Avant d’affronter la Zambie, la température grimpe sur et hors du terrain autour du Maroc, grand prétendant au titre. La Tunisie, elle, aborde la 3e journée sous une pression maximale.
Dur d’être favori. Premier demi-finaliste de Coupe du monde de l’histoire du football africain, le Maroc a débarqué en Côte d’Ivoire, théâtre de la 34e Coupe d’Afrique des nations, avec cette étiquette dans le dos. «Le statut de favori, ça me fait rire, balaye le sélectionneur Walid Regragui. On dirait que ça veut dire qu’on va gagner. Je n’ai jamais vu ça dans le football. La réalité, elle est sur le terrain.»
De fait, les «Lions de l’Atlas» sont déjà qualifiés pour le second tour avec 4 points, au pire parmi les meilleurs troisièmes puisque la Côte d’Ivoire, 3e du groupe A, compte 3 points, et le Ghana 2 points dans le groupe C. Mais il y a quand même de la tension. Témoin, l’accrochage entre Regragui et le défenseur congolais Chancel Mbemba dimanche, déclenchant une échauffourée et quelques empoignades. Des incidents pour lesquels la Confédération africaine de football (CAF) a ouvert une enquête.
Loin d’être serein avant d’affronter la Zambie, lauréate surprise de l’édition 2012, ce soir (21 h), le Maroc, leader du groupe F avant la 3e journée, serait-il donc victime des effets conjugués de la température et de la pression? «Je n’ai pas envie de me cacher par rapport à la fatigue ou à la chaleur, a dit Regragui, à propos de la performance de ses joueurs contre la RDC (1-1). On a été moyens, on va l’assumer comme une grande équipe.»
«On rêve d’avoir ce genre de pression»
Préférant retenir du positif de ce match, le coach marocain s’est néanmoins attaché à avancer «qu’avant, on l’aurait perdu dans ces conditions», sans préciser si ce sont celles du thermomètre. Quant aux attentes autour du 4e du dernier Mondial, «c’est un peu le revers de la médaille» après une telle performance, reconnaît Regragui. Mais «quand on est joueur ou entraîneur, on rêve d’avoir ce genre de pression, et on rêve justement que tout un peuple nous suive», évacue-t-il.
Au Qatar, le Maroc était une équipe surprise, il pouvait attendre et contrer. En Côte d’Ivoire, il est attendu et doit faire le jeu. Pour Sébastien Desabre, l’entraîneur de la RDC, le Maroc est même «la meilleure équipe d’Afrique. C’est bien qu’il y ait des exemples en Afrique comme le Sénégal, comme le Maroc, qui disent : « Restez stable, travaillez avec beaucoup d’humilité« ».
«Si on joue en équipe, on a l’équipe pour aller très loin à la CAN», estime Azzedine Ounahi, un des meilleurs marocains depuis le début du tournoi. «Je ne pense pas que ça va mettre la pression, ça donne de la confiance», disait le milieu avant la compétition.
«Demi-finaliste de la Coupe du monde ne veut pas dire que tu vas gagner la CAN», tentait néanmoins de tempérer le joueur de l’OM. Ce ne sont pas les mêmes matches, pas les mêmes terrains, pas le même climat et pas le même football.» «Certes, on a fait un exploit en Coupe du monde, concluait Ounahi. On a rendu fier tout le peuple africain, mais à la CAN, les matches sont durs.»
L’Afrique du Sud s’est rebiffée
La Tunisie en sait quelque chose. Sacrés en 2004, les «Aigles de Carthage» sont au bord de l’élimination. Après avoir totalement raté leur entrée en matière et offert à la Namibie (1-0) la toute première victoire de son histoire à la CAN, ils n’ont pris qu’un point contre le Mali (1-1) et doivent impérativement battre l’Afrique du Sud, cet après-midi (18 h) pour rallier les 8es de finale.
Mais «après la défaite face à la Namibie, on a joué un meilleur match à tous les niveaux face au Mali», a estimé le sélectionneur Jalel Kadri. Parmi les satisfactions, on trouve le milieu Hamza Rafia, auteur du 100e but de la Tunisie en Coupe d’Afrique, et le «boss» Youssef Msakni (101 sélections, 23 buts). À 33 ans, le capitaine tunisien a rejoint Rigobert Song (Cameroun) et André Ayew (Ghana) au panthéon de la compétition en disputant une huitième CAN.
Cette expérience doit servir pour un match «sous le signe de la victoire et rien d’autre que la victoire», selon la formule de Kadri. Mais gare à l’Afrique du Sud, qui s’est rebiffée. Après une entrée manquée contre le Mali (2-1), les «Bafana Bafana» (les Garçons) ont rasé leurs voisins namibiens (4-0). Themba Zwane, que son sélectionneur belge Hugo Broos jugeait «trop vieux» à 34 ans, a signé un doublé, et Percy Tau s’est racheté contre la Namibie de son penalty raté contre le Mali à 0-0.
Un nul suffirait à l’Afrique du Sud pour passer, au moins parmi les meilleurs 3es, avec 4 points. Par le passé, les deux équipes se sont affrontées quatre fois en Coupe d’Afrique, pour deux victoires chacune, dont une aux tirs au but pour la Tunisie en 2000 pour la 3e place (2-2, 4-3). Mais les Bafana Bafana ont remporté le plus important de ces duels, la finale 1996 (2-0) à Johannesburg devant Nelson Mandela. Cette fois, la terre d’Hannibal aimerait que l’histoire soit de son côté.
L’absence de Salah plus longue que prévue
L’entraîneur adjoint de Liverpool, Pep Lijnders, a misé hier sur un retour à la compétition de Mohamed Salah dans «trois à quatre semaines», un délai a priori incompatible avec une éventuelle finale de la CAN, le 11 février. Les «Reds» et la fédération égyptienne ont convenu que l’ailier rentre en Angleterre soigner sa blessure aux ischio-jambiers subie contre le Ghana (2-2) jeudi. Un retour pour la demi-finale, en cas de qualification, était espéré du côté des Pharaons, qualifiés pour les huitièmes. Mais les délais annoncés par Liverpool enterrent quasiment cette hypothèse.