oui, ça aurait été bien juste devant.
Entretien réalisé par Julien Mollereau