Le temps réglementaire est presque fini mais l’issue reste incertaine: l’attribution des droits TV des trois prochaines saisons – près d’un milliard d’euros annuels sont en jeu – divise toujours le football italien, avec deux offres sur la table depuis fin janvier.
A moins d’une semaine de la fin de la validité des offres déposées par DAZN et Sky, fixée au 29 mars, les vingt clubs de Serie A se réunissent de nouveau mardi, pour la septième fois, pour tenter de trouver enfin un accord.
La plateforme de streaming sportif DAZN reste la favorite pour rafler la diffusion de l’essentiel de la Serie A entre 2021 et 2024, actuellement assurée par Sky, dont l’offre serait inférieure.
Le montant global des offres – tous lots confondus – garantirait une stabilité par rapport aux revenus actuels, soit 973 millions d’euros annuels.
Dans le contexte de la pandémie de Covid-19, et au vu du fiasco survenu en France sur les droits TV, cette stabilité serait une vraie satisfaction pour des clubs italiens dans le rouge.
La réunion (en vidéoconférence) de mardi après-midi apparaît comme l’une des dernières possibilités de conclure avant le 29. Faute d’attribution à cette date, un nouvel appel d’offres devrait être lancé, avec le risque qu’elles soient revues à la baisse.
Majorité de 14
Une majorité de 14 voix (sur 20) est nécessaire. Mais les dernières discussions en date, la semaine dernière, n’avaient pas encore permis de réconcilier les deux camps opposés depuis bientôt deux mois sur la stratégie à suivre.
Une dizaine de clubs, dont les principales locomotives italiennes (Juventus, Inter, Milan, Lazio, Naples, Atalanta…) auraient choisi DAZN. Mais l’autre moitié a jusqu’ici refusé de passer au vote, parmi lesquels la Roma, Sassuolo ou le Torino.
Certains doutes tiennent à la capacité technique de la plateforme et sur la qualité des réseaux italiens. Car c’est la première fois que l’essentiel des rencontres seraient uniquement diffusées en streaming.
DAZN s’est employé ce week-end à rassurer: « 99% des familles italiennes peuvent déjà se doter d’une connexion à bande large (…). Notre engagement vise à soutenir et accélérer la numérisation du pays », a assuré le « Netflix du sport », allié à l’opérateur Telecom Italia (Tim) dans son offre estimée à 840 M EUR pour le lot principal (7 matches en exclusivité et 3 en co-exclusivité).
Certains clubs s’inquiètent aussi de rompre les ponts avec Sky, aujourd’hui principal financeur du foot italien.
L’opérateur de télévision par satellite a d’ailleurs remis la pression ce week-end pour défendre son offre qui, contrairement à celle de son concurrent, permettrait à la Ligue de développer en parallèle son propre canal sur internet.
Fonds privés, l’autre match
Au-delà du choix entre les deux prétendants, le blocage tient à un autre match se déroulant en coulisses depuis des mois: une possible association avec des fonds d’investissement privés dans la gestion des droits TV, une démarche inédite qui apporterait dans les caisses quelque 1,7 milliard d’euros d’argent frais.
Le principe a été approuvé à l’unanimité en novembre. Mais plusieurs clubs n’y sont plus favorables, dont la Juventus et Naples, selon plusieurs médias. Les négociations sont au point mort avec les fonds concernés (CVC, Advent et FSI).
« Ce serait intéressant pour renforcer le championnat italien avec des professionnels qui peuvent gérer une ligue différemment », estimait récemment le président de Torino, Urbano Cairo, en réponse à ceux qui craignent de perdre la main sur la gestion des droits.
Torino fait partie de ces clubs qui, faute d’entente sur les fonds, ont jusqu’ici refusé de se prononcer sur les droits TV.
La semaine supplémentaire de réflexion aura-t-elle permis d’aplanir les différends? Réponse mardi, sachant que tous les clubs de Serie A partagent un véritable intérêt commun: retrouver au plus vite une visibilité financière dans un contexte économiquement très tendu.
AFP