Deux Luxembourgeois, Ben Gastauer (AG2R La Mondiale) et Alex Kirsch (Trek-Segafredo) sont au départ.
Pour vivre heureux, vivons cachés. Le Tour de Pologne avait pris l’habitude ces dernières années de rester à l’ombre du Tour de France et s’en était d’ailleurs fort bien accommodé, puisqu’un tiers seulement des coureurs professionnels de première division était habituellement occupé par la Grande Boucle en juillet. C’est aussi pour cette raison que le palmarès est si riche (relevons le succès, en 2005, de Kim Kirchen). Avec la réorganisation totale du calendrier pour les raisons que l’on connaît, l’épreuve aoûtienne se retrouve aujourd’hui comme marche-pied aux grands tours et plus particulièrement au Giro, si on considère la liste des engagés.
C’est ainsi que des garçons comme Remco Evenepoel (Deceuninck-Quick Step), Jakob Fuglsang (Astana), très en vue ces derniers jours, auront l’ambition de détrôner Richard Carapaz de son trône sur le prochain Tour d’Italie. Ça tombe bien les trois hommes pourront se renifler, s’épier et bien plus encore durant cette fin de semaine.
Mais il n’y a pas au départ que des postulants au maillot rose. Des coureurs engagés sur le Tour de Pologne seront également présents à Nice, le 29 août prochain pour le Grand Départ du Tour. Comme Maximilian Schachmann (Bora-Hansgrohe) par exemple.
Voilà pour les généralités. Un simple principe de réalité, nous impose, pour en revenir à ce Tour de Pologne, de rappeler que la course va se dérouler sous haute surveillance.
Comme sur les épreuves qui viennent de se dérouler ces derniers jours. Mais le cyclisme a cette chance de ne pas souffrir outre mesure de cette vie sous bulle. Qu’importe si les cérémonies protocolaires n’en auront plus que le nom, qu’importe si les aires de départ et d’arrivée soient délestées des milliers de spectateurs habituellement présents, cela pèse bien moins sur le spectacle que ce que le huis clos fait endurer aux amoureux du football, par exemple.
La passe de quatre ?
Le cyclisme a cette chance que son stade soit ouvert à tous les vents, la course ne pâtissant pas, à première vue, de toutes ces mesures de sécurité impératives.
Voilà pour le décor. Pour le reste, tous les yeux seront évidemment rivés sur Remco Evenepoel. Le jeune belge de 20 ans a de nouveau crevé l’écran la semaine passée sur le Tour de Burgos. Il a montré une fois de plus l’immensité et la précocité de son talent, pourchassant, à grand coup de balai, les purs grimpeurs. Il n’y a pas de chrono en Pologne mais deux arrivées au sommet. Assez pour que le Belge puisse claquer, ce sera son ambition, un quatrième succès après le Tour de San Juan, le Tour d’Algarve en tout début de saison et donc le Tour de Burgos.
À chacune de ses sorties on s’interroge, on scrute l’adversité et une fois la course terminée, on applaudit religieusement le jeune prodige. Car il n’y a rien d’autre à faire, Remco Evenepoel revisite les lois du cyclisme, c’est tout simplement magique et étourdissant. Qui pourrait lui barrer la route ? Franchement, on ne voit pas.
Passons aux coureurs luxembourgeois. Il était prévu de longue date au départ et Alex Kirsch est heureux de reprendre la compétition en Pologne. Il reste réserviste pour le prochain Tour de France. «Ce n’est pas compliqué à vivre et cela me motive même. J’ai utilisé ça pour bien m’entraîner et si je ne vais pas au Tour, cela me servira pour d’autres courses. Donc j’étais très content comme ça. Sinon, j’avoue que cela aurait été très compliqué de rester motivé et de réaliser tant de sacrifices», nous rappelait-t-il dans notre édition de lundi, par rapport à ce statut de premier remplaçant. «Sur ce Tour de Pologne, il se pourrait que nous n’ayons pas de grimpeur pour jouer le classement général, mais on va sans doute tenter de viser une étape», prédisait-il également.
Quant à Ben Gastauer (AG2R La Mondiale) qui vient de prolonger son contrat pour une année de plus, il supplée en Pologne Silvan Dillier (positif au coronavirus la semaine passée) et Mathias Frank. Le parcours qu’il connaît (il y a participé en 2018), ne devrait pas lui déplaire.
Denis Bastien