Le champion du monde va tenter pour la cinquième fois de sa jeune carrière de remporter, samedi, Milan-San Remo, le Monument italien qui annonce le printemps. Il sera au centre de tous les regards et sans doute la clé d’une Primavera alléchante.
Cinquième en 2022, quatrième en 2023, troisième en 2024, Tadej Pogacar finira-t-il deuxième samedi sur la Via Roma à San Remo à l’heure du goûter sous un ciel qu’on annonce voilé?
Si tel était le cas, le Slovène, un joueur patenté qui n’a pas d’équivalent dans le peloton pour sa décontraction, sa simplicité non affectée et son naturel au moment d’aborder les épreuves les plus importantes de sa carrière, offrirait au vainqueur un sourire désarmant de sincérité. Il ne le cache d’ailleurs pas à ses intimes, il rêve de remporter Milan-San Remo.
C’est bien pour ça que le porteur du maillot arc-en-ciel a rangé depuis bien longtemps derrière lui tous les amoureux du cyclisme et bien au-delà. Tout le monde connaît le personnage et s’il lui arrive d’indisposer ceux qui n’aiment pas voir les gloutons de son espèce ne laisser que des miettes au reste du peloton, et encore lorsque le roi «Pogi» est bien disposé, même ses rares détracteurs sont bel et bien obligés d’applaudir des deux mains ses chefs-d’œuvre sans égal, et ce, sur tous les terrains.
«C’est clair qu’il faut plutôt essayer de miser sur les courses où il n’est pas là, il est tellement fort que la plupart du temps, personne ne peut envisager de le battre d’homme à homme», confessait cet hiver en souriant Kevin Geniets à propos du triple vainqueur du Tour slovène.
D’ailleurs, s’il a les jambes et l’espace nécessaire, on voit bien le champion national tenter une attaque sur les pentes du mythique Poggio, comme avant lui s’y sont risqués ses compatriotes, Kim Kirchen en 2005, Frank Schleck en 2006 et Jempy Drucker en 2019.
Suspense intense
Au fils des ans, ils sont des dizaines et des dizaines à s’être imaginés dans la peau du héros, celui qui parviendrait sur cette dernière ascension filer entre les pattes de l’avant-garde du peloton où chaque année des sprinteurs parviennent à résister avant de basculer vers la ligne d’arrivée.
Même Tadej Pogacar n’y est pas encore parvenu. Et toute la beauté du challenge qu’il se lance à nouveau est là. L’homme à qui rien ne peut résister, adepte des longues chevauchées, en quête de remporter les cinq Monuments, va-t-il enfin parvenir à ses fins?
L’intéressé a jusqu’ici tout essayé alors il nous invite de facto à suivre la retransmission un peu plus tôt que d’habitude pour une attaque préméditée dès les premiers «Capi». Une attaque lointaine dont lui et son équipe UAE ont le secret.
Que lui seul et peut-être aussi Mathieu Van der Poel (vainqueur ici en 2023, mais dans un autre scénario haletant puisqu’il avait attaqué sur le sommet du Poggio) peuvent échafauder. Pour mémoire, voici deux ans, les cinquante mètres d’avance que le Néerlandais s’était octroyés au moment d’aborder la descente, avaient grandi, puisque Filippo Ganna, Wout van Aert et…Tadej Pogacar s’étaient regardés pour mieux se saborder.
C’est toute la dramaturgie qui transpire du final de la Primavera où jusque dans les derniers mètres, le suspense plane. «Sur aucune autre course, il n’y a un tel suspense! Mais il n’empêche que physiquement, c’est le plus facile des autres Monuments», résume pour sa part Alex Kirsch, le second Luxembourgeois à prendre le départ.
On le verra sans doute s’activer avec le calme qui le caractérise auprès du Danois Mads Pedersen ou du sprinteur italien Jonathan Milan qui ferait aussi de beaux vainqueurs. Des noms parmi tant d’autres. Dont bien sûr, ce fameux Tadej Pogacar, au centre du jeu, comme toujours…