Pendant que les dames du RFCU disputaient un 2e tour de C1 en Albanie la semaine dernière, l’ex-Racingman Eric Veiga poursuivait sa découverte de la D1 locale.
La semaine dernière, les dames du Racing ont foulé deux fois la pelouse du stade Loro-Boriçi de Shköder en Ligue des champions*, et un ancien de la maison, Eric Veiga, devrait en faire autant cette saison. Passé durant sa formation par le RFCU avant de partir à 16 ans achever celle-ci, puis lancer sa carrière pro en Allemagne (à Leverkusen, 2013-2015 puis à Brunswick, 2015-2019), c’est contre toute attente sur l’Albanie que l’international luxembourgeois aux 8 sélections a mis le cap, mi-août, à l’heure de refermer son quinquennat portugais (au CD Aves, à Vilafranquense puis à AVS Futebol).
Le latéral gauche s’est engagé avec le FC Flamurtari Vlora, fraîchement promu en D1 locale, laquelle compte seulement dix clubs, qui s’affrontent quatre fois par saison, hors play-offs titre, d’où les deux possibles futures venues de Veiga à Shkodër pour y défier le Vllaznia, vice-champion d’Albanie sortant. En 2022, le champion en titre, le KF Tirana, avait été éliminé au 1er tour de la Ligue des champions par le F91. Aussi le choix du gaucher a-t-il de quoi interroger, la Kategoria Superiore (le nom de la 1re division albanaise) n’étant que 44e (sur 55) à l’indice UEFA, quand la BGL Ligue pointe au 49e rang.
Contrats pros, engouement, médiatisation et exposition
Y a-t-il une si grande différence de niveau entre les deux championnats? Veiga n’aurait-il pas pu envisager un retour au pays, même bref, comme Olivier Thill, repassé quelques semaines par le Progrès cet été avant de s’engager avec l’IMT Belgrade (D1 serbe) en fin de mercato? «Clairement, il y a plus d’intérêt à aller en D1 albanaise que revenir au Luxembourg, estime le milieu hostertois Mathieu Leroux, passé en 2023/2024 par le KS Lushnja, club de D2 locale avec lequel il a affronté plusieurs formations de l’élite, en Coupe ou en match amical. Tous les clubs de D1 albanaise peuvent jouer en BGL facilement. Quelques clubs de D2 aussi.»
D1 ou D2, «tous les joueurs sont sous contrat pro», appuie Leroux, et les affluences les jours de matches, disputés dans «de beaux stades», sont incomparables avec celles de la BGL Ligue. Auteur d’une saison 2024/2025 aboutie avec le KF Tirana (13 buts en 36 matches) avant de signer un contrat de trois ans à Agadir, en D1 marocaine, l’ancien attaquant niederkornois Walid Jarmouni (25 ans) dit ainsi avoir joué «le plus gros match» de sa carrière lors du derby de la capitale entre Partizani et son ex-club, «avec 10 à 15 000 spectateurs et dans une ambiance de fou!» En 2e division, Leroux jouait, lui, «toujours devant 2 ou 3 000 personnes», Lushnja s’appuyant sur «l’une des meilleures fanbase du pays».
Cet engouement a un impact bénéfique, estime le milieu français : «le niveau du championnat est plus élevé, car tu joues plus sous pression.» Surtout, le football albanais, dont le niveau est «homogène», jouit d’une meilleure couverture médiatique, donc d’une meilleure exposition. «Tous les matches sont diffusés à la télé nationale, commentés en plateau, illustre Mathieu Leroux. Y compris les principales affiches de D2. Il y a souvent des gars qui signent en Italie, dans les pays du Golfe ou en Turquie après avoir fait une bonne saison.»
«C’est un bon championnat, qui peut permettre de rebondir dans de très bons clubs, abonde Walid Jarmouni. Quand je suis parti au Maroc, j’avais aussi des clubs de D1 polonaise, de Russie ou d’Ukraine qui étaient prêts à payer un transfert.» La Kategoria Superiore se révèle aussi être un «bon championnat pour les salaires», poursuit l’avant-centre franco-marocain, qui a «triplé» son salaire en rejoignant le KF Tirana, où ses émoluments avoisinaient les 8 000 euros mensuels.
Flamurtari, bientôt partenaire du Real?
En D2, Leroux n’était naturellement pas aussi bien loti, mais il était nourri, logé, blanchi par son club. Surtout, il était payé en temps et en heure, ce qui n’est pas le cas de tous les joueurs locaux. «L’Albanie, c’est quitte ou double, prévient Jarmouni. Si tu joues et que tu es performant, tout se passe bien. Si pas, ça peut devenir très compliqué, car, à part les stades, les infrastructures, ce n’est pas facile, et les salaires sont tout le temps payés en retard. Encore plus pour ceux qui ne jouent pas…»
«Dans certains clubs, c’est vraiment compliqué niveau salaires, complète Leroux. À part les gros comme Egnatia, Partizani ou Elbasani, certains clubs vont avoir des mois de retard, ne pas payer pendant trois ou quatre mois puis tout régulariser d’un coup.» Ce qui fût d’ailleurs, selon lui, le cas du KF Tirana durant son passage en Albanie. Mais à Flamurtari, Veiga est a priori à l’abri de telles déconvenues. «C’est une bonne équipe, qui ne redescendra pas, estime le n° 26 hostertois. C’est un club bien structuré, avec un bon petit stade (récemment rénové) et un bon président.» Et, bientôt, une académie chapeautée par le Real Madrid?
C’est ce qu’affirme, depuis quelque temps, la presse sportive locale. Profitant d’une visite officielle en Espagne, le Premier ministre albanais Edi Rama aurait noué des liens avec Florentino Perez, le président du club madrilène, et posé les bases d’un projet qui permettrait à Flamurtari de bénéficier du savoir-faire du Real en matière de formation. Montant total de l’opération : 20 millions d’euros, intégralement financés par… Sinan Idrizi, le président du club basé à Vlora. Plutôt rassurant, pour Veiga, d’autant que le latéral gauche a disputé les deux premières journées de championnat en intégralité.
*Pour deux défaites, à l’occasion du 2e tour de la compétition, face aux Hongroises de Ferencvaros (3-0 en demi-finale) puis aux hôtes albanaises du Vllaznia (défaite 3-1 en match pour la 3e place)