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[Football] Diacre dans la tempête, Le Graët intervient


Amandine Henry a fustigé le comportement de la sélectionneuse nationale dimanche soir. (photo AFP)

La salve de critiques adressées par la capitaine Amandine Henry envers Corinne Diacre a plombé encore davantage l’ambiance des Bleues à l’approche de la prochaine liste, dévoilée jeudi, et la situation semble s’enliser autour de la sélectionneuse.

Les crispations ont certes des sources diverses mais la cassure n’a jamais été aussi visible entre le vestiaire lyonnais et l’ancienne internationale de Soyaux (Charente), attendue jeudi matin pour l’annonce des joueuses retenues face à l’Autriche le 27 novembre et le Kazakhstan le 1er décembre en qualifications pour l’Euro-2022

Depuis son intronisation en 2017, la patronne des Bleues s’est brouillée avec la majorité des cadres qui forment l’ossature de l’OL et de la sélection : la gardienne Sarah Bouhaddi (qui s’est mise en retrait depuis l’été), la défenseure Wendie Renard, la milieu Henry et l’attaquante Eugénie Le Sommer, avec qui elle s’est réconciliée depuis.

Les stars multititrées de l’OL, habituées à avoir les coudées franches en club, se heurtent sous le maillot bleu au management jugé brutal de la sélectionneuse, partagées entre des sentiments contradictoires de « joie et crainte » lors des rassemblements, selon Henry.

Conflit larvé 

Non sélectionnée en octobre, en vertu de « critères sportifs » selon Diacre, la capitaine a été « choquée » par la façon elle a été prévenue la veille de la liste : « L’appel a duré quatorze, quinze secondes, je m’en rappellerai toute ma vie », a-t-elle relaté dimanche sur Canal+. L’épisode rappelle celui rapporté par Wendie Renard quand la nouvelle sélectionneuse, en 2017, annonce lui retirer le brassard. « Quatre ans de capitanat balayée en moins de cinq minutes », racontait la défenseure dans son livre Mon étoile.

À la sortie de l’ouvrage, en décembre 2019, Diacre a voulu sanctionner la joueuse mais elle s’est heurtée au refus de Noël Le Graët, qui avait jugé ensuite « pas très adroit » de revenir publiquement sur « des faits de vestiaire et du passé ». « J’aurais préféré qu’elle ne parle pas de cet épisode. (…) Surtout qu’aujourd’hui, les deux s’entendaient parfaitement bien », assurait alors le président de la fédération.

La gestion de ce conflit larvé n’a semble-t-il pas contribué à l’apaisement des esprits, et la pression est encore montée d’un cran après la sortie médiatique de la capitaine, trois mois après la mise en retrait de la gardienne n° 1 Bouhaddi (149 sélections), excédée par le « climat très, très négatif » chez les Bleues.

« Politique de l’autruche »

« La situation ne peut pas être pire », soupire Sonia Souid, l’agent de Henry qui en appelle directement à Le Graët : « Des joueuses importantes, et plusieurs, sont montés au créneau, il ne peut plus faire la politique de l’autruche. » Avant le choc contre l’Autriche, le 27 novembre en qualification à l’Euro, le président a appelé chaque partie à « faire un effort ». « Être en conflit avec les meilleures joueuses de France, ce n’est pas durable », a-t-il affirmé dimanche soir au quotidien L’Équipe.

Le dirigeant breton, après avoir conforté Diacre comme étant « la femme de la situation » au lendemain de l’élimination en quart de finale du Mondial-2019 à domicile face aux Etats-Unis (2-1), se retranche depuis derrière le bilan sportif de l’ancienne coach de Clermont (L2), invaincue depuis la Coupe du monde.

« Je préfère quelqu’un de rigide qui gagne des matches que quelqu’un de très souriant qui n’en gagne pas », a-t-il martelé dimanche. En octobre, l’intéressée elle-même rappelait opportunément avoir « le soutien de la fédération ». « J’ai des choix à faire, ils ne plaisent peut-être pas, d’autres feraient peut-être différemment. Mais ce rôle, il m’appartient », disait-elle face à la presse, glissant à l’occasion que son poste faisait « des jaloux ».

À moins d’une détérioration sur le plan sportif, l’hypothèse d’un limogeage de Diacre, sous contrat jusqu’en 2022, n’apparaît donc pas à l’ordre du jour. Soucieux de ne pas donner trop de pouvoir à des Lyonnaises qui, en club, peuvent décider de l’avenir de leur entraîneur, Le Graët peut par ailleurs difficilement nommer un nouveau sélectionneur à quatre mois des élections à la FFF, qu’il soit ou non candidat.

LQ/AFP