[Football] Coupe d’Allemagne : Sarrebruck, « plus grande sensation depuis la naissance du Christ »

Pour la première fois de l’histoire, un club de quatrième division, le FC Sarrebruck, va jouer mardi (20h45) une demi-finale de Coupe d’Allemagne, contre le puissant Bayer Leverkusen… Un conte de fées pour cette équipe amateur, trois mois après son dernier match en compétition !

Comme les pros : l’effectif de Sarrebruck a été contraint de se mettre en quarantaine à l’hôtel pendant sept jours, depuis mercredi dernier, pour prévenir tout risque de contamination au coronavirus. À l’instar des équipes de Bundesliga qui s’étaient isolées avant la reprise en mai. Et comme les pros encore : le club basé près de la frontière française jouera son match à domicile à huis clos. Un crève-cœur pour une formation qui doit largement à son public son accession à ce stade de la compétition, après avoir éliminé deux équipes de première division : Cologne (3-2 en 16e de finale) et Düsseldorf (1-1, 7 tab à 6 en quart de finale).

« On n’y croit toujours pas ! On regarde ce parcours et on se frotte les yeux », dit le milieu de terrain Tobias Jänicke à l’agence sportive SID, « c’est quelque chose qu’on gardera toute notre vie, moi, et mes enfants aussi. Ces sensations et ces souvenirs nous reviendront toujours. » Reste que les conditions n’auraient pas pu être plus mauvaises pour le Petit Poucet : son championnat, la Ligue régionale sud-ouest, est arrêté depuis mars et ne reprendra pas. Le club abordera ce choc historique sans même avoir pu jouer un amical depuis trois mois, sans ses supporters, et en ayant repris l’entraînement collectif mi-mai seulement, contre un adversaire actuellement 5e de Bundesliga, et à la lutte pour une place en Ligue des champions.

« Notre principal adversaire n’est pas Leverkusen… »

Peu importe, l’entraîneur Lukas Kwasniok se concentre sur ce qu’il peut maîtriser : « Leverkusen est d’un autre calibre que nos précédents adversaires, admet-il, mais notre principal adversaire n’est pas Leverkusen, c’est la peur. Si nous arrivons à nous en débarrasser, je pense que nous pouvons réussir encore un exploit. » Atteindre la finale du 4 juillet à Berlin permettrait au coach de réaliser un autre rêve : voir le stade olympique de la capitale, qu’il avoue, à 38 ans, n’avoir encore jamais visité ! Dans le stade d’entraînement, il a fait suspendre une bannière qui proclame : « Au quatrième assaut, en finale ! ». Histoire de convoquer les heures glorieuses du club, qui fut déjà trois fois demi-finaliste de la coupe (mais jamais finaliste) en 1957 et 58, avant le professionnalisme, et 1985, alors qu’il évoluait en deuxième division.

Membre fondateur de la première Bundesliga professionnelle à 16 équipes en 1963, le FC Sarrebruck a connu des fortunes diverses, faisant l’ascenseur entre les trois premières divisions pendant un demi-siècle, mais sans jamais passer plus de deux saisons consécutives parmi l’élite. En 2014, il est retombé en Ligue régionale (4e division), et vient d’obtenir cette saison sur tapis vert – au décompte des points à l’arrêt du championnat – le droit de remonter en D3 l’an prochain.

La montée était l’aboutissement logique d’un travail de plusieurs années, mais la qualification en quart de finale contre Düsseldorf est un conte de fées comme seules les coupes nationales savent en inventer. « La plus grande sensation depuis la naissance de Jésus-Christ ! », avait claironné le vice-président du club Dieter Ferner dans l’euphorie de la victoire. La saillie a fait rire le coach Kwasniok, qui assure qu’une victoire contre Leverkusen mardi ne pourrait dès lors se comparer qu’à une chose : « la résurrection du Christ ! ».

LQ/AFP

Programme des demi-finales de Coupe d’Allemagne

Mardi 9 juin (20h45) Sarrebruck (D4) – Bayer Leverkusen

Mercredi 10 juin (18h45) Bayern Munich (tenant du titre) – Eintracht Francfort