Déjà exilée à Bruxelles, puis Louvain, l’Union Saint-Gilloise d’Anthony Moris recevra ce soir l’Union Berlin à… Anderlecht, dans le stade de son club rival.
C’est Anthony Moris qui, dans un sourire, a le mieux résumé la chose : les joueurs saint-gillois ne sont ni plus ni moins cette saison que «les SDF de l’Europe». Pensez-donc : même le Shakhtar Donetsk, forcé par les différents conflits à fuir son Donbass d’origine pour jouer à Lviv, Kharkiv ou Kiev ces dernières années, aura connu cette saison plus de stabilité, si l’on peut dire, que l’Union.
Les Ukrainiens n’ont en effet «que» deux points d’attache : Lviv, à l’ouest de l’Ukraine, pour leurs matches à domicile de Premier Liga, et la Pepsi Arena de Varsovie (Pologne), où ils «reçoivent» en Coupe d’Europe. Déjà contrainte entre 2016 et 2018 de s’exiler au stade Roi Baudouin de Bruxelles (théâtre des matches de la sélection belge) durant les travaux de rénovation de son stade Joseph-Marien, l’Union Saint-Gilloise s’apprête à consommer son troisième stade cette saison.
Si le parc Duden (le nom du parc où le Marien est situé), pas aux normes UEFA, reste son antre attitré en Jupiler Pro League, c’est à 30 kilomètres à l’est de celui-ci, au stade Den Dreef de Louvain, que l’USG a renoué avec l’Europe. Après y avoir accueilli les Glasgow Rangers en 3e tour préliminaire de Ligue des champions, puis Malmö, Braga et l’Union Berlin en phase de groupes de la Ligue Europa, elle retrouvera ce soir les Berlinois en huitièmes de finale retour au Lotto Park… d’Anderlecht.
Chez son rival bruxellois, donc. Un déménagement décidé avant le tirage au sort des huitièmes, au cas où un grand nom type Juventus Turin ou Manchester United sortirait des boules tirées par l’UEFA, l’enceinte située en bordure du Parc Astrid étant deux fois plus grande que le Den Dreef (21 500 places, contre 10 020), donc plus à même d’accueillir une telle affiche.
Des ultras de l’USG vers un boycott?
Y compris en matière de sécurité, «avec la zone de police de Bruxelles-Midi qui a l’habitude des matches européens», précise Maarten Verdoodt, le responsable communication du club, à nos confrères belges de La DH Les Sports+. Pas anodin, quand on sait que 1 000 supporters adverses sont attendus au Lotto Park, dont les deux blocs habituellement dévolus aux kops locaux derrière les buts seront fermés et la capacité du parcage visiteurs, doublée par précaution, pour anticiper un éventuel débarquement de fans allemands non munis de tickets.
Si un afflux d’ultras anderlechtois désireux d’en découdre n’est pas non plus à exclure, quand bien même la sécurité de l’Union n’a «pas de signal laissant entendre cela», quelques dizaines d’Union Bhoys, la frange la plus fervente – et bruyante – des supporters saint-gillois, devraient boycotter l’événement, en guise de protestation contre cet exil chez l’«ennemi» et contre la communication du club, qui ne les a pas consultés et les a mis devant le fait accompli.
Mais pour Anthony Moris, «c’est une belle affiche pour l’Union, donc peu importe où cela se joue. J’espère que tous nos fans répondront présents.» Il va bien falloir que ceux-ci s’y fassent, de toute façon : en cas de qualification historique pour les quarts de finale, l’USG recevra encore au parc Astrid. Avant, peut-être, de migrer la saison prochaine à… Waregem, à près de cent bornes de Saint-Gilles, l’une des (curieuses) pistes explorées par la direction du club pour les probables matches européens de 2023/2024. De vrais artistes en tournée !
Affluence record et qualif historique ?
C1, C2 (la défunte Coupe des coupes, stoppée en 1999), C3 et C4 (la toute nouvelle Conference League) confondues, et sans compter la Supercoupe d’Europe ou la Coupe des villes de foire (l’ancêtre de cette C3), dont l’USG a disputé la demi-finale en 1960 et que plusieurs clubs encore en lice (dont Ferencvaros) ont jadis remportée, les 16 candidats à la victoire finale en Ligue Europa cumulent 25 sacres continentaux et 21 finales européennes perdues.
Sur ces 16 équipes, 13 ont ainsi déjà disputé au moins un quart de finale continental. Les trois néophytes ? Fribourg et… l’Union Saint-Gilloise et l’Union Berlin, qui visent toutes deux leur premier quart. Pour l’occasion, l’USG sera portée par au moins 12 000 supporters (sur les 15 000 billets en vente), soit sa plus grosse affluence, elle dont le stade Marien compte 9 400 sièges et qui n’a jamais passé la barre des 10 000 à Louvain). On fête ça avec une qualification historique ?