L’Allemagne a souri quand John McGinn s’est essayé à une danse folklorique bavaroise, mais elle devra se méfier ce vendredi soir de ce trouble-fête potentiel, plaque tournante de l’Écosse.
À 29 ans, John McGinn est un des plus internationaux écossais les plus capés (66 sélections, 18 buts) et respectés, en plus d’être un des plus «timbrés», selon ses partenaires. «Qu’est-ce qui se passe dans la tête de McGinn? La moitié du temps, il est fou!», en a rigolé un de ses coéquipiers en sélection, interrogé par BBC Sport Scotland avant l’Euro.
Celui qu’ils surnomment «Ginny» a fait une arrivée remarquée à Garmisch-Partenkirchen, là où l’Écosse a établi ses quartiers, en prenant part à une démonstration de «Schuhplattler» (danse locale), en survêtement aux côtés de trois hommes en habit traditionnel.
Devenue virale en Allemagne comme au Royaume-Uni, la vidéo a mis en lumière la folie douce entourant ce personnage attachant. Mais derrière la nature joviale de McGinn, se cache toutefois une détermination à toute épreuve que l’Allemagne devra ne pas sous-estimer, ce soir à Munich.
Le gaucher né à Glasgow, formé à St Mirren et passé par Hibernian, a fait son trou à Aston Villa, qu’il a rejoint en 2018 en Championship (D2 anglaise), jusqu’à devenir le capitaine du club de Birmingham, quatrième de la dernière Premier League.
La success story du n° 7 à Villa Park n’a toutefois pas été un long fleuve tranquille. Il est passé de remplaçant déclassé, à la fin de l’ère Steven Gerrard, à pilier et symbole de l’équipe sous Unai Emery ces deux dernières saisons. «Il m’a demandé : « Quelle est ta position préférée?« , et j’ai répondu : « Juste pas sur le banc comme les derniers matches« , a résumé le milieu axial, invité à raconter une de ses premières discussions avec l’entraîneur espagnol. Il a évoqué les buts avec l’Écosse et m’a demandé : « Pourquoi tu marques comme ça pour l’Écosse et pas pour Aston Villa?“. Peut-être que je dois remercier Steve Clarke de m’avoir placé plus haut sur le terrain.»
Avec lui, Robertson, Tierney ou McGregor, l’Écosse y croit
Le sélectionneur a en effet eu l’idée de rapprocher McGinn du but adverse, autant par audace tactique que par nécessité. La 39e nation au classement FIFA manque en effet cruellement d’avant-centre d’envergure, depuis des années. Durant les qualifications à l’Euro, la «Tartan Army» a ainsi davantage fait trembler les filets grâce à ses milieux de terrain vedettes, McGinn et Scott McTominay (Manchester United), auteurs de 10 des 17 buts à eux deux.
Avec le capitaine Andy Robertson, défenseur de Liverpool, mais aussi l’arrière Kieran Tierney (prêté cette saison par Arsenal à la Real Sociedad) ou le milieu Callum McGregor (Celtic), l’Écosse espère enfin franchir l’obstacle du premier tour, ce qu’elle n’a jamais réussi dans une grande compétition. La sélection au maillot bleu foncé n’a pas eu un tel «niveau de joueurs depuis très longtemps», s’est ainsi emballé l’ancien international Ally McCoist.
Mais pour l’ex-attaquant, interrogé par TNT Sports, McGinn sera le joueur «le plus important» de ce collectif «grâce à son énergie, ses qualités de leader, sa façon de jouer et, je l’espère, son sens du but». Quand il marque, l’Écossais a pris l’habitude de mimer une paire de lunettes, un clin d’œil à un neveu contraint d’en porter pour jouer au football. Un geste que l’Allemagne espère ne pas le voir réaliser. Ou en tout cas pas ce soir.