Accueil | Sport international | [Football] La menace de l’écran noir plane toujours sur le Mondial féminin

[Football] La menace de l’écran noir plane toujours sur le Mondial féminin


À soixante jours du Mondial féminin, l’imbroglio entre la Fifa et les diffuseurs dans plusieurs pays européens dont la France se poursuit et les négociations s’enlisent faute d’accord financier, menaçant la diffusion de la compétition.

La Fifa, organisatrice de l’édition en Australie et Nouvelle-Zélande du 20 juillet au 20 août, le répète depuis des mois : elle ne veut pas brader sa compétition et juge les propositions encore insuffisantes.

« Si les offres continuent à ne pas être équitables (envers les femmes et le football féminin), nous serons contraints de ne pas diffuser la Coupe du monde féminine de la FIFA dans les +cinq grands+ pays européens », a lancé le président de l’instance, Gianni Infantino, début mai sur Instagram.

« Les offres des diffuseurs, principalement dans les cinq grands pays européens, sont toujours très décevantes et tout simplement inacceptables », a insisté le dirigeant suisse, évoquant l’Allemagne, l’Espagne, la France, l’Italie et le Royaume-Uni. Or, a-t-il poursuivi, « nous avons l’obligation morale et juridique de ne pas sous-estimer la valeur de la Coupe du monde féminine ».

Un à 10 millions de dollars

L’enjeu est d’autant plus important pour l’organe de gouvernance mondiale du ballon rond que les revenus générés par les droits médias du Mondial seront réinvestis à 100% dans le développement du football féminin, assure une source proche de l’instance.

« Pour développer le foot féminin, c’est nécessaire de recevoir plus d’argent, même si ce n’est rien par rapport aux hommes », souligne-t-elle.

Contrairement aux États-Unis, au Canada, au Brésil ou aux Pays-Bas, la situation reste bloquée en Allemagne, en Italie, Espagne et en France, même si les « négociations se poursuivent » entre les diffuseurs de ces pays et la Fifa, selon cette source, « optimiste » sur l’issue car il reste « du temps ».

À ce stade, un accord a été signé dans 155 pays.

« Alors que les diffuseurs paient 100 à 200 millions de dollars pour la Coupe du monde de la FIFA masculine, ils n’offrent que 1 à 10 millions de dollars pour la Coupe du monde de la FIFA féminine. C’est une gifle pour toutes les grandes joueuses de la Coupe du monde féminine de la FIFA et, en fait, pour toutes les femmes du monde », a fustigé Infantino.

Ce manque d’intérêt tiendrait avant tout à la zone géographique de la compétition, organisée pour la première fois en Océanie, et donc au décalage horaire, qui refroidit les chaînes (les matches de l’équipe de France lors de la phase de poules débuteront ainsi à midi, les demi-finales et la finale entre 10h et midi, heure de Paris).

Autre préoccupation pour les diffuseurs : la compétition se tient au cœur de l’été, plus tardivement que d’habitude (l’été dernier, la finale de l’Euro féminin, organisée en Angleterre, était programmée le 31 juillet, trois semaines plus tôt que la finale du Mondial à venir). Une période creuse en termes de revenus publicitaires.

« Marche arrière »

En France, après un appel d’offres non-concluant en juillet 2022, aucun accord n’a été trouvé, tout comme pour le championnat de D1 et les matches de la sélection féminine couvrant la période 2023-2027.

L’actuel diffuseur de la D1, Canal+, pourrait se positionner et investir pour la diffusion de la Coupe du monde et du championnat. Mais aucune avancée n’a filtré.

Un autre candidat, M6, a réitéré « sa volonté de diffuser » le Mondial mais « à un prix cohérent avec la décision de la Fifa d’organiser cette compétition au cœur de l’été à des horaires matinaux », a commenté sur Twitter Nicolas de Tavernost, le patron de la chaîne.

Pour éviter l’écran noir, la ministre des Sports, Amélie Oudéa-Castéra, a engagé des discussions avec la Fifa et a commencé à contacter « chacun des diffuseurs français pour contribuer à rapprocher les vues dans les semaines à venir ».

Selon un diffuseur potentiel, la Fifa « demande beaucoup d’argent pour quelque chose qui ne fera pas beaucoup d’audience », à cause du décalage horaire.

« Ce n’est pas un problème de diffuseurs, c’est un problème de la Fifa qui est trop +demandeuse+ dans les droits », a abondé sur BeIN Sports le nouveau sélectionneur des Bleues, Hervé Renard, se disant toutefois « sûr qu’un consensus va être trouvé ». « Maintenant, est-ce qu’on peut aujourd’hui tabler aussi haut pour le football féminin ? Je n’ai pas la réponse », a-t-il aussi relevé.

La capitaine française Wendie Renard a renvoyé la balle vers les « décisionnaires », exprimant son inquiétude : « Si on n’a pas de diffuseur, ça voudrait dire qu’on fait marche arrière » pour le foot féminin.