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[Football] En Italie, le Calcio face à l’hypothèse d’une fin de partie


Cristiano Ronaldo finira-t-il la saison de Serie A au sprint ? (Photo : AFP)

Le football italien va-t-il renoncer à aller au terme de sa saison, vaincu par une pandémie qui a tué 28 000 personnes et mis l’économie à genoux ? La décision devrait être prise dans les prochains jours.

Officiellement, le monde du football est vent debout contre une telle hypothèse. La Ligue est parvenue à afficher l’union sacrée de ses vingt clubs de Serie A, surmontant les réticences du Torino et de Brescia, lanterne rouge du championnat mais aussi ville-martyre du coronavirus. Vendredi, la Ligue a organisé une vidéoconférence avec ses vingt clubs en amont d’une réunion le 8 mai de la fédération (FIGC) qui pourrait être décisive. Au cours de cette vidéoconférence, le président de la Ligue Paolo Dal Pino a réaffirmé « son ouverture à un dialogue avec le gouvernement dans une optique constructive de collaboration, obtenant sur cette position le plein accord de tous les clubs », selon un communiqué.

De son côté, le gouvernement italien a douché cette semaine les espoirs de reprise rapide, interdisant les entraînements avant au mieux le 18 mai. Avec douze journées restant à disputer et l’UEFA qui recommande la date limite de début août, « le sentier est de plus en plus étroit », a averti le ministre des Sports Vincenzo Spadafora. Le président de la FIGC, Gabriele Gravina, a affirmé qu’il ne « signerait jamais pour la fin des championnats », qui serait selon lui « la mort du football italien ».

400 millions d’euros de droits TV en jeu

La fédération estime que le football italien pourrait perdre 900 millions d’euros en droits TV, sponsors, billetterie, marketing. Selon le site spécialisé « Calcio e Finanza », un arrêt définitif remettrait directement en cause 400 millions d’euros de droits TV, dont une ultime tranche de 340 millions pour la saison en cours, qui devait être payée en mai. Un manque à gagner considérable pour un secteur qui affiche un chiffre d’affaires de 4,7 milliards d’euros, selon la fédération, emploie plus de 120 000 personnes et pèse 0,58% du PIB, selon l’hebdomadaire Panorama.

Mais le coup serait aussi douloureux pour les finances publiques puisque le foot professionnel verse trois milliards de contributions fiscales. La centaine de clubs professionnels représente 71% des impôts payés par l’ensemble du secteur sportif, selon Panorama. Dans ce contexte, plus qu’un défi au gouvernement, la phrase dramatique de Gabriele Gravina peut être interprétée comme une volonté de lui faire endosser la responsabilité d’un arrêt, s’offrant ainsi des arguments si diffuseurs et sponsors s’avisaient de remettre en cause leurs engagements.

Cette semaine, le président de la Ligue, qui représente le football professionnel, a répété la volonté des clubs de repartir mais uniquement si cela est « possible », « en respectant les normes et les protocoles sanitaires ». « Sinon, nous nous en tiendrons rigoureusement, comme nous l’avons toujours fait, aux décisions du gouvernement », a-t-il dit. Le pouvoir politique pourrait saisir la balle au bond. Le ministre des Sports a expliqué jeudi que si les conditions sanitaires d’une reprise n’étaient pas trouvées, « le gouvernement décrétera (…) la fin du championnat » en faisant en sorte que le football « subisse le moins de dommages possible ». Dans ce cas, « nous assumerions la responsabilité de la décision », a-t-il dit.

Une « finale » entre les deux leaders ?

Le gouvernement disposerait du soutien majoritaire d’une opinion traumatisée par la pandémie, notamment dans le Nord, place forte de poids lourds, Juventus Turin, Inter et AC Milan, Atalanta Bergame. Selon un récent sondage, deux Italiens sur trois seraient favorables à un arrêt. Si cette décision était prise, comment solder la saison ? Une « finale » entre les deux leaders, la Juventus et la Lazio Rome, a été évoquée.

Mais selon le Corriere dello Sport, l’hypothèse privilégiée serait une saison sans titre. Le classement établi le 9 mars, après le dernier match disputé, offrirait la qualification en Ligue des champions à la Juve, la Lazio, l’Inter et l’Atalanta Bergame. Brescia et la SPAL, l’équipe de Ferrare, seraient reléguées. « Difficile d’éviter le danger des recours » notamment par des clubs de Serie B en lice pour l’accession, « mais Gravina a bien l’intention de poursuivre sur cette voie », écrit le Corriere.

Parmi les grands championnats européens, seuls les Pays-Bas et la France ont définitivement arrêté leur saison. La Bundesliga pourrait reprendre à huis-clos « mi-mai ou fin mai ». Les entraînements ont repris en Espagne mais aucune date de reprise de la Liga n’a été évoquée. La Premier League travaille sur un projet de reprise le 8 juin dans des stades vides.

LQ/AFP