L’Argentine, Diego Maradona Junior l’a depuis toujours dans le sang et le cœur. Au nom de son père et de la « joie » qu’il transmettait, il en a désormais aussi épousé la citoyenneté et les combats, en soutenant la campagne pour retrouver les bébés disparus sous la dictature.
Napolitain il reste, évidemment. « J’ai toujours vécu à Naples, le Napolitain pense toujours différemment de l’Italien », lance le fils de Diego Armando Maradona, âgé 34 ans, rencontré jeudi au consulat d’Argentine à Rome après avoir reçu la nationalité argentine.
Mais Argentin, il l’était déjà un peu, « parce que mon père nous a toujours transmis ce grand amour pour l’Argentine, son peuple ». « Je lui en suis totalement reconnaissant. Ce fut un plaisir de le voir parler du pays, des gens, de la politique », explique-t-il dans un espagnol à l’accent argentin.
Diego Junior, qui ressemble tellement à son père avec son sourire charmeur, son visage jovial et sa boucle d’oreille, est né en 1986, quand le génial n°10 faisait le beaux jours du Napoli, d’une relation extraconjugale avec l’Italienne Cristina Sinagra. Il a fallu 29 ans à Maradona, décédé le 25 novembre dernier à 60 ans d’un problème cardiaque, pour le reconnaître officiellement.
Le stade ? « Une fierté »
Journaliste sportif et entraîneur de football, Diego Armando Maradona Sinagra, 34 ans, avait exprimé officiellement son souhait d’acquérir la nationalité de son père. Une possibilité offerte par la loi argentine pour les enfants d’Argentins nés à l’étranger.
« Mon père a toujours été cette personne capable d’apporter de la joie aux gens. Pas seulement sur un terrain. Il avait un charisme qui vous laissait sans voix. Parfois, tu t’asseyais à côté de lui et tu te figeais, comme s’il était le plus grand de tous », décrit le fils, invité à raconter « son » Maradona, quatre mois après la mort de la star.
« Il a parfois été décrit dans la presse comme un monstre. Il n’était pas comme ça. Quand nous étions en famille, nous étions très heureux, il aimait faire des blagues, on riait beaucoup », continue le fils.
« Aujourd’hui, il est très difficile de trouver, même parmi les plus grands footballeurs, quelqu’un qui transmette cette joie », ajoute celui qui n’a pu se rendre en Argentine pour les funérailles car atteint du Covid-19.
Sa « fierté », c’est aussi de voir son nom désormais inscrit au fronton du stade de Naples : « J’ai bientôt 35 ans, je vais dans ce stade depuis 31 ans ! Mes enfants et les enfants de mes enfants vont voir Naples au stade Diego Armando Maradona… »
« L’identité est un droit »
Le club de Naples qui a aussi adopté, pour certains matches, un maillot « argentin » avec les célèbres rayures bleues et blanches. « Di Lorenzo (défenseur de Naples, NDLR) me l’a donné, c’est l’un des maillots qui me tiendra toujours le plus à cœur. »
De l’Argentine, Diego Junior a choisi aussi d’endosser les batailles, en citoyen qu’il est désormais : il soutient la campagne internationale pour retrouver les bébés disparus sous la dictature (1976-1983). Quelque 500 filles et garçons ont été retirés à leurs parents et ont grandi sous une autre identité. Une partie a pu être identifiée, grâce à des tests génétiques, mais il en reste quelque 350 à retrouver, qui peuvent avoir grandi ailleurs qu’en Argentine.
Cette campagne lancée sur les réseaux sociaux vise à inciter des personnes – âgées de 40 à 45 ans environ – ayant des doutes sur leur origine à contacter les autorités argentines. « Je crois que l’identité est un droit. Je me suis beaucoup battu pour ça, bien que d’une manière différente », assure Maradona Junior, père de deux jeunes enfants.
« Il est clair qu’en soutenant la campagne politique du gouvernement (argentin, de centre-gauche), je soutiens leurs idées politiques », reconnaît cet homme de « gauche, et même plus ». Qui, comme son père, s’est tatoué sur le bras le portrait de Che Guevara.
LQ/AFP