Les avocats de Hatice Cengiz, la fiancée du journaliste Jamal Khashoggi, assassiné fin 2018 dans le consulat d’Arabie saoudite à Istanbul, ont écrit mardi à la Premier League pour lui demander de s’opposer au rachat de Newcastle par un fonds d’investissement saoudien pour ne pas « ternir sa réputation ».
Khashoggi, un collaborateur du Washington Post et critique du régime saoudien après en avoir été proche, a été assassiné et son corps découpé en morceaux en octobre 2018 dans le consulat d’Arabie saoudite à Istanbul où il s’était rendu pour récupérer un document.
Le prince héritier Mohammed ben Salmane, dit « MBS » – qui dirige le Fonds public d’investissement (PIF) saoudien qui mène le consortium candidat au rachat des Magpies pour 300 millions de livres (345 millions d’euros) – avait été désigné par des responsables turcs et américains comme le commanditaire du meurtre. À l’issue d’un procès opaque en Arabie saoudite, cinq Saoudiens avaient été condamnés à mort l’an dernier.
Mais il y a un mois, la justice turque avait lancé des poursuites contre vingt personnes dont deux proches de MBS, l’ex-conseiller Saoud al-Qahtani et l’ancien numéro deux du renseignement, le général Ahmed al-Assiri, identifiés comme les commanditaires du meurtre. Dans leur lettre rendue publique, les avocats de Hatice Cengiz estiment que rejeter l’offre d’achat qui verrait le PIF prendre 80% du capital de Newcastle serait une « décision juste, appropriée et légitime ».
Une tentative de « blanchiment » derrière ce rachat ?
« Il ne devrait pas y avoir de place en Premier League et dans le football anglais pour quelqu’un d’impliqué dans des actes aussi abominables » que l’assassinat de Khashoggi, ajoutent-ils. « Le standing de la première division anglaise et du football anglais en général serait terni » si le feu vert était donné à « ceux qui cherchent à se blanchir et utiliser le football anglais pour améliorer leur image et cacher leurs méfaits ». L’ONG de protection des droits de l’homme Amnesty International avait déjà écrit à la Premier League la semaine dernière pour dénoncer une tentative de « blanchiment » derrière ce rachat.
La Premier League doit encore se prononcer sur l’offre et notamment vérifier que les acquéreurs potentiels remplissent ses critères par une série d’examens des actionnaires et des futurs dirigeants. Le gouvernement britannique, par la voix d’Oliver Dowden, le secrétaire d’État au Numérique, à la Culture, aux Médias et aux Sports, avait estimé la semaine dernière, qu’il revenait à la Premier League, et non au gouvernement, « de juger de la bonne moralité de quelqu’un ».
LQ/AFP