Le Marocain Azzedine Ounahi ne veut plus entendre que le Maroc, qui s’est un temps vu comme « le Brésil de l’Afrique », peut se contenter du « beau jeu » : il veut maintenant gagner la Coupe d’Afrique, à commencer par son 8ᵉ de finale contre l’Afrique du Sud (mardi 21 h) à San-Pédro.
« Je suis marocain, je suis né au Maroc, j’ai regardé je ne sais pas combien de CAN, quand l’équipe nationale fait le beau jeu, qu’on fait un gros match et qu’à la fin on perd, on insulte tous les joueurs », racontait dans un grand sourire le joueur de l’Olympique de Marseille lors d’un rendez-vous organisé par le club fin décembre avec plusieurs médias.
« C’est ça le problème, on part en Côte d’Ivoire (pour un amical en octobre) en se disant qu’on était le Brésil de l’Afrique, on a fait 1-1 et on a été vraiment nuls ! » estimait Ounahi. « Il n’y a pas de ‘tiki-taka’, pas de ‘on a fait le beau jeu’, il faut gagner, jouer chaque match à 100%. L’objectif de tout le monde c’est de ramener la CAN », martelait-il.
Il sait de quoi il parle : il faisait partie de l’équipe éliminée en quarts de finale de la dernière Coupe d’Afrique par l’Égypte (2-1 a.p.) alors que les « Lions de l’Atlas » menaient 1-0. Un match terminé par une bagarre générale dans les couloirs du stade Ahidjo de Yaoundé.
« J’ai fait la dernière CAN avec Vahid (Halilhodzic, prédécesseur sur le banc de Walid Regragui), c’était un peu dur. Mais Vahid m’a beaucoup aidé, même si je n’ai pas beaucoup joué », rembobinait Ounahi, resté sur le banc après la phase de groupes.
« Le Ounahi de la Coupe du monde »
En 2022, « j’observe tout, je sais que je peux entrer, et deux ans plus tard je suis un joueur important de l’équipe nationale », ajoutait-il. « Aujourd’hui, on commence à retrouver le Ounahi de la Coupe du monde. Je suis content », a-t-il dit en recevant son trophée d’homme du match contre la Tanzanie (3-0) après sa première rencontre dans cette CAN. « Maintenant, c’est à moi de travailler pour retrouver le rythme et retrouver le vrai Ounahi. »
Celui titulaire au Qatar a écrit l’histoire du football africain grâce à un parcours conclu en demi-finale, justement en faisant preuve de réalisme. « Mais si tu finis demi-finaliste de la Coupe du monde, ça ne veut pas dire que tu vas gagner la CAN », prévenait Ounahi. « Ce ne sont pas les mêmes matches, pas les mêmes terrains, pas le même climat et pas le même football. »
Il n’avait pas retrouvé son niveau dans une première moitié de saison difficile à l’OM, où il n’a mis que 2 buts en 17 matches. Mais Ounahi a souffert, « plus des trucs personnels que le foot », expliquait-il. « J’ai perdu mon meilleur ami », a-t-il confié à beIN Sports. « J’ai mis du temps à revenir ».
Ancien espoir marocain, Oussama Falouh est mort à 24 ans en novembre des suites d’un accident de la circulation. « L’avoir perdu, ça m’a énormément touché », a déploré Ounahi. « J’ai été lui rendre visite à la clinique. Je n’avais jamais imaginé le voir un jour comme ça devant moi sans rien pouvoir faire, ni avec l’argent, ni avec rien… »
Il pourrait, pour honorer sa mémoire, remporter la deuxième Coupe d’Afrique du Maroc après 1976. « Après ce qu’on a fait en Coupe du monde, tout le pays attend qu’on fasse une grosse CAN », concluait-il, promettant que son équipe ferait preuve de réalisme, cette fois. Pas comme le Brésil de l’Afrique.