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[Cyclisme] Paris-Roubaix : place aux coureurs-gladiateurs


Il faut s’attendre à un nouveau duel entre Mathieu Van der Poel et Wout van Aert. (photo AFP)

Paris-Roubaix, la reine des classiques, compte de nombreux courtisans, mais Wout van Aert, Mathieu Van der Poel et Mads Pedersen restent les trois grands favoris.

Évidemment, il n’est pas là. Et immanquablement, on va encore parler de lui. Tadej Pogacar, qui faisait remarquer dimanche dernier  – au soir d’un gigantesque succès dans le Ronde qui va hanter pendant quelques années les esprits des purs flandriens style Wout van Aert ou Mathieu Van der Poel – qu’il lui manquait quelques kilos pour apprivoiser le pavé roubaisien, ce dont on n’est même pas sûr, a déjà fixé le cap des Ardennaises. Mais à une semaine de l’Amstel Gold Race, il reste à attribuer la reine des classiques, la plus atypique en tout cas. De très loin la plus difficile à maîtriser. Et en même temps la plus accessible à ceux qui sont dans l’incapacité, et il y en a quelques-uns, d’encaisser la répétition d’ascensions sans répit dans les monts flamands.

On retrouve donc au départ de Paris-Roubaix peu ou prou les mêmes coureurs qu’une semaine auparavant, et des garçons athlétiques qui ne pourraient théoriquement jamais aller chercher un podium sur le Tour des Flandres. Comme, en vrac, Arnaud Démare, John Degenkolb, Nils Politt, Filippo Ganna, Florian Vermeersch, Florian Sénéchal, et la liste est bien plus longue. Des gros bras qui ont la caisse, un coup de pédale assez puissant pour mater le pavé plat mais défoncé, ce qui n’est pas donné à tout le monde.

Immanquablement, lorsque viendra l’heure de jouer le top 10, on retrouvera sur le désuet mais si charmant vélodrome roubaisien des coureurs-gladiateurs qu’on n’aurait, de prime abord, pas imaginés à une si bonne place. C’est toujours le cas. La reine des classiques a toujours ses habituels courtisans. Auxquels se mêlent des invités surprises, comme l’an passé le Belge Tom Devriendt qui avait fini au pied du podium alors que le Français Adrien Petit réglait Matej Mohoric pour la sixième place. Qui avait vu venir, l’année précédente, la deuxième place de Florian Vermeersch ?

Un bond dans l’histoire

Voilà bien le coureur type qui peut, dans un jour de grâce, remporter le seul Monument français de la saison. Et jouer dans la cour de Mathieu Van der Poel et de son habituel rival, Wout van Aert, plantés par Tadej Pogacar sur le Ronde et toujours à la recherche, du haut de leurs 28 ans, d’un premier pavé roubaisien. À l’instar du Danois Mads Pedersen qu’on voit venir, gros comme une maison. S’il est épargné par la malchance, l’ancien champion du monde aura, lui aussi, une occasion de remporter son premier Monument.

C’est la magie de Roubaix, une classique pas comme les autres qui garde un pouvoir d’attraction unique. Les coureurs sont prêts et les fans aussi, devant leurs télévisions. Sur les 29 secteurs pavés d’un total de 54,5 km, il faut laisser la magie opérer. Chutes, crevaisons, subites défaillances et autres psychodrames, près du but, les trois dernières de course, à compter de la fameuse Tranchée d’Arenberg, sont si intenses qu’il est impossible de décrocher.

C’est la clé du succès de Paris-Roubaix que le Luxembourgeois François Faber a remporté en… 1913. Alex Kirsch, seul coureur du pays en lice, qui aura de nouveau la tâche d’escorter au mieux ses leaders Mads Pedersen et Jasper Stuyven, deux belles cartes de Trek-Segafredo, sait donc ce qui lui reste à faire, sait-on jamais dans Paris-Roubaix…

Depuis le début de ce siècle, seuls deux coureurs luxembourgeois auront eu les honneurs du top 20. Tom Flammang en 2002 (19e) et Jempy Drucker en 2016 (20e). Pas assez pour battre Johny Schleck, 18e en 1971 (succès de son coéquipier belge Roger Rosiers). Un peu d’histoire, ça ne fait jamais de mal !