La 17e journée de D2 belge mettait aux prises deux internationaux luxembourgeois, un temps adversaires directs au stade Robert-Urbain de Boussu, où aucun but n’a été marqué : le Francs Borains d’Alessio Curci et le Beveren de Laurent Jans.
Voir une équipe remonter un handicap de cinq buts est un scénario rarissime, mais c’est bien ce défi qu’ont eu à relever les Francs Borains… avant leur match de la 17e journée de D2 belge face à Beveren, samedi. À moins d’une demi-heure du coup d’envoi, prévu à 20 h, le stade Robert-Urbain était en effet plongé dans le noir, faisant planer sur le RFB le spectre d’une défaite 0-5 sur tapis vert si le courant n’était pas rétabli avant 20 h 30. Mais malgré une seconde coupure qui a de nouveau retardé l’entrée du public, la lumière fut à Boussu, permettant la tenue d’une rencontre dont l’une des curiosités était ce match dans le match entre deux Rout Léiwen, Alessio Curci chez les Francs Borains et Laurent Jans côté Beveren.
Les deux hommes étaient titulaires, samedi, à un poste de latéral droit très offensif pour le second, et dans un rôle désormais habituel de milieu droit pour le premier. Avant-centre de formation, Curci a été replacé dans un couloir début octobre par Sébastien Grandjean (ex-Jeunesse, F91, Fola), juste avant son remplacement par Hicham El Alaoui (le frère du coach de Rodange, Mehdi), lui-même remplacé mi-novembre, juste après la claque reçue à… Beveren (4-0, 11e journée), par Karim Belhocine, sans que le statut du n° 9 luxembourgeois n’en pâtisse.
Entre le 4-4-2 rigide du Français Belhocine et celui, plus mouvant, du Néerlandais Marink Reedijk, qui vire au 3-5-2 (avec un Jans en jambes prenant tout le couloir) en possession du ballon, ce duel entre le 14e et le 5e de Challenger Pro League offre deux interprétations différentes d’un même système… et du supportérisme. Si les visiteurs sont portés en parcage par quelques dizaines d’ultras dont certains, tout de noir vêtus, forment un bloc compact et sonore derrière le but situé à l’opposé de la buvette, les locaux bénéficient, eux, du soutien… d’une fanfare, laquelle enchaîne les tubes du grenier comme Rivers of Babylon, Tata Yoyo ou Voyage voyage. Ambiance carnavalesque en tribunes, moins sur le terrain.
Car le seul que ce répertoire désuet inspire vraiment en première mi-temps se nomme Anthony Limbombé. Sur son côté gauche, où un Alessio Curci discipliné, mais quelque peu emprunté vient souvent prếter main forte à son latéral, le n° 10 de Beveren fait quelques misères et se retrouve en position d’ouvrir le score, à la réception d’un coup franc qu’il avait lui-même obtenu (8e). Mais ce frisson sera le seul que les Lions, malgré leur supériorité technique et leur large domination territoriale, feront passer sur le but de Xavier Gies en 45 minutes.
Curci proche de marquerpuis de faire marquer
Dans un froid de canard et sur un bourbier assez révélateur des moyens des Francs Borains, plus petit budget de D2, et rendant «quasiment impossible le jeu en une touche», les équipiers de Laurent Jans, solide et assez actif dans son couloir, peinent à amener le danger face à des joueurs locaux tâchant d’évoluer en contre. C’est dans ce registre que Curci, pas assez disponible en première période, où il est notamment chargé de couvrir(!) sur les corners et les coups francs offensifs de son équipe, se retrouve à l’origine et la conclusion d’un centre de la gauche. Mais son bon appel et sa reprise du gauche sont anéantis par un défenseur flamand revenu in extremis (45+2).
Cette situation augure d’un second acte plus abouti pour le natif de Redange, passé à gauche après avoir provoqué l’expulsion d’Alexander Corryn à l’heure de jeu (jaune-rouge, 59e). «Avec notre infériorité numérique et la fatigue, il y avait des espaces sur les côtés», observe un Laurent Jans dès lors livré à lui-même et souvent en situation de «deux contre un» dans son couloir. Un décor idéal pour les «qualités de percussion» de Curci, auteur d’une belle différence dans la surface et d’une passe qui aurait été décisive si Corenthyn Lavie, servi face au but, n’avait pas dévissé (73e).
Entre cette petite chamaillerie (vite réglée par une sympathique accolade) avec son capitaine chez les Rout Léiwen – à qui il échappe sans que son centre en retrait ne trouve preneur (77e) – et sa sortie sous les applaudissements du stade Robert-Urbain (88e), Curci se mettra deux fois en situation de frappe. Mais la première, du droit, est facilement captée par Beau Reus (76e), quand sa reprise instantanée file à côté (83e). Aucun but ne sera donc marqué à Boussu, malgré la pression finale des joueurs locaux (0-0).
Meilleure défense de Challenger Pro League (15 buts concédés), Beveren (5e, 25 pts) signe ainsi une 4e clean sheet consécutive, la 7e sur les huit dernières journées. Mais manque une occasion de combler cet écart de dix points avec La Louvière (2e, 35 pts), promu virtuel tenu dans le même temps en échec par la réserve d’Anderlecht (13e, 14 pts), qui talonne toujours les Francs Borains (13e, 15 pts). Si «la tête du classement est très loin» pour Laurent Jans, le maintien l’est tout autant pour le RFB, qui compte quatre points d’avance (et un match de plus) sur l’unique relégable, Genk B.