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[Athlétisme] Les JO ? «Une promenade de santé», promet Ingebrigtsen


Les problèmes personnels avec son père n’empêchent pas Jakob Ingebrigsten d’impressionner à chaque course. (Photo : afp)

Auréolé d’un troisième doublé européen sur 1 500 et 5 000 m, Jakob Ingebrigtsen affiche un aplomb à toute épreuve. Malgré le tumulte familial.

À Paris, le Norvégien de 23 ans défendra en priorité son titre sur 1 500 m conquis à Tokyo en 2021, avec record olympique en prime, mais il lorgnera aussi la plus haute marche du podium sur 5 000 m, distance sur laquelle il a remporté les championnats du monde en 2022 et 2023 : «Si je ne me blesse pas et ne tombe pas malade, je pense que ça va être une promenade de santé», assurait-il début mai dans le podcast Ignite.

Une confiance insolente que les championnats d’Europe à Rome n’auront pu que conforter : le Scandinave y a raflé son troisième doublé continental d’affilée, devenant au passage l’athlète masculin le plus titré de l’histoire des championnats, avec six médailles d’or.

Après des problèmes au bassin qui l’ont cantonné, comme en 2022, à une deuxième place sur 1 500 m aux championnats du monde en août à Budapest, une blessure au tendon d’Achille l’avait pourtant empoisonné tout l’hiver.

Conflit familial

Surtout, l’athlète doit composer avec un conflit familial retentissant. Lui et ses frères, Henrik et Filip, eux aussi champions d’Europe du 1 500 m respectivement en 2012 et en 2016, ont rompu avec leur entraîneur de père, Gjert, en 2022, puis l’ont accusé publiquement de mauvais traitements : «Nous avons grandi avec un père très agressif et autoritaire, qui a eu recours à la violence physique et aux menaces dans le cadre de son éducation», ont-il écrit dans une tribune parue dans la presse en octobre 2023.

Ces accusations – que Gjert Ingebrigtsen rejette – ont conduit la police à mener une enquête qui a débouché sur la mise en examen du quinquagénaire pour des violences domestiques sur l’un de ses sept enfants.

Selon une source proche du dossier, la victime présumée n’est pas l’un des trois frères qui l’ont mis en cause mais un autre membre de la fratrie qui aurait été insulté, menacé et frappé au visage de la main ou avec une serviette de toilette.

«Parentraîneurs» violents

RIP donc la Team Ingebrigtsen, nom de la série documentaire qui a suivi la famille à la trace, en mode Kardashian, entre 2016 et 2020. On y voit une fratrie contrôlée d’une poigne de fer par un père qui fait courir ses fils entre 140 et 170 km par semaine et interdit à Filip de partir en vacances avec sa petite amie : «Je ne veux pas être un homme colérique, je veux être un papa», confie Gjert devant la caméra. «Mais s’il faut un homme colérique pour les aider à réaliser leurs rêves, je suis prêt à l’être.»

À quel prix? Quand Jakob s’est marié en septembre dernier, il n’a pas été convié à la cérémonie.

Si elle n’a sans doute pas encore livré tous ses rebondissements, l’affaire Ingebrigtsen jette une lumière crue sur les possibles dérives des «parentraîneurs».

De Mary Pierce à Tiger Woods en passant par les sœurs Williams, le monde sportif compte de multiples exemples d’athlètes coachés par des parents réputés violents ou abusifs.

Des limites difficiles à identifier

Selon Ben Carr, de l’Institut des sciences du sport de l’université de Lausanne, la confusion des rôles contribue à rendre encore plus flou le concept de violence déjà difficile à cerner mais largement inhérent au sport de compétition tel que pratiqué aujourd’hui : «Dans un cadre d’entraînement (…), on peut dire qu’avoir la mentalité « gagner à tout prix«  n’est pas nécessairement ce pour quoi les athlètes ont signé, et donc un entraîneur qui adopte cette approche sans consentement est dit « violent« », explique-t-il.

«Mais un parent qui est « prêt à tout«  pour que son enfant réussisse, on n’en parle pas vraiment de la même manière. On porte sur lui un jugement moral, philosophique considérable si on lui dit qu’il est un « mauvais«  parent.»

«Et lorsque les deux rôles se mélangent, les limites sont très difficiles à identifier», dit-il.

Pour pimenter les choses, Gjert Ingebrigtsen continue d’entraîner un autre athlète norvégien, Narve Gilje Nordas, concurrent direct de Jakob. Les deux s’entendent comme chien et chat…

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