Christine Majerus prendra samedi le départ de Paris-Roubaix sans ambition personnelle. Chez SD Worx, Lotte Kopecky est logiquement la grande leader.
Après Gand-Wevelgem disputé dans des conditions difficiles, puis le Tour des Flandres, dans quel état physique vous présentez-vous au départ de Paris-Roubaix ?
Christine Majerus : Le Tour des Flandres, ça pouvait aller mais je pense que comme tout le monde, j’avais encore Gand-Wevelgem dans les jambes. Avant les Flandres, j’avais passé une semaine difficile pour récupérer et comme j’avais enchaîné pas mal de courses, je pensais que je serais un peu juste. Mais au final, je m’en suis bien sortie. J’étais contente de mon travail et surtout de la victoire de Lotte (Kopecky). Avec la deuxième place de Demi (Vollering), je pense que c’était une journée parfaite pour l’équipe. On avait su éviter tous les pièges et placer les bonnes personnes au bon moment. Lotte est tellement en forme, je suis contente pour elle et pour l’équipe.
On a l’impression que votre équipe SD Worx n’a jamais tant dominé. Depuis une dizaine d’années que vous êtes dans cette équipe, avez-vous déjà connu de tels moments ?
Les faits sont là, disent exactement ça. On a connu un printemps super, je ne suis pas du genre à compter les victoires, mais il faut dire les choses comme elles sont (Lotte Kopecky a remporté le Het Nieuwblad, Nokere Koerse et le Tour des Flandres, Demi Vollering s’est imposée sur les Strade Bianche et dans À travers la Flandre, Marlen Reusser a gagné Gand-Wevelgem et Lorena Wiebes a raflé la Ronde de Drenthe et le Grand Prix de l’Escaut).
C’est exceptionnel. On a su se mettre à l’abri des chutes, ça se provoque également de se mettre à l’abri. On a bien travaillé de ce côté-là et au final, nos leaders étaient en très grande forme dès le début de saison. Ce qui fait que de course en course, nous sommes en confiance et les autres moins. Du coup, on essaie de maintenir ça, mais on sait pertinemment qu’à un moment, on va quand même perdre (elle rit). C’est le sport et je ne pense pas que ça puisse continuer éternellement comme ça. C’est très bien aussi. On essaie de maintenir ce niveau et ces résultats le plus longtemps possible.
Évoquons ce Paris-Roubaix avec, on l’imagine, Lotte Kopecky grande leader ?
Oui, on y va très clairement avec une seule leader, Lotte. Je pense que ces dernières années, on n’a pas gagné à cause de ça (succès d’Elizabeth Deignan en 2020 et d’Elisa Longo Borghini en 2021). On avait des ambitions de trop de personnes différentes dont la mienne. Cette année, c’est tellement clair que Lotte est la plus forte. Si on veut gagner, si on veut mettre toutes nos chances pour que SD Worx gagne cette course, c’est avec Lotte et avec personne d’autres. Je n’ai absolument aucun argument pour contredire cette décision-là. C’est très bien, j’accepte.
En ce qui me concerne, je pense que la seule chose qui changera, c’est que je n’aurai pas à faire le travail sur les cent premiers kilomètres, ce que je fais habituellement. Je vais demander à pouvoir m’économiser pour la fin, parce qu’il faudra quelqu’un avec elle encore et j’espère être celle-là au cas où il faudrait faire quelque chose pour elle. Du coup, j’espère pouvoir m’économiser un peu au début en fonction de la course, avec l’espoir de pouvoir faire un petit résultat dans la foulée. Mais la priorité est très clairement de gagner cette course après deux années, où on a échoué.
Sur Roubaix, il faut toujours continuer et y croire jusqu’à la ligne, ne jamais s’avouer vaincue
Il restera alors en effet la possibilité pour vous de faire une place…
Oui, je ne dis pas non, de toute façon l’équipe sait aussi très bien que c’est la course que je porte le plus dans mon cœur alors, si je peux faire un petit résultat pour moi-même… Mais la priorité, c’est Lotte. Une fois que j’ai fait ça et qu’elle s’est envolée (elle rit), je ne vais surtout pas abdiquer, ranger mon vélo sur le côté et attendre le gruppetto. Notamment sur Roubaix, il faut toujours continuer et y croire jusqu’à la ligne, ne jamais s’avouer vaincue.
Vous concernant, on a l’impression que vous avez retrouvé toutes vos sensations depuis votre retour à la compétition fin février…
Je pense que physiquement, j’étais bien, voire très bien. Je pense avoir retrouvé mon niveau d’avant (la chute survenue fin août). Là où physiquement, je n’ai pas pu faire ce que je voulais, c’est en termes de gainage et de renforcement musculaire du haut du corps. Je suis moins puissante qu’avant. Je préfère me concentrer sur l’essentiel, c’est le vélo. Par contre, à ma reprise, j’ai eu des difficultés dans le peloton avec la prise de risque. Cela va mieux depuis le Tour de Normandie où j’ai enchaîné plusieurs courses. Le début de saison était compliqué pour moi dans le peloton, je perdais beaucoup d’énergie à rouler dans le vent pour ne pas prendre de risque. Je freinais quand il ne le fallait pas. Ça commence à aller mieux.
Quelle sera la suite de votre programme ?
Pour ce printemps, Roubaix sera ma dernière course avec l’équipe. Après, j’aurai encore des courses avec l’équipe nationale dont le Festival Elsy-Jacobs (29-30 avril) et deux courses en Bretagne dont je l’espère, le Grand Prix Morbihan (5 mai) et la Classique Morbihan (6 mai). Du coup, ce sera la fin de mon printemps.