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Au Brésil, la chasse aux nouveaux talents du MMA


Avec une vingtaine d'autres lutteurs, Caio Borralho s'entraîne dans une salle du centre de Sao Paulo avec un seul objectif en tête: remporter le titre des poids moyens (84 kg), catégorie qui a longtemps été la chasse gardée d'Anderson Silva. (Photo AFP)

Caio Borralho a abandonné ses études de chimie pour faire carrière dans le MMA, sport où le Brésil cherche de nouveaux talents après avoir brillé lors de la dernière décennie. A 30 ans, il rêve de reprendre le flambeau.

En MMA, le Brésil est orphelin de grandes stars depuis la retraite du légendaire Anderson Silva en 2020, où d’Amanda Nunes, elle aussi considérée comme l’une des meilleures de tous les temps, et qui a raccroché les gants en juin dernier.

Le géant pays sud-américain demeure bien représenté dans le championnat le plus prestigieux, l’UFC (Ultimate Fighting Championship), avec un cinquième des lutteurs classés dans le top 15 des 13 catégories de poids.Mais un seul d’entre eux est actuellement détenteur d’une ceinture de champion du monde: Alexandre Pantoja, chez les poids mouches.

« Nous vivons une période de transition. Si nous n’avons qu’un seul champion du monde actuellement, c’est en raison du manque d’investissement dans le développement de nouveaux talents », dit à l’AFP Caio Borralho, multiples tatouages et coiffure soignée. « Dans d’autres pays, il y a davantage de soutien, et cela fait la différence sur le long terme. Il nous faut concentrer les efforts sur les jeunes et nous pourrons ainsi dominer à nouveau ce sport », ajoute-t-il.

« ADN brésilien »

Avec une vingtaine d’autres lutteurs, Caio Borralho s’entraîne dans une salle du centre de Sao Paulo avec un seul objectif en tête: remporter le titre des poids moyens (84 kg), catégorie qui a longtemps été la chasse gardée d’Anderson Silva. Né à Sao Luis, dans le Maranhao (nord-est), il a gagné les quatre combats disputés depuis ses débuts en UFC, en avril 2022.

Mais il sait que d’autres Brésiliens sont mieux placés pour remettre leur pays sur le toit du monde, comme Charles « Do Bronx » Oliveira (légers) ou Alex Pereira (mi-lourds), déjà sacrés par le passé. « J’ai encore besoin de plus d’heures de vol, d’enchaîner les combats pour emmagasiner de l’expérience », admet celui qui a abandonné ses études universitaires alors qu’il ne lui restait plus qu’un an pour obtenir son diplôme en chimie industrielle.

Après avoir été initié aux arts martiaux en faisant du judo quand il était enfant, Caio Borralho s’est initié au MMA à 19 ans. Cette discipline qui a connu un essor considérable lors des dernières décennies est intimement liée au Brésil. Le jiu-jitsu brésilien est un art martial essentiel pour être compétitif lors des phases de combat au sol, et les championnats comme l’UFC, co-fondé il y a 30 ans par le Brésilien Rorion Gracie, ont été inspirés par le « Vale-tudo », une compétition où –comme son nom l’indique en Portugais– tous les coups étaient permis.

« L’UFC est dans l’ADN du Brésilien, cela fait partie de notre histoire. Auparavant, les jeunes commençaient par pratiquer un art martial et passaient ensuite au MMA. Maintenant, ils font directement du MMA », dit à l’AFP Eduardo Galetti, vice-président de l’UFC au Brésil. Le marché brésilien demeure le deuxième le plus important au monde après les Etats-Unis pour l’UFC, dont les combats sont diffusés dans plus de 70 pays.

« Rage de vaincre »

Comme le football, l’UFC et les autres championnats professionnels de MMA sont vus par de nombreux jeunes Brésiliens comme une opportunité de sortir de la pauvreté. Mais Natalia Silva, 26 ans, rêve aussi de laisser une trace dans l’histoire de son sport.

« Je ne veux pas seulement être une championne, je veux marquer la vie des gens, inspirer des rêves », confie à l’AFP cette jeune femme qui s’entraîne à Contagem, banlieue de Belo Horizonte (sud-est).

Depuis ses débuts dans l’UFC, en juin 2022, elle a remporté les quatre combats qu’elle a disputés, se hissant au 13e rang de la catégorie des poids mouches. « Si Dieu le veut, le titre sera bientôt à nous », assure cette lutteuse qui a commencé par le taekwondo et doit tresser ses longs cheveux ondulés à chaque fois qu’elle monte dans l’octogone.

La branche féminine de l’UFC n’existe que depuis 2013, mais elle a connu un important essor ces dernières années: plus de la moitié des représentants du Brésil classés dans le top-15 de leurs catégories sont aujourd’hui des femmes (23 sur 42). « Les Brésiliens naissent avec la rage de vaincre (…). Ici, la situation est compliquée pour la plupart de la population », dit Carlos Junior Lopes, entraîneur de Natalia Silva. « Ces difficultés nous donnent plus de volonté, de détermination, et si l’on allie ces valeurs à la technique, nous sommes inarrêtables », jubile-t-il.