M. Hamane Niang, président de la FIBA, était présent pendant deux jours. Il a assisté aux quatre demi-finales. Et il a apprécié.
A quoi doit-on votre présence au Luxembourg?
Hamane Niang : Je souhaitais venir et la FLBB également. Nous avons regardé et en fonction de mon agenda, j’ai pu me déplacer pour ces deux jours de demi-finale.
Qu’en avez-vous pensé?
Avant, c’est la fête. Pendant le match, c’est la compète et une fois le match terminé, tout le monde se retrouve pour aller boire un coup. Et ça, j’apprécie beaucoup. Il faut continuer dans cette voie. Maintenant il reste à développer le professionnalisme.
« J’ai apprécié l’attitude des joueuses. Elles étaient les premières à aller voir leur coéquipière blessée »
On vous a vu aller auprès des joueuses du Telstar, qui ont été battues par le Basket Esch. Peut-on savoir ce que vous leur avez dit?
Je suis allé les voir car j’ai beaucoup apprécié leur attitude. Elles ont une joueuse blessée, tout de suite, les quatre autres viennent la voir, avant même les médecins. Elles ont une elle équipe, un très bon état d’esprit et une belle mentalité. Même si le match était joué, elles n’ont rien lâché et se sont battues jusqu’à la fin. Ce que j’ai vu pendant deux jours me plaît. Je suis très content d’être venu ici.
Avez-vous eu l’occasion de visiter un peu le pays?
Malheureusement, avec les deux matches et la pluie qui s’est abattue samedi, non je n’en ai pas eu le loisir. Mais avant de repartir ce lundi, si la pluie me le permet, j’ai bien l’intention de visiter un peu.
Votre visite est-elle également due à la présence de Sylvain Lautié, qui est entraîneur de l’équipe nationale dames du Mali?
Pas du tout! C’est en venant ici que j’ai eu la surprise de voir qu’il était là. C’est moi qui ai signé son premier contrat avec le Mali, en 2005, quand j’étais à l’époque président de la fédération malienne. Et même chose pour ma compatriote Adama Coulibaly. C’était une surprise et un plaisir de la voir. C’est un modèle pour les jeunes et c’est un joli clin d’oeil pour le basket féminin.
Vous avez récemment pris vos fonctions et vous insistez sur trois piliers qui vont guider votre mandat. Quels sont-ils?
Le premier, ce sont les fédérations. Les 214 fédérations de la FIBA. Certaines sont très fortes et d’autres ont besoin de soutien. On a commencé à le faire depuis des années. Et pendant mon mandat de 4 ans, j’espère avoir l’occasion de me rendre auprès de chacune. Le deuxième, ce sont les femmes. On souhaite qu’il y ait toujours plus de femmes. Pas seulement sur le parquet mais en tant que coach, qu’arbitre, président de fédération, dans les médias. On dit que la femme est la mère de l’humanité. Si tu as la femme, tu as tout, tu as les enfants, tu as tout le monde. Au comité exécutif de la FIBA nous avons deux femmes et on compte bien développer tout cela sous mon mandat.
« La disparition de Kobe Bryant a touché les gens bien au-delà du seul monde du basket »
Et le troisième?
L’élargissement de la famille. Nous sommes un village planétaire et on a pu constater récemment, avec la tragique disparition de Kobe Bryant, que ce drame avait touché les gens bien au-delà du seul basket. Kobe Bryant a été un ambassadeur exceptionnel de notre sport. Lors de la Coupe du monde en Chine, je me souviens que 9000 fans avaient payé un ticket pour assister à la cérémonie du tirage au sort. A sa disparition, on a vu que lors de toutes les compétitions, que ce soit du foot, du rugby, du golf ou du tennis on a salué la mémoire de Kobe Bryant. Aujourd’hui, on ne veut pas pleurer sa disparition mais continuer à transmettre ce message. Il ne faut pas attendre que le basket vienne à soi mais que notre sport aille dans les foyers.
Que pensez-vous de la relation entre la FIBA et la NBA?
Je trouve qu’elle s’est considérablement améliorée depuis le congrès de Séville en 2014. Ce congrès a changé la donne. Depuis, la NBA est membre du bureau central ou encore du comité exécutif de la FIBA. C’est David Stern, paix à son âme, qui avait été le premier commissionnaire à ouvrir la NBA aux Africains et son successeur, Adam Silver, valorise cet héritage. Désormais, il y a beaucoup plus d’étrangers en NBA que par le passé, les salles sont pleines, les gens sont heureux. Les relations avec la NBA sont tellement bonnes qu’on a décidé de créer la première ligue pro en Afrique, la Basket Afrique League, qui a été lancée au All-Star Game de Charlotte, en présence de Michael Jordan. C’est un bon message pour la jeunesse africaine, qui a un potentiel énorme, comme l’a prouvé Sirman Kanouté lors des derniers championnats du monde U19, où le Mali s’est incliné en finale face aux USA.
En tant que président de la FIBA, vous tenez également à rappeler les vertus de l’école?
Absolument. L’école doit être notre premier partenaire. Si la NBA est si forte, c’est également parce que la NCAA est un fantastique vivier. On doit travailler sur la reconversion des anciens joueurs. Voir comment aider ceux qui ont voué leur vie au sport. La FIBA est présente en Afrique, en Amérique, en Europe, en Asie, en Océanie et on se rend compte que les études et le sport doivent être liés. Quand un joueur a un diplôme et a fréquenté un sport-études, la reconversion est facile. Nous devons travailler et aller dans l’espace scolaire. Nous sommes des formateurs et nous avons un rôle à jouer. L’éducation comme la santé, d’ailleurs. Tout le monde doit travailler en intelligence afin de continuer à développer notre sport.
« Le Luxembourg a plus de chance de jouer les JO avec le 3×3 qu’avec le 5×5 »
Est-ce que le 3×3 est également un moyen de le développer?
J’aurais été malheureux de ne pas pouvoir m’exprimer sur le 3×3. Le plus bel exemple, c’est le Luxembourg. Le Grand-Duché a beaucoup plus de chances de disputer les JO en 3×3 qu’en 5×5. Le basket de rue se joue, je pense pouvoir le dire, à peu près partout. Nous avons voulu codifier cette discipline avec des structures, des règles et en faire un produit un produit qui peut être présenté au CIO. Et nous avons eu l’immense honneur en 2015 de voir le 3×3 accepté comme discipline olympique, si bien que les JO de Tokyo seront les premiers où le 3×3 sera présent. Mais auparavant, on a déjà vu qu’il suscitait un immense engouement lors des JOJ de Buenos Aires, avec énormément de monde dehors pour y assister. Le 3×3 peut changer la donne. Des joueurs qui ne se sentaient pas à l’aise à cinq contre cinq peuvent désormais peut-être trouver leur bonheur dans le 3×3. C’est une discipline qui a beaucoup d’avenir. Au départ, il y avait huit étapes de World Tour, on est passés à 12 et désormais 14! Le fait d’être reconnu par le CIO a véritablement donné un boum à cette pratique.
Propos recueillis par Romain Haas
Hamane Niang est âgé de 67 ans. Président de la FIBA élu à l’unanimité lors du congrès exécutif de Pékin en août dernier, ancien ministre des sports du Mali (2007-2011), il a présidé FIBA Africa de 2014 à 2019 et faisait partie du Board de la FIBA pendant cette période. Il a également été président de la fédération malienne de basket de 1999 à 2007. Membre de longue date de la commission des finances de la FIBA, il y a notamment côtoyé Marion Grethen, ancienne présidente de la FLBB.