« Les Detroit Pistons choisissent en 7e position… Killian Hayes » : à l’annonce du patron de la NBA, Adam Silver, le meneur de 19 ans est devenu mercredi le joueur le plus haut drafté de l’histoire du basket français.
Pandémie de coronavirus oblige, il n’y a pas eu la poignée de main traditionnelle avec le commissaire de la Ligue, ni le bouillonnement du Barclay Center rempli, où la cérémonie aurait dû initialement se produire à Brooklyn. Mais cela n’a pas empêché les cris de joie hurlés par le proche entourage de Hayes en entendant son nom en direct par visioconférence.
Lui a surtout éprouvé « un grand soulagement », a-t-il réagi par la suite. « Parce que dans ma tête, je savais que c’était Detroit, mais rien n’était garanti. Donc j’étais vraiment content. Vous avez pu voir la réaction de ma mère et de mon père, qui sautaient de joie. Il y a beaucoup d’excitation. Je me sens super fier de moi ».
Il faut dire qu’il a de quoi, car l’instant est historique : il fait mieux que le meneur Frank Ntilikina, drafté en 8e position en 2017 par les New York Knicks, et que le pivot Joakim Noah sélectionné en 9e position par Chicago en 2007.
Il est le 19e joueur français à être drafté au premier tour, 23 ans après le pionnier Tariq Abdul-Wahad, choisi en 11e position par les Sacramento Kings.
Trajectoire météorique
Même s’il est natif de Lakeland en Floride, Hayes, qui fera ses grands débuts dans le championnat le plus relevé du monde à partir du 22 décembre, va découvrir à Détroit un environnement totalement différent de ceux où il s’est construit en tant que jeune joueur. Il a été formé à Cholet, comme un certain Rudy Gobert avant lui, là où son père américain, DeRon, a aussi joué en pro; puis est allé s’escrimer en 1re division allemande l’an passé, au sein du Ratiopharm Ulm, afin de s’endurcir.
Jusqu’ici sa trajectoire a été météorique : champion d’Europe U16 en 2017, vice-champion du monde U17 en 2018, deux fois champion de France U18 (2016-2017, 2017-2018), champion de France Espoirs (2017/2018), ce gaucher, grand (1,96 m) et athlétique, capable de sang-froid dans les fins de matches serrées, a le potentiel pour s’imposer très rapidement parmi les titulaires chez les Pistons.
Il va intégrer une équipe dont la ligne arrière en était quelque peu le point faible, hormis la présence de Derrick Rose. « Je vais évidemment apprendre de lui, il a une telle connaissance du jeu, de la NBA… », s’est-il félicité. Hayes aura pour l’entourer une autre star, l’ailier Blake Griffin, et retrouvera un autre « Frenchie », Seykou Doumbouya, qui s’est lui bien installé dans l’effectif la saison passée. De quoi faciliter son adaptation.
« Inspirer les jeunes Français »
Un destin à la Tony Parker, meilleur Français de l’histoire de la NBA (quatre bagues de champion avec San Antonio), est ce qu’on peut lui souhaiter de mieux. « Je veux qu’on se souvienne de moi comme de quelqu’un qui veut gagner », déclarait-il en début de semaine. « Je sais que le basket prend de l’ampleur en France, mais il n’est pas aussi important que le football. Je veux inspirer les jeunes Français, leur faire prendre conscience qu’ils peuvent aller en NBA et que leurs rêves peuvent se réaliser », ajoutait-il.
La première partie du chemin est faite, et dans son sillage, Théo Maledon a lui été drafté en 34e position, au 2e tour, par Philadelphie qui l’a immédiatement envoyé à Oklahoma City, pour récupérer dans un échange le shooteur Danny Green. Une légère déception pour le meneur de 18 ans qui espérait être drafté au 1er tour. Mais moins grande que pour Killian Tillie, Abdoulaye Ndoye et Mouhamed Thiam, finalement non draftés.
Plus tôt, c’est l’arrière Anthony Edwards qui a été choisi en première position par les Minnesota Timberwolves, où il formera un trio prometteur avec le pivot Karl-Anthony Towns et l’arrière D’Angelo Russell. L’intérieur James Wiseman a été pris en 2e position par les Golden State Warriors, tandis que les Charlotte Hornets, franchise propriété de Michael Jordan, ont eux opté pour le meneur LaMelo Ball en 3e position.
LQ/AFP