Victorieuses de leur groupe au Mondial, « un signe fort », les Bleues ont hérité de l’adversaire le moins attendu pour les huitièmes de finale, le Maroc, un duel qu’elles aborderont mardi (13 h) avec des cadres reposées, une équipe type bien dessinée et des lacunes identifiées.
L’Allemagne évitée
Bien installées à Adélaïde après un début de tournoi essentiellement passé à Sydney, les Françaises ont suivi avec intérêt les rencontres de jeudi, en parallèle d’un dîner organisé en ville avec le staff. Et leur surprise a dû être de taille en voyant le Maroc, novice dans l’épreuve, obtenir une improbable qualification pour les 8es de finale… L’Allemagne, que la France n’a jamais battue en grande compétition, se présentait pourtant comme l’adversaire le plus probable – et le plus dangereux.
Mais les doubles championnes du monde (2003, 2007) ont pris la porte dès les poules, une surprise qui fera date.
Interrogée jeudi à l’hôtel des Bleues sur le possible adversaire, la milieu Sandie Toletti avait tout de même envisagé cet incroyable tirage. « Dans cette Coupe du monde, franchement, il y a tellement de surprises qu’on se dit que le Maroc peut faire quelque chose », avait glissé la joueuse du Real Madrid.
Le tableau s’ouvre totalement pour les Bleues avec la 72e nation mondiale sur leur chemin, avant un possible quart face au vainqueur d’Australie-Danemark.
Enfin à 100 %
Pour ce duel, les Bleues seront en confiance et reposées. La victoire assez large contre le Panama mercredi (6-3) a permis à l’encadrement de faire tourner, tout en concernant un maximum de joueuses. Les plus anciennes, comme Eugénie Le Sommer (34 ans) et Wendie Renard (33 ans), auront même eu dix jours entre France-Brésil (2-1), le 29 juillet à Brisbane, et France-Maroc.
La capitaine des Bleues, décisive contre les Brésiliennes, a ainsi pu soigner son mollet gauche, fragilisé après le premier match contre la Jamaïque.
« Il n’y a pas beaucoup de nations qui pouvaient se permettre cela. C’est très positif », a souligné la vice-capitaine Grace Geyoro, elle aussi reposée dès la mi-temps mercredi. « Cette première place est très importante. C’est un signe fort ». Autre paramètre à noter : les Bleues n’ont aucune suspension à déplorer en vue du huitième de finale.
Un France-Brésil comme référence
La France peut également capitaliser sur sa performance remarquée face à la Seleçao en vue de la phase finale.
« J’avais changé un peu de ton contre le Brésil, on va garder le même ton. Maintenant, il n’y a plus de place pour l’approximation, là c’est la compétition, la vraie, celle qui permet d’aller très loin ou celle qui vous met devant le fait accompli », a prévenu le sélectionneur Hervé Renard mercredi.
Peu satisfait de l’entrée en jeu des remplaçantes mercredi, Renard a toutes les chances de reconduire le onze qui a brillé face au Brésil, avec une charnière Maëlle Lakrar – Wendie Renard et une attaque Kadidiatou Diani – Eugénie Le Sommer.
Les deux attaquantes – et futures partenaires à Lyon – sont libérées : elles ont marqué toutes les deux, Le Sommer face au Brésil et Diani face au Panama (un triplé).
Remplaçantes piquées et intensité à relever
Au moment de tirer le bilan de la phase de groupes des Françaises, plusieurs carences se dégagent, à commencer par la profondeur de banc.
La seconde période contre le Panama, avec deux buts encaissés et une petite frayeur sur la fin de match, a montré que les Bleues pouvaient « liquéfier tous les acquis à tout moment », a remarqué Hervé Renard. « On a senti qu’on perdait le fil, parce que cela manquait aussi de leaders sur le terrain ».
Si la jeune Vicki Becho a gagné des points comme joker de luxe, les autres remplaçantes semblent partir de plus loin.
Hervé Renard a également noté que les coups de pied arrêtés « seront à revoir » en raison d’une certaine « fébrilité ». La même fébrilité parfois observée chez la gardienne Pauline Peyraud-Magnin, en quête d’une prestation référence.
Enfin, les Bleues devront insister sur « l’intensité » et « l’aspect athlétique », maîtres-mots de Renard dans le tournoi. Car à chaque fois qu’elles ont desserré l’étreinte, elles l’ont payé cash. L’Allemagne elle-même en a fait les frais.