De la crise sanitaire aux critiques environnementales, en passant par le désintérêt des plus jeunes pour le spectacle sportif, les chantiers de Thomas Bach sont nombreux après sa réélection mercredi à la tête du Comité international olympique.
Tokyo, malgré le Covid
Si le CIO assure que les Jeux de Tokyo, reportés d’un an en raison de la pandémie, pourront bien se tenir du 23 juillet au 8 août, personne ne peut prévoir l’évolu tion de la crise sanitaire et la progression de variants plus contagieux du Covid-19.
L’instance a donc prévu une nuée de mesures de protection, qui promettent des Jeux peu festifs, tout en s’adaptant aux décisions des autorités locales: mardi, plusieurs médias japonais affirmaient que les JO se dérouleraient sans spectateurs venus de l’étranger.
Impact climatique
Avec leurs énormes chantiers, leurs vols longue distance et leurs montagnes de déchets, les grands événements sportifs ont un impact environnemental d’autant plus décrié qu’ils relèvent du spectacle, loin des activités humaines essentielles.
Conscient du risque pour l’image des Jeux, le CIO privilégie désormais les candidats dotés de la plupart des installations, comme Paris-2024 ou Los Angeles-2028, laissant présager une rotation de l’événement entre plusieurs hôtes récurrents.
Par ailleurs, l’instance olympique a promis fin janvier de « réduire de 45% d’ici à 2030 ses émissions directes et indirectes de gaz à effet de serre », alors que les JO devront « afficher un bilan carbone négatif à compter de 2030 ».
Parmi les pistes testées dès Tokyo: des véhicules roulant à l’hydrogène, des médailles créées à partir de téléphones portables recyclés et des podiums tirés de déchets plastiques. Pékin-2022 prévoit de son côté « des systèmes de réfrigération naturels » pour les sports de glace.
Neutralité politique
Marqués par une série de boycotts dans les années 1970 et 1980, les Jeux olympiques ont vu resurgir les débats politiques avec Pékin-2008 ou Sotchi-2014, autour du respect des droits de l’homme par les pays-hôtes.
À moins d’un an des Jeux d’hiver de Pékin-2022, les appels à boycotter l’événement se multiplient en raison de la répression par le pouvoir chinois de la minorité musulmane des Ouïghours, qui s’ajoute au sort du peuple tibétain.
L’année prochaine promet des discussions plus larges sur l’opportunité d’attribuer les grands-messes sportives à des régimes autoritaires, puisque le Qatar accueillera fin 2022 un Mondial de football déjà polémique.
Mais pour le CIO, ce débat se double de la refonte en cours de l’article 50 de la Charte olympique, qui bannit pour l’heure toute « démonstration ou propagande politique », et paraît inadapté à l’heure du soutien affiché par nombre de sportifs à des mouvements comme « Black Lives Matter ».
Finances
En redistribuant 90% de ses recettes, le CIO joue un rôle clé dans le financement du sport mondial et a d’ailleurs débloqué l’an dernier environ 100 millions de dollars (84 millions d’euros) pour soutenir les fédérations internationales, les comités olympiques nationaux et les athlètes face à la pandémie.
Depuis l’arrivée de Thomas Bach, l’instance olympique a verrouillé à long terme les droits TV des Jeux, signant jusqu’en 2032 avec la chaîne américaine NBC, et doublé les recettes de son programme de sponsoring international « TOP » entre les cycles 2013-2016 et 2017-2020.
Le CIO ambitionne de les porter à 3 milliards de dollars (2,5 milliards d’euros) sur la période 2021-2024, et dit avoir « déjà sécurisé pour 4,1 milliards de dollars (3,45 milliards d’euros) de contrats pour 2029-2032 ».
Enfin, l’organisation prévoit de regrouper les qualifications aux JO en un événement unique, alors qu’elles sont aujourd’hui éclatées en une multitude de compétitions rarement retransmises, dans le but d’intéresser les diffuseurs.
Sport virtuel
Comme les instances du football, inquiètes du désintérêt des jeunes générations, le CIO veut préparer l’avenir en modernisant ses épreuves mais aussi en encourageant « le développement des sports virtuels ».
L’idée est d’aider les fédérations internationales « à mettre au point des formes virtuelles et simulées de leur sport », qui existent déjà en cyclisme ou en tir à l’arc, et peut-être d’inscrire à terme ces nouvelles épreuves au programme des Jeux.
Le CIO devra pour cela négocier des accords de licence avec les éditeurs de jeux, comme le fait déjà la FIFA, un territoire nouveau pour l’instance olympique.
AFP