Attaquant prodige, champion du monde et maintenant finaliste de Ligue des champions : avant le choc contre le Bayern Munich, le mythe Kylian Mbappé s’amplifie encore à Bondy, sa ville d’origine près de Paris.
« Ouais, moi je le connais ! » « Mais nan, il mytho ! ». Pas facile de démêler le vrai du faux en évoquant le champion du monde avec les ados qui caressent le cuir derrière le stade Léo-Lagrange de l’AS Bondy, en Seine-Saint-Denis, là où l’international français a passé ses premiers petits ponts.
Mais la lueur de fierté dans les yeux de Preston Nsifua, 13 ans, au moment d’évoquer sa rencontre avec le champion du monde 2018, ne trompe pas. « Je l’ai vu à la boulangerie, il est sorti d’une grosse voiture noire avec les vitres teintées, il a fait : Salut les gars ! », raconte-t-il en mastiquant énergiquement son chewing-gum. Comme Mbappé, Preston joue à l’ « ASB ». Comme Mbappé, il a été surclassé, « en U16 ». Il a même été entraîné par Wilfried, le père, et joue parfois avec Ethan, le frère. Alors « évidemment », il s’imagine le même destin que lui. Et se sent « fier » d’appartenir au club des débuts de son idole, même si lui et ses copains aimeraient le voir plus souvent.
« Ça fait un moment qu’il n’est pas venu à Bondy. Avant, il venait tous les week-ends, quand il n’avait pas match à Monaco (son club entre 2015 et 2017). Il tirait contre un gardien au stade, on pouvait le checker », se remémore un des garçons. « Aujourd’hui, on ne peut plus, la dernière fois, j’ai essayé de le toucher, le vigile m’a giflé la main ! Il y avait la police, un hélico ! », s’exclame un autre.
« La ville de tous les possibles »
Né en 1998, « Kyky » est déjà une légende sur ses terres. La fresque géante en son honneur qui couvrait Le Potager, immense barre HLM de la ville, était devenue une attraction devant laquelle touristes et Bondynois aimaient se prendre en selfie. En juin 2018, son portrait a quitté cette zone coincée entre une nationale, l’autoroute A3 et une départementale, pour aller s’afficher au Stade de France. Toujours dans son « 9-3 » qui l’a vu grandir.
Couvé par deux parents très impliqués dans le milieu sportif et associatif, l’une ancienne joueuse de handball, l’autre directeur sportif de l’AS Bondy, Kylian Mbappé, 21 ans, a franchi les paliers un par un : l’AS Bondy de 5 à 13 ans, puis l’INF Clairefontaine, le centre de formation de Monaco, le PSG, et l’équipe de France.
Pour Athmane Airouche, l’ex-président des 850 licenciés de l’AS Bondy, « tous les petits se voient en lui. » Son parcours « est une fierté pour la commune, on l’appelle maintenant la ville de tous les possibles », s’enthousiasme Jean-François Suner, directeur technique de la section football du club. Lui a coaché la star « chez les jeunes, mais pas longtemps à chaque fois, car il était toujours surclassé. » « Ça a été plus vite que prévu mais il est déterminé et travailleur, s’il y en avait bien un qui pouvait aller en finale de Ligue des champions, c’était lui », estime-t-il. « Au club, les petits ont tous le maillot Mbappé. Il n’y a pas de flocages Messi ou Ronaldo, il y en a même qui ont juste Kylian », rigole le directeur technique dont le club house affiche sur ses murs le visage du numéro 7 parisien.
Conséquence de cet engouement : « On reçoit plus d’attention, des joueurs viennent chez nous en pensant faire la même carrière que Kylian, et beaucoup de parents espèrent la même chose », souligne-t-il. « Mais des joueurs comme ça, c’est tous les 50 ans ! », prévient-il.
LQ/AFP