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[Basket] Brittney Griner, militante et basketteuse hors normes


Brittney Griner a marqué l’histoire de son sport.  (Photo : afp)

La star américaine du basket Brittney Griner, libérée jeudi dans le cadre d’un échange de prisonniers entre Washington et Moscou, est l’une des joueuses les plus dominantes au monde, une notoriété qu’elle a mis au service de la défense des communautés noires et LGBT+.

Arrêtée en février dans un aéroport de Moscou avec une vapoteuse et du liquide contenant du cannabis, elle était ces derniers mois au centre d’un bras de fer diplomatique entre les États-Unis et la Russie, sur fond de guerre en Ukraine. Condamnée à neuf ans de prison pour «trafic de drogue» en août, la joueuse de 32 ans était détenue dans une colonie pénitentiaire.

Culminant à 2,06 m et chaussant du 54, Brittney Griner, qui joue au poste d’intérieur, s’est imposée comme une des meilleures basketteuses dans les raquettes adverses et en défense depuis ses débuts professionnels.

« C’est le futur du basket »

De sa taille, Griner a tiré une arme rare dans le basket féminin : le dunk. C’est d’ailleurs par ce geste spectaculaire que la joueuse s’est fait connaître en 2007, dans une vidéo devenue virale. À une main, deux mains, en s’accrochant à l’arceau… À 17 ans, Griner montrait déjà une belle panoplie : «Nous nous disions simplement « c’est le futur du basket »», raconte au magazine Time Diana Taurasi, sa future coéquipière au Mercury de Phoenix, franchise de la WNBA, le championnat nord-américain professionnel de basket féminin.

Elle fut ainsi la première joueuse de l’histoire du championnat du monde à réaliser un dunk en 2014, face à la Chine en phase de groupes : «J’étais extrêmement heureuse. Après, j’ai demandé à mes amis, ma famille : vous l’avez vu ?», livrait-elle après sa performance.

Arrivée avec l’étiquette de phénomène physique dans la ligue américaine, Griner est sélectionnée en première position de la draft en 2013 et révèle au public qu’elle possède de plus grandes mains que LeBron James, star masculine de la discipline.

Dès sa deuxième année, Griner remporte le titre avec la franchise de l’Arizona, apportant déjà une contribution offensive et défensive remarquable.

Figure de la communauté LGBT+

Mais sa vie dépasse largement la balle orange. Dès 2013, elle révèle son homosexualité lors d’un entretien accordé au magazine Sports Illustrated. Elle explique avoir été harcelée pendant son enfance : «C’est dur. Être harcelée parce qu’on est différent. Le fait d’être plus grande, ma sexualité, tout…».

Un an plus tard, elle publie son autobiographie, In My Skin. «Je suppose que j’ai commencé à me sentir différente quand tout le monde a commencé à me dire que je l’étais», écrit-elle.

Au collège, «j’étais plate et mince, ma voix était basse.» Les enfants se moquaient d’elle dans les couloirs : «Elle doit être un garçon. Elle n’est pas vraiment une fille.»

«Tu peux faire ta valise et dégager d’ici!», lui a crié son père quand elle lui a fait part de son orientation sexuelle.

Une cible importante pour la Russie

Figure de la communauté LGBT+, la native de Houston au Texas, qui a grandi avec deux sœurs et un frère, devient la première égérie gay de Nike, prenant part à des séances photo où elle porte des vêtements pour homme.

En 2020, dans le sillage des manifestations historiques contre les violences policières subies par les Afro-Américains, après la mort de George Floyd et de Breonna Taylor, Griner est une des premières basketteuses à demander à la WNBA de ne plus faire jouer l’hymne national avant les matches : «Ne vous y trompez pas, Griner était détenue en Russie sous des chefs d’accusation fallacieux en tant que prisonnière politique en raison de son identité d’Américaine. Le fait que Griner était à la fois noire et LGBT+ a fait d’elle une cible encore plus importante», a déclaré dans un communiqué l’association de défense de la cause afro-américaine National Black Justice Coalition après la libération de la basketteuse.

Quatre Euroligues remportées

Parallèlement à sa carrière au Mercury de Phoenix, Griner joue parfois à l’intersaison pour des clubs chinois ou européens, comme le font certaines joueuses de WNBA, notamment pour des salaires plus élevés. Elle remporte ainsi quatre Euroligues avec le club russe d’Ekaterinburg et devient populaire dans le pays. Elle accumule en outre les titres en sélection : double championne olympique en 2016 et 2020, elle glane aussi deux championnats du monde en 2014 et 2018.

En septembre, son ombre a plané au-dessus du Mondial-2022 en Australie, remporté par la Team USA. Les joueuses, qui lui ont envoyé par e-mail des «messages d’amour, de soutien et d’encouragements» pendant sa détention, n’ont pas porté son maillot siglé du numéro 15 pendant la compétition.