Une fois « digérée » la finale de l’Euro-2016 perdue à domicile contre le Portugal, adversaire des Bleus mercredi, les Français ont trouvé dans cette déception les ressorts pour décrocher le Mondial-2018, avec une expérience renforcée et une « faim » décuplée.
« Il fallait le digérer, c’était difficile mais ça fait partie du foot. Ça nous a permis de grandir, cet Euro a permis à l’équipe de France de soulever le trophée deux ans plus tard », a résumé récemment Moussa Sissoko, meilleur Français de ce 10 juillet 2016 achevé sur un but de l’inattendu Eder (1-0 a.p.).
Pour le sélectionneur Didier Deschamps, aussi, cet échec à Saint-Denis a été utile pour atteindre le Graal le 15 juillet 2018 face aux Croates à Moscou. « Ça sert surtout à mieux gérer l’évènement qu’est une finale d’une grande compétition. Le côté émotionnel est important. Plus on connaît de finales, plus les situations se répètent », expliquait début mai Deschamps. Pour le patron des Bleus, les joueurs et le groupe en général « arrivent à mieux gérer, à faire la part des choses. C’est surtout ce côté émotionnel, de désacraliser l’évènement même si c’est difficile, parce qu’une finale ça reste le top du top. »
Des émotions, les Français en ont peut-être eu trop à gérer dans leur Stade de France, voire même avant. Dans la journée de la finale de 2016, l’encadrement avait diffusé un petit film où les enfants et les femmes des joueurs souhaitaient bonne chance aux Bleus. Mais cette initiative a suscité « une charge d’émotion sans doute un peu trop forte, ou mal située par rapport à l’évènement », raconte un témoin de la scène.
Les Bleus « riaient beaucoup »
Sur le terrain, les Bleus sont arrivés avec une confiance probablement trop élevée, et ils l’ont payé cher, à en croire deux acteurs du match. « Nous savions que nous avions un gros avantage: nous n’étions pas favoris. Les Français pensaient qu’ils gagneraient facilement… », commentait Cristiano Ronaldo en novembre 2016, dans un entretien à France Football où il revenait sur les secrets de la victoire. Dès l’avant-match, le quintuple Ballon d’Or portugais, qui sortira blessé dès la première demi-heure de jeu, a senti que ses hôtes n’étaient pas dans des dispositions idéales. « Quand nous avons commencé à nous échauffer sur le terrain, j’ai senti qu’ils étaient très détendus. Je les ai regardés et j’ai vu qu’ils riaient beaucoup. Bien sûr, tout le monde a le droit de sourire avant un match mais leurs visages étaient très joyeux. Le langage corporel montrait de la confiance et j’ai utilisé ça, en tant que capitaine, pour motiver mes coéquipiers », a-t-il raconté.
Interrogé dimanche sur cette finale perdue, Antoine Griezmann a répondu qu’il n’aurait pas fallu « modifier quoi que ce soit, mais avoir plus faim ». « Perdre une finale, c’est ce qu’il y a de pire. Ça nous a donné envie de nous surpasser, de rejouer une finale pour la gagner », a développé l’attaquant du FC Barcelone en conférence de presse.
Pour espérer en disputer une autre, le 11 juillet à Londres, cela passe dès mercredi par une nouvelle confrontation face à la Seleçao de « CR7 ». Ce dernier match du groupe F, à Budapest, aura un goût de finale avant l’heure : en cas de victoire, la France finira première avec l’avantage d’un huitième de finale a priori plus favorable.
LQ/AFP