Lucy Bronze incarne mieux que quiconque la bravoure des Anglaises, demi-finalistes ce mardi soir contre l’Italie.
Quand le talent ne suffit pas aux Anglaises, reste la bravoure : personne ne l’a mieux incarnée que Lucy Bronze pour renverser un quart désespéré et propulser les Lionesses en demi-finale de l’Euro, ce soir (21 h) à Genève contre l’Italie.
Dans la rencontre la plus folle du tournoi, jeudi à Zurich, la latérale droite a sonné la révolte des championnes d’Europe face à la Suède, qui menait encore 2-0 à onze minutes du terme réglementaire.
Bronze a réduit le score de la tête (2-1, 79e), deux minutes avant l’égalisation de Michelle Agyemang (81e), puis a conclu d’un penalty rageur une séance de tirs au but irrespirable (2-2, t.a.b. 3-2). Dans l’intervalle, la doyenne des Lionesses (138 sélections et 20 buts en douze ans) s’était elle-même bandé la cuisse droite pendant que les rudes contacts de la prolongation occupaient les soigneurs, une attitude «de guerrière» soulignée par sa sélectionneuse Sarina Wiegman.
La défenseuse mesurait l’entrave que cette bande ultra-serrée allait représenter en cas de tirs au but, mais ne «s’attendait pas» à se présenter face à la portière Jennifer Falk, avec une pression maximale et peu d’expérience de l’exercice puisqu’elle n’avait «jamais tiré un penalty pour l’Angleterre».
Après un défilé de tireuses tétanisées (huit tentatives manquées sur 12), la latérale a expédié un missile en plein cœur de la cage, avant de laisser la jeune Smilla Holmberg dévisser l’ultime chance suédoise.
Pas passionnée mais «obsédée» par le foot
«Statistiquement, lors d’une séance de tirs au but, il est assez risqué pour une gardienne de rester immobile au centre», a calmement analysé cette fan de probabilités, dont la mère prof de maths se cachait les yeux en tribune. Indéfectible soutien de sa cadette depuis son enfance à Berwick-upon-Tweed, à quelques encablures de l’Écosse, Diane Bronze décrivait en 2020 une gamine si passionnée qu’elle «faisait des jongles dans la cuisine en préparant son thé».
Timide, insomniaque, gênée à l’école et dans ses relations sociales par un déficit de l’attention et un trouble du spectre autistique qui n’ont été diagnostiqués qu’à l’âge adulte, l’enfant s’épanouit d’emblée sur le pré, apaisée par la dépense physique.
«Je ne sais pas si je dirais que je suis passionnée, je suis obsédée. Cette hyperfocalisation sur le football, c’est l’effet de mon autisme», confiait-elle en 2021 à la BBC.
À 33 ans, la joueuse de Chelsea, passée par Liverpool, Manchester City, Lyon et Barcelone et qui a cumulé cinq Ligues des Champions et neuf championnats, s’éloigne certes de ses plus belles années, qui lui ont valu en 2020 le prix FIFA The Best.
Mais «avoir quelqu’un comme ça dans votre équipe donne tellement de force», expliquait vendredi l’avant-centre Alessia Russo dans un podcast dédié aux Lionesses. Assez pour aller au bout, comme en 2022?