Deux triplés européens en deux semaines : cette performance, digne de Lionel Messi ou Cristiano Ronaldo, est l’oeuvre du Lillois Yusuf Yazici, héros de l’exploit réussi jeudi à Milan (3-0) et symbole d’un LOSC décomplexé qui entrevoit les 16es de finale de Ligue Europa.
Quatorze jours après avoir puni le Sparta Prague (4-1) pour l’entrée en lice de Lille sur la scène continentale, le joueur au catogan a récidivé à San Siro en terrassant l’AC Milan de Zlatan Ibrahimovic avec trois nouveaux buts.
Et pourtant Yazici n’est que rarement titulaire en Ligue 1, où les Dogues de Christophe Galtier sont toujours invaincus et pointent à la deuxième place, à deux longueurs du leader, le Paris SG…
Arrivé dans le Nord en août 2019 avec le lourd bagage d’être la recrue la plus chère de l’histoire du club, record battu peu après par le Portugais Renato Sanches, l’ancien joueur de Trabzonspor a connu une première saison très difficile à Lille entre performances moyennes et rupture du ligament croisé antérieur du genou droit juste avant Noël.
« J’ai eu beaucoup de discussions avec Yusuf en début de saison pour expliquer qu’on ne revient pas facilement d’une grave blessure, surtout après une longue coupure sans entraînement. Il a beaucoup travaillé, il a été arrêté dans son élan, dans sa détermination. C’est un joueur qui était frustré car il a beaucoup de caractère », expliquait Galtier après le succès à Prague.
Yilmaz, le « grand frère »
Yazici, déçu de ne pas jouer assez à son goût, a parfois montré des signes d’impatience. Mais sans jamais remettre en cause publiquement les choix de son coach.
« J’ai eu des discussions parfois apaisantes, parfois engagées. Mais je lui ai toujours dit que c’était un joueur important sur lequel je comptais énormément car il avait des caractéristiques que les autres n’avaient pas », détaillait le technicien nordiste.
Avec déjà 24 sélections avec la Turquie à son actif à seulement 23 ans, Yazici est devenu incontournable dans son pays. Et l’arrivée à Lille cet été de Burak Yilmaz, capitaine en équipe nationale, a semblé libérer le joueur polyvalent, qui peut évoluer en meneur de jeu, sur un côté ou comme attaquant.
« Le fait que Zeki (Celik, la défenseur turc) soit resté et l’arrivée de Burak, qui est comme un grand frère, a été très bénéfique. Il a beaucoup d’expérience et il est très écouté et respecté », souligne Galtier.
« C’est exactement ce qu’il lui fallait », prédisait Yilmaz après le triplé de son compatriote à Prague. « Il a connu une blessure, il essayait de bien revenir et il a fait un très bon retour. C’est exactement ce dont il avait besoin pour retrouver confiance en lui. »
Lille a bien grandi
Désormais, Galtier aura bien du mal à se passer de Yazici dans son onze de départ, même si l’enchaînement des matches incite le technicien à la prudence.
Et le parcours du LOSC lui donne raison avec des bons résultats malgré les changements opérés et aucune blessure à déplorer malgré un rythme infernal.
À l’image de Jonathan Bamba, transfiguré et décisif cette saison (déjà 4 buts et 4 passes décisives en L1) ou de l’exemplaire capitaine José Fonte, revenu lui aussi à son meilleur, Lille détonne cet automne. Et la voie vers un printemps européen semble dégagé: avec sept points dans le groupe H de la Ligue Europa, et quatre longueurs d’avance sur le Sparta Prague (3e, 3 pts), les Nordistes sont lancés vers les 16es de finale de l’épreuve.
Et dire qu’il y a tout juste un an, les Dogues étaient déjà éliminés de la Ligue des champions après avoir pris seulement un point en quatre rencontres, et ils pointaient au cinquième rang en championnat car ils peinaient à enchaîner L1 et C1…
Certes, la route est encore longue, mais assurément, le LOSC a bien grandi. De quoi viser haut cette année ?
LQ/AFP