Tadej Pogacar, immense favori, a l’occasion de s’emparer du maillot rose dès la première étape à Turin.
Le week-end d’ouverture de cette 107e édition offre un terrain accidenté propice aux baroudeurs et aux grands raids dont raffole le Slovène, en lice cette année pour un doublé Giro-Tour inédit depuis 1998. Samedi, lors d’une étape compacte (140 km) au départ de Venaria Reale, en périphérie de Turin, le colle della Maddalena présente une rampe de lancement idéale pour les attaquants sachant grimper. Le sommet est planté à 22 km de l’arrivée, après une ascension de 6,1 km à 7,4 % de moyenne, suivie d’une descente rapide vers Turin.
C’est une première fenêtre de tir tentante pour Pogacar qui est tellement favori de ce Giro que certains l’imaginent porter le maillot rose de bout en bout, comme Gianni Bugno en 1990 ou Eddy Merckx en 1973. «C’est sûr qu’il voudra la gagner», estime le Français Julian Alaphilippe.
«Ce n’est pas l’objectif principal», nuance Pogacar qui sait qu’il devra doser ses efforts pour réaliser le doublé Giro-Tour. «Il s’agit d’être en rose à Rome. Au début, il faut déjà voir comment sont les jambes. Mais si l’opportunité de gagner une étape ou prendre le maillot rose se présente, il faut la saisir», ajoute-t-il toutefois.
Dimanche, l’arrivée au sanctuaire d’Oropa convient également à merveille au glouton slovène. Elle marquera les 25 ans du coup d’éclat de Marco Pantani, vainqueur à Oropa malgré un saut de chaîne au pied de la montée en 1999, avant d’être exclu de la course quelques jours plus tard à la suite d’un test d’hématocrite trop élevé.
«Encore plus de motivation»
Pantani reste à ce jour le dernier à avoir réussi le doublé Giro-Tour la même année, un défi titanesque. Six autres coureurs, que des légendes, l’ont réalisé dans l’histoire du cyclisme, Fausto Coppi (1949 et 1952), Jacques Anquetil (1964), Eddy Merckx (1970, 1972 et 1974), Bernard Hinault (1982 et 1985), Stephen Roche (1987) et Miguel Indurain (1992 et 1993).
Pogacar avoue qu’il «aimerait bien» figurer sur cette liste VIP, lui qui est monté sur le podium des cinq grands Tours qu’il a disputés jusque-là (vainqueur du Tour de France 2020 et 2021, deuxième en 2022 et 2023, troisième de la Vuelta en 2019). «Le chemin est très long, c’est un sacré défi mais l’objectif est très clair», souligne «Pogi» qui se réjouit de découvrir le Giro dans un pays qu’il considère comme sa deuxième maison.
Jeune, il venait souvent courir en Italie depuis sa Slovénie natale et il était au bord de la route, en spectateur, lorsque son compatriote Luka Mezgec a remporté la dernière étape du Giro à Trieste en 2014, un souvenir qui l’a marqué à vie. Après un début de saison brillant (victoires aux Strade Bianche, le Tour de Catalogne et Liège-Bastogne-Liège), il a «hâte de commencer» samedi.
«Quand tu cours moins, quand tu t’entraînes et que tu sais que la forme est là, quand tu regardes les courses à la télévision et que t’as envie d’y être, évidemment que ça te donne encore plus de motivation», prévient-il, prêt à bondir, comme un tigre de sa cage.