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[Football] Les Luxembourgeois à l’étranger : Tim Hall découvre le Vietnam


Il faut jouer en manche courte si on ne veut pas trop souffrir de la chaleur. (photo Hanoi FC)

Recruté par le Hanoï FC, Tim Hall est désormais au Vietnam, son neuvième pays en tant que footballeur. Une sacrée claque.

Comment se retrouve-t-on en V-League 1 ?

Tim Hall : Via un partenaire de mon agent, qui m’avait contacté en novembre alors que je commençais à en avoir marre de Ujpest, où la vente du club créait beaucoup trop de problèmes. J’ai vécu leur proposition de prolongation de contrat comme un manque de respect puisqu’on me proposait seulement 500 euros d’augmentation.

Je n’ai plus 18 ans. J’y allais pour m’imposer et c’est ce que j’ai fait et on me propose quelque chose d’indigne. J’ai entendu dire qu’au Luxembourg, on racontait que le contrat avait été cassé des deux côtés, mais non, ce n’est pas le cas : en novembre, ils voulaient encore me bloquer. Puis ne me laisser partir que pour 500 000 euros, ce qui était hors de question. Alors quand l’offre de Hanoï est arrivée, j’ai commencé à me battre pour arriver à me libérer.

Bon, à quoi ça ressemble, la vie là-bas, dans ce football vietnamien ?

C’est un championnat où l’on a droit à quatre étrangers par club, mais où seulement trois peuvent se trouver sur la feuille de match. Donc je suis en concurrence directe avec deux Brésiliens et un Camerounais, qui vivent tous dans la même tour que moi. Vous savez, les tours modernes, là.

Mais sur le dernier match, j’ai facilité le choix au coach : j’ai attrapé un gros virus, l’influenza B, je crois. Le dernier match, j’ai dû sortir parce que j’avais 39° de fièvre et j’ai fait trois jours à 40° derrière. Mais je ne sais pas ce que le coach fera quand nous serons tous en forme. Cela dépendra sûrement de l’adversaire.

On me proposait 500 euros de plus, c’est un manque de respect. Je n’ai plus 18 ans

Quel est le niveau de ce football?

J’ai été surpris positivement. Je ne pensais pas que ce serait bon. Mais dans notre équipe, c’est un coach japonais, avec un football assez moderne, très technique, à l’aise dans les petits espaces. Bon, les autres équipes jouent beaucoup par longs ballons en direction de leurs deux ou trois Brésiliens qui jouent devant. Mais nous, c’est très propre. Et c’est bien le problème : on a une philosophie de jeu, mais dans les trente derniers mètres, offensif et défensif – mais surtout offensif –, ce n’est pas encore ça. On a beaucoup de possession, mais on ne marque pas. La semaine dernière, le leader, Nam Dinh, on l’a tué dans le jeu, on a eu plein d’opportunités, mais on a perdu (1-2).

Quel est l’objectif de la fin de saison ?

On est le plus grand club du Vietnam. Le club a gagné six titres de champion depuis sa création en 2006. Tout le monde nous chasse, mais cette année, c’est encore plus compliqué, car ils ont joué la Ligue des champions asiatiques en début de saison, avec plein de semaines anglaises, ce qui leur a fait perdre des points. On va encore essayer de gagner la Coupe parce que pour faire champion, ce sera compliqué. J’aimerais bien qu’on joue une Coupe d’Asie, ça ferait une ligne de plus à mon CV. Mais je prends tout comme ça vient désormais, mais on verra bien où je serai dans quatre à six mois.

Peut-être prématurément usé par le climat ?

Ah oui, ça, c’est le plus dur. La chaleur plus l’humidité. Cela m’a pris trois semaines pour m’adapter. Dimanche dernier, la journée, il faisait 36 °C sur Hanoï. Au coup d’envoi, c’était encore 31. Mais avec l’humidité, c’est comme si, chez nous, il faisait 36. L’humidité, c’est incroyable. À la fin de l’échauffement, tu es trempé et tu dois te changer avant de commencer le match. Il faut vraiment doser les efforts.

Ce n’est jamais cool d’entendre que j’ai déjà fréquenté autant de pays parce que ça me dit que j’ai fait de mauvais choix

Impossible de jouer à fond ?

Même pour les Vietnamiens, c’est difficile. Eux aussi sont dans la gestion. Et en deuxième mi-temps, ils lèvent déjà le pied. En Europe, on parle souvent de pressing haut sur les quinze ou vingt premières minutes de jeu, mais très vite, au Vietnam, quand tu demandes ça, tu as toujours deux à trois joueurs qui ne suivent plus. Je ne sais pas comment mon corps supportera, mais je tente le coup. Si ça va, tant mieux, si ça ne va pas, eh bien…

C’est de loin le challenge le plus exotique de tous ceux que vous vous êtes déjà offerts, entre l’Allemagne, la Belgique, l’Ukraine, le Portugal, la Pologne, Chypre et la Hongrie…

Ce n’est jamais cool d’entendre que j’ai déjà fréquenté autant de pays parce que ça me dit que j’ai fait de mauvais choix. Et les gens ont fatalement tendance à oublier que j’ai eu pas mal de malchance dans tout ça. J’ai vécu deux faillites, au Lierse et à Lviv, eu le covid pendant trois mois à Gil Vicente, eu un coach cinglé au Wisla Cracovie… Au bout d’un moment, j’en ai eu marre de baser toutes mes décisions sur le sportif et de voir que ça ne marchait pas. Donc là, cela ressemble à un choix un peu spécial, mais j’ai suivi une autre logique. En pensant avant tout à moi. Mais je me rends compte que beaucoup de personnes pensent que j’ai le temps de visiter, mais ce n’est pas du tout l’idée. Je ne suis pas là pour faire n’importe quoi !