Après un Milan-San Remo d’anthologie, Tadej Pogacar revient défier les spécialistes pour la troisième fois de sa carrière sur le Tour des Flandres qu’il a remporté en 2023. Ça promet un sacré spectacle…
C’est un combat de titans appelé à se prolonger jusque dans une semaine avec Paris-Roubaix. Franchement, comment faire la fine gueule et ne pas saliver devant le spectacle qui nous attend? Depuis que Tadej Pogacar, désormais triple vainqueur du Tour, relève le défi de s’aligner au départ des Monuments (pour la première fois, il sera au départ de l’Enfer du Nord) et de les remporter (seul Milan-San Remo et donc Paris-Roubaix ne sont pas tombés dans son escarcelle), l’intérêt pour les plus fameuses courses d’un jour, s’en est trouvé démultiplié.
Avant lui, on ne voyait pas Miguel Indurain, Lance Armstrong, Alberto Contador, Chris Froome, pour ne citer qu’eux, se risquer sur les classiques de printemps. On ne voit pas plus Jonas Vingegaard d’ailleurs.
Loin dans le passé, il faut remonter à Eddy Merckx et à Bernard Hinault (même si le champion français s’aventurait, on ne peut plus prudemment, sur les classiques de pavés) pour retrouver la trace de cet esprit aventurier.
Le champion du monde slovène semble bien à part dans le monde et l’histoire du cyclisme, même si à l’évidence, le Belge Remco Evenepoel, encore à l’arrêt sur blessure, est son cousin éloigné.
Tadej Pogacar ne court jamais à l’économie. Il rend ainsi obsolète la règle qui a longtemps prévalu, que la seule façon qui vaille était justement de courir à l’économie, de ne se découvrir que dans les derniers kilomètres.
Lui préfère se fier à son instinct et ne compte jamais ses efforts. Il est vrai que ses moyens physiques sont tout simplement hors nomes. Ce qui fait la différence…
Bien sûr, l’intéressé, qui reste généralement très apprécié par ses pairs en dépit de son singulier appétit de glouton, se délecte de ce jeu devenu viral. Il défie les meilleurs spécialistes des classiques du moment avec componction.
Mais c’est du feu ardent qui coule dans ses veines. Une nouvelle fois, il s’est fait avoir sur Milan-San Remo par Mathieu Van der Poel. Alors, il rappelle au souvenir de tous l’édition 2023 où sur ce même Tour des Flandres, il a eu la peau dure du Néerlandais au bout d’un long raid en solitaire, sa marque de fabrique qu’il partage d’ailleurs volontiers avec son meilleur rival sur ces classiques.
Pour 2025, «MVDP» a donc remporté le premier round sur la Via Roma le 22 mars dernier. Le deuxième round peut commencer, puisqu’il y en aura trois pour ce printemps un peu fou, étant donné que si le Slovène compte prolonger l’euphorie jusqu’aux Ardennaises, le Néerlandais, pas fou, ne va pas s’y aventurer cette année.
Suivi par un large public
Le duel annoncé alimente donc les passions bien au-delà du seul cyclisme. L’affiche aguiche un large public justement réconcilié avec ce sport séculaire et défraîchi, depuis que des doux dingues se sont mis en tête de revisiter le sens du mot épopée.
Cela ne nous dit pas qui va prendre le dessus dimanche sur les monts des Flandres. Chacun des deux grands favoris a de solides arguments. Mathieu Van der Poel, encore irrésistible vendredi dernier sur l’E3 à Harelbeke, paraît dans la forme de sa vie. Presque intouchable.
Il court juste et bénéficie d’une équipe sans grands noms ronflants, mais solide et efficace. Tadej Pogacar, qui vient juste de reconnaître les pavés de Roubaix à la vitesse grand V, n’est pas en reste. Plus léger que son rival, il peut profiter de ses qualités d’escaladeur pour mettre à mal «MVDP», ou plutôt tenter de le faire. Car lui-même ne cède pas facilement.
Reste à voir quel rôle tiendront les outsiders. Wout Van Aert, qui sera secondé par un excellent Matteo Jorgenson chez Visma-Lease a Bike, pourrait se servir de ce beau duo. Comme Valentin Madouas et Stefan Küng chez Groupama-FDJ.
Le Danois Mads Pedsersen (Lidl-Trek), comme l’Italien Filippo Ganna (Ineos Grenadiers) semblent dans leur meilleure forme et ont manifestement les moyens de peser, même si d’homme à homme, ils sont un petit cran en dessous du duo favori.
L’hypothèse de revoir une surprise comme Neilson Powless, vainqueur mercredi de la plus modeste À travers la Flandre, semble assez improbable, même si l’intéressé a ses meilleures jambes.
Côté luxembourgeois, Alex Kirsch, souffrant d’une grippe depuis cette semaine, fait l’impasse la mort dans l’âme. Bob Jungels, capitaine de route chez Ineos Grenadiers, va épauler son leader, Filippo Ganna.
Enfin, Arthur Kluckers, au rôle de coéquipier chez Tudor auprès de Matteo Trentin, va découvrir à 25 ans le Tour des Flandres au bout d’une longue série de courses d’un jour…