Henry Anglade, décédé à l’hôpital de La Croix-Rousse à Lyon à l’âge de 89 ans, est resté dans l’histoire pour être passé près de la victoire dans le Tour 1959 et s’être entretenu l’année suivante avec le général de Gaulle, alors chef de l’État, lors d’une halte improvisée à Colombey-les-deux-Églises.
L’ancien champion cycliste s’est éteint « tranquillement » à l’hôpital de la Croix-Rousse dans le 4e arrondissement de Lyon où il avait été admis depuis quelques semaines.
Surnommé par ses pairs « Napoléon » pour son caractère, sa perspicacité et son sens tactique, le Lyonnais d’origine lorraine, né le 6 juillet 1933 à Thionville près de Metz, fut champion de France à deux reprises, en 1959 puis en 1965. La seconde devant les deux champions de l’époque, Raymond Poulidor (2e) et Jacques Anquetil (3e).
Mais c’est dans le Tour de France – dix participations entre 1957 et 1967 – qu’Anglade, aussi élégant qu’entreprenant, construisit sa réputation. Il se classa deuxième de l’édition 1959, devant Anquetil.
Cette année-là, les deux chefs de file de l’équipe de France (Jacques Anquetil et Roger Rivière) se mirent d’accord pour faciliter la victoire de l’Espagnol Federico Bahamontes aux dépens d’Anglade, le vainqueur du Critérium du Dauphiné qui courait pour l’équipe régionale Centre-Midi et risquait de leur voler la vedette.
Échappé avec ses deux compatriotes et le Luxembourgeois Charly Gaul dans l’étape menant à Aoste, Anglade ne trouva auprès d’eux aucune franche collaboration. Bahamontes, distancé un temps de plusieurs minutes, sauva ainsi son maillot jaune.
Maître-verrier
La suite n’allait pas être plus heureuse pour Anglade, intégré à l’équipe nationale l’année suivante. Il s’empara rapidement du maillot jaune mais le perdit sur une attaque menée par plusieurs « pointures », entre autres Rivière qui était pourtant son coéquipier.
À l’arrivée à Lorient, furieux et visionnaire, le Français prédit le succès de l’Italien Gastone Nencini du fait des limites de Rivière en descente. Le pronostic se réalisa après la chute dramatique du détenteur du record de l’heure dans le col du Perjuret.
Quelques jours plus tard, Anglade représentait le peloton auprès du général de Gaulle, qui séjournait dans sa propriété de la Boisserie, à Colombey-les-deux-Églises (Haute-Marne).
Il fallait que le Tour le salue. On me chargea de monter l’opération auprès des leaders qui furent tous d’accord pour une halte. Le président était au bord de la route. On est descendu de vélo. Il est venu, serrant cinq ou six mains », racontait plus tard « Napoléon ». « Cette poignée de main a marqué ma carrière. C’est le plus grand moment de ma vie ».
Coureur professionnel de 1956 à 1967, directeur sportif occasionnel ensuite, ce pratiquant de yoga trouva sa voie dans une activité de maître-verrier. Il réalisa plusieurs vitraux de la chapelle Notre-Dame-des-Cyclistes à Labastide d’Armagnac (Landes), un sanctuaire unique en France.