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[Football] Décès à 58 ans de Bruno Martini, ancien gardien des Bleus


L'ancien gardien a transmis son savoir à ses successeurs en équipe de France pendant plus de dix ans. (archives AFP)

Ancien gardien de l’équipe de France, « légende » de l’AJ Auxerre où cet homme discret et apprécié a effectué l’essentiel de sa carrière, Bruno Martini est mort à l’âge de 58 ans, a annoncé mardi Montpellier, son dernier club.

Son décès a donné lieu à de nombreux hommages unanimes, de la part des clubs français comme des personnalités du ballon rond. L’AJA s’est émue de la disparition de « l’un des plus grands gardiens de l’histoire du football français », une « véritable légende » en Bourgogne. « Le MHSC pleure l’un des siens », a réagi Montpellier, où Martini occupait le poste de directeur adjoint du centre de formation.

Victime d’un arrêt cardio-respiratoire, Martini s’était effondré en début de semaine passée en retournant à sa voiture après un entraînement et avait été évacué en soins intensifs au centre de réanimation du CHU de Montpellier.

Né à Nevers, il avait rejoint à 19 ans l’AJ Auxerre pour 14 saisons (dont deux en prêt à Nancy) et y avait pris la succession de Joël Bats, autre gardien emblématique du football tricolore.

Invincible à Auxerre

Il a fini aussi par remplacer son aîné en équipe de France, alignant 31 sélections entre 1987 et 1996, disputant l’Euro-1992 et restant sur le banc en 1996. Bruno Martini a également été champion d’Europe Espoirs en 1988 avec Laurent Blanc, Eric Cantona, Franck Passi ou Bernard Casoni.

En club, il ne compte qu’une Coupe de France à son palmarès, la première de l’AJA et de Guy Roux, remportée en 1994 contre Montpellier (3-0). Mais il a vécu d’autres moments historiques, comme son record d’invincibilité du 17 octobre 1987 au 20 février 1988 (aucun but encaissé durant 892 minutes), battu par Gaëtan Huard avec Bordeaux en 1992-1993 (1 176 minutes).

En Coupe d’Europe, son sommet a été la demi-finale de Coupe de l’UEFA à l’Abbé-Deschamps, perdue aux tirs au but contre le Borussia Dortmund (0-2/2-0, 5 t.a.b. à 6), en 1993. Avec les Bleus, il participe au Grand chelem des qualifications pour l’Euro-1992 : huit victoires en huit matches sous la direction de Michel Platini, devenu sélectionneur. Mais les Bleus quittent l’Euro suédois après le premier tour.

Après son long règne bourguignon, il a fini sa carrière à Montpellier (1995-1999).

Joueur d’échecs, grand lecteur

Pendant plus de dix ans, il a ensuite entraîné les gardiens de l’équipe de France (1999-2010) et, à ce titre, a été champion d’Europe 2000 et vice-champion du monde 2006.

A la Direction technique nationale (DTN), il a également travaillé à la mise en place de la formation des gardiens de haut niveau.

Puis il est revenu à Montpellier, où ce titulaire du diplôme d’entraîneur a assuré au côté de Pascal Baills un court intérim à la tête de l’équipe première, après la démission de Rolland Courbis en décembre 2015 et avant la nomination de Frédéric Hantz fin janvier 2016.

Réputé pour sa grande discrétion, celui qui vivait à La Grande-Motte au bord de la mer, près de Montpellier, était un personnage singulier du foot des années 1990. Joueur d’échecs, amateur de lecture (il évoquait Goethe, Gide, Céline ou Montherlant), il préférait également les grands anciens en musique, citant « Mozart, Wagner, Bach mais, surtout, Haendel ».

Il était également classique à son poste, excellent sur sa ligne, peu enclin à sortir et jouer au pied comme le font les gardiens aujourd’hui.

Martini a failli ne pas devenir footballeur. Major du concours pour devenir prof d’éducation physique, il n’a pas pu le valider car il a raté son bac D. Repéré par Guy Roux à l’AJA, il a été prêté à Nancy pour s’aguerrir. Il a remplacé Jean-Michel Moutier sur une blessure, et quand le grand ami de Platini a été guéri, la cage était tenue pour de bon par le jeune Martini.

C’était le début d’une grande carrière dans le foot français, qui s’est éteinte un soir d’octobre.

LQ/AFP