« Je suis sûr que personne ne veut jouer contre nous » en Ligue des champions, a plaisanté mercredi Thomas Tuchel, qui a fait de Chelsea un épouvantail pour les quart de finale, avec sa défense de fer, ses joueurs transfigurés et un mental en acier.
On ne passe plus!
En passant de 23 buts pris en 19 journées de championnat avec Frank Lampard à 2 buts encaissés en 10 rencontres depuis l’arrivée de Tuchel, la défense est le secteur où la transformation a été la plus radicale et la plus spectaculaire. La cage des Blues est restée inviolée lors de 11 des 13 rencontres qu’il a dirigées et il reste invaincu, un record pour un entraîneur « débutant » à Chelsea.
L’ancien technicien du PSG a opté pour une défense à trois centraux et un double pivot au milieu, ce qui donne beaucoup de contrôle dans le cœur du jeu et libère les latéraux pour participer au jeu offensif. Le travail défensif n’est évidemment pas que l’affaire des 5 de derrière. Face à l’Atlético, comme face aux autres adversaires, c’est aussi le pressing très agressif qui a étouffé les velléités offensives et permis de récupérer des ballons hauts.
Mais Chelsea est également capable de se regrouper rapidement et de défendre bas, comme il l’avait prouvé notamment contre Manchester United (0-0) et par moments contre l’Atlético. « C’est un gros, gros travail collectif et je suis très heureux parce qu’il y a des phases où on est excellent avec le ballon, mais on ne perd jamais en intensité quand on est face au ballon », avait-il souligné après le match.
« On a été très courageux dans notre façon de défendre et on a su s’adapter à tous leurs changements », s’était-il réjoui.
Des parias remobilisés
Choisi par Chelsea aussi pour se placer au chevet de recrues en grande difficulté, Tuchel a parfaitement réussi son affaire. Sur l’ouverture du score contre l’Atlético, Kai Havertz, Timo Werner et Hakim Ziyech, trois des plus grosses recrues estivales, ont enfin combiné comme dans les rêves des recruteurs qui les ont fait venir.
Il reste encore du travail avant que la paire allemande ne devienne la machine à buts promise, mais le spectre d’un accident industriel, après plus de 250 millions d’euros investi cet été, semble écarté. Son apport s’est aussi fait sentir auprès de joueurs plus anciens mais délaissés.
On pense à son compatriote Antonio Rüdiger, dont l’agressivité en défense en fait le patron en l’absence de Thiago Silva, ou à Marcos Alonso, qui relègue le plus souvent sur le banc Ben Chilwell, qui a pourtant coûté plus de 50 millions d’euros cet été.
Même Ngolo Kanté, auteur mercredi d’une de ses toutes meilleures prestations européennes, semble revigoré par la confiance absolue et l’admiration indéfectible que lui témoigne son coach publiquement.
Une « explosion » psychologique
On parle souvent de « choc psychologique » au remplacement d’un entraîneur, mais l’expression semblerait ici bien faible. D’une équipe qui cherchait son football, qu’on disait contaminée par des rivalités pas très saines, Tuchel a fait un collectif dominant.
Dans les déplacements, dans la qualité des passes, dans l’impression que tout le monde sait clairement ce qu’il a à faire, tout respire la confiance et on a du mal à croire que cela s’est fait en quelques semaines à peine. La cohésion du groupe a aussi été saluée par l’entraîneur.
Il suffit pour s’en convaincre de voir la façon dont Mason Mount, Jorginho et Thiago Silva, absents pour diverses raisons mais présents dans les tribunes, ont célébré le deuxième but dans le temps additionnel, comme s’ils étaient dans le kop de Stamford Bridge.
Les joueurs « jouent avec un lien spécial et les résultats vous donnent un certain avantage et une certaine cohésion qui permet d’atteindre des objectifs particuliers », avait souligné Tuchel après le match. Et c’est presque avec appétit qu’il suivra le tirage au sort des quarts de finale de la C1 vendredi, où son Chelsea fera figure d’épouvantail à éviter. Surtout pour le Paris SG, son ancien club, qui l’avait limogé sans ménagement fin décembre…
AFP/LQ