Vainqueur à sept reprises du Super Bowl et détenteur d’innombrables records, Tom Brady restera comme le plus grand joueur de l’histoire de la NFL, qui aura défié par sa longévité les lois d’un sport professionnel destructeur pour les organismes.
Brady a annoncé sa retraite mardi un peu plus d’une semaine après une ultime – et rare – défaite en play-offs, face aux Los Angeles Rams (30-27) en demi-finale de conférence. Au terme d’une rencontre folle, qu’il a traversée comme une ombre durant trois quarts-temps, avant d’opérer un come-back aussi incroyable que vain, montrant qu’il restait inoxydable.
Un an plus tôt, le quarterback avait renoué avec le sommet, à 43 ans, en faisant des Buccaneers, équipe des profondeurs de la ligue, un groupe de champions, aux dépens des Kansas City Chiefs (31-9). Comme un symbole, il avait donné la leçon au talentueux Patrick Mahomes, de 18 ans son cadet, qui rêvait d’instaurer une nouvelle dynastie.
Au lieu de quoi, Brady avait continué à écrire en lettres d’or sa prodigieuse saga, après six titres remportés avec New England, son club qu’on croyait de toujours, avec lequel il joua vingt saisons.
En recevant son cinquième trophée de MVP d’une finale, celui qui avait dit vouloir jouer au moins jusqu’à 45 ans comptait bien encore gonfler son extraordinaire palmarès. Le compteur s’arrête finalement à 44, un âge où la décision de poursuivre ou non sa carrière ne se prend plus seul, car la famille prime aussi pour le mari de l’ex-mannequin Gisele Bündchen et père de leurs deux enfants.
Éthique de travail
Qu’importe ! Mieux que personne dans le sport professionnel, hormis peut-être Tiger Woods en golf, ce champion hors norme a fait rimer durer avec gagner. En témoigne sa collection de trophées Vince-Lombardi : quatre ont été soulevés à 37, 39, 41 et 43 ans, des âges canoniques dans une NFL où une carrière dure en moyenne quatre ans et quatre mois, selon une étude datant de 2019.
Les innombrables records (plus de 80 recensés) qui ont accompagné son irrésistible ascension sont autant d’obstacles quasiment impossibles à franchir pour ceux qui auraient l’ambition farfelue de rivaliser avec lui dans les livres d’histoires.
Qui pourra dépasser Brady en nombre de finales jouées (dix) ? Qui pourra, comme lui, détenir plus de titres de champion que n’importe quelle équipe (New England et Pittsburgh ont été sacrés six fois)? Qui pourra envoyer autant de passes de touchdowns (21) dans des Super Bowls ? « Je n’aurais jamais pu imaginer que cela se passerait comme ça. Personne n’aurait pu », avait confié Brady, avant d’enfiler sa 7e bague. Il a raison: pas même les Patriots ne pensaient avoir décroché le gros lot chez ce grand gaillard (1,93 m, 102 kg) lorsqu’ils l’ont sélectionné en 199e position, au sixième tour de la draft 2000.
Thomas Edward Patrick Brady Jr, né le 3 août 1977 à San Mateo (Californie) a alors 23 ans. Il n’est que le quatrième quarterback dans la hiérarchie de l’équipe, qui hésite à le conserver. Mais, poussé par une éthique de travail inaltérable – le staff technique recevait des appels en pleine nuit prévenant que Brady venait d’arriver dans les installations pour s’entraîner seul –, il devient titulaire dès sa deuxième saison, aussitôt ponctuée d’un premier titre de champion en 2002.
« Un gamin »
Deux autres suivent en 2004 et en 2005, qui assoient le règne du duo quarterback/entraîneur le plus emblématique de la NFL, formé avec Bill Belichick.
Dix ans séparent pourtant leur troisième sacre du quatrième, durant lesquels Brady perd deux finales, se remet de graves blessures (genou, pied, tibia) et se voit jugé coupable de tricherie dans le scandale du « Deflategate », pratique consistant à réduire la pression des ballons afin de mieux les lancer.
On le dit fini et on critique ses rapports avec le futur président des États-Unis Donald Trump même si lui tempère : « La politique et l’amitié sont deux choses bien différentes. » Le meilleur est à venir, à l’image de ce come-back réussi au Super Bowl 2017 où il mène les Pats à la victoire (34-28) à l’issue de la prolongation, après avoir été menés 28-3 par Atlanta peu avant la fin du dernier quart-temps. Son chef-d’œuvre.
Son secret pour se bonifier avec l’âge ? Une science approfondie de son sport – « plus j’étudie, plus je regarde, plus je comprends » –, une stricte hygiène de vie (sans alcool, viande, sucre, gluten, laitage…) et l’amour du jeu, malgré plus de 150 blessures accumulées en 22 saisons. « Quand vous êtes dans le vestiaire, c’est comme si vous étiez un gamin de 14, 15 ans, qui ne grandit jamais. Vous n’en avez pas besoin », assure-t-il.
Ce gamin occupe désormais une place unique au Panthéon des plus grands sportifs américains, aux côtés de Michael Jordan, Tiger Woods, Wayne Gretzky ou Babe Ruth.