Le Quotidien Indépendant Luxembourgeois
Le coureur suisse (24 ans), recordman d’Europe du 10 km (27’13″) et du semi-marathon (59’13″), a officialisé ce mardi matin son changement d’entraîneur. Désormais, il est coaché par le célèbre technicien italien Renato Canova (75 ans).
Dans le milieu de l’athlé, au Kenya, c’était devenu un secret de Polichinelle. Depuis un peu moins d’un mois, c’est-à-dire début novembre, l’entraîneur italien Renato Canova (qui a coaché par le passé notamment Saif Saaeed Shaheen, Moses Mosop et plus récemment Sondre Moen), qui vit à Iten depuis 1998, a pris en main la destinée du Suisse Julien Wanders. Ce dernier redoutait même ces derniers jours que l’info ne fuite…
Ce mardi, avant de décoller pour Valence (Espagne) et le semi-marathon de folie qui l’attend ce dimanche (Kipruto, Kiplimo, Kandie, Mutiso…), le Genevois a donc officialisé la chose sur son compte Instagram et via un communiqué en allemand réalisé par l’agence Elite Performance Management, en rendant un hommage appuyé à son coach de toujours, Marco Jäger (Stade Genève).
«Sans Marco, je ne serais pas où j’en suis maintenant. En accord avec mes parents, il a créé un environnement qui me permet de vivre ma plus grande passion, la course à pied, explique Julien Wanders. Marco était et reste l’une des personnes les plus importantes dans ma vie.»
C’est ce même Jäger, lucide sur la situation, qui a glissé au mois d’octobre le nom de Canova à Wanders après les Mondiaux de semi-marathon à Gdynia (Pologne), où le «Kényan blanc» avait terminé à une décevante 21e place (60’46”). Les deux coaches échangeaient depuis 2016. Très pris, père de famille et employé à 100% dans une fiduciaire genevoise, Jäger ne s’est jamais rendu au Kenya. «Avec son travail et son dévouement, Julien mérite la meilleure des attentions. Je n’étais plus en mesure de lui offrir cela», souffle Jäger.
Depuis presque un an et son record d’Europe du 10 kilomètres (27’13 ») à… Valence (l’autoproclamée «Ciudad del Running»), Wanders accumule les performances sans relief pour un athlète de son standing. Sur piste (5 000 m) comme sur route (deux semi-marathons bouclés en 60’46 »). Un problème de respiration a, un temps, été évoqué. Il revient, aussi, souvent, à nos oreilles, qu’il s’entraîne trop durement.
«Pas encore la forme pour pouvoir attaquer le record d’Europe»
L’arrivée à ses côtés de Renato Canova est censée donner une nouvelle impulsion à sa carrière, même si Marco Jäger, son coach depuis 10 ans, sera toujours présent dans son entourage en tant que personne de confiance et conseiller. Mais premier changement notoire : il accumule les bornes à l’entraînement (jusqu’à 200 km par semaine) et axe donc davantage son travail sur le volume que sur l’intensité. Canova doit aussi lui apporter de nouveaux stimuli en matière de contrôle de la forme et de périodisation.
Pour l’heure, Julien Wanders, triple vainqueur de la Course de l’Escalade (2017, 2018, 2019), prévoit toujours de s’aligner sur piste (5 000 m/10 000 m) lors des JO de Tokyo (23 juillet-8 août 2021) avant de se tourner probablement vers le marathon (42,195 km). Son rêve ultime. Quand ? «Je ne me mettrai au marathon que lorsque je serai prêt, que j’aurai la conviction d’avoir un gros chrono dans les jambes et de pouvoir lutter pour la victoire», écrivait-il récemment dans sa chronique pour Le Matin.
Ce dimanche, lors du semi-marathon de Valence (peloton réduit à 25 coureurs, dont douze d’entre eux possèdent un record personnel sous l’heure), Wanders se sait attendu au tournant. Sa performance, eu égard à son statut, sera scrutée, forcément. Mais la vérité c’est que cette course doit surtout lui servir à le rassurer, lui permettre «de retrouver de bonnes sensations». «À la suite d’une année difficile, marquée par le Covid et l’absence de JO, je me sens toujours mieux à l’entraînement, mais je dois avouer que je n’ai pas encore la forme pour pouvoir attaquer le record d’Europe (59’13 ») ou même du monde (58’01 »).» Simple précaution ou coup de bluff ?
Ismaël Bouchafra-Hennequin
Semi-marathon de Valence, ce dimanche 6 décembre 2020. Départ à 8h (8h30 pour le marathon). Lien pour voir les deux courses en livestream.
Voici la séance réalisée par le Suisse, le 18 novembre, sous la férule de Renato Canova à Iten (Kenya), à 2 500 m d’altitude :
– Matin (20 km) : 1er 10 km en 33′, suivi d’un 2e 10 km sous les 31′.
– Après-midi (22 km) : 10 km en 33′, suivi de 12 x 1 km (allure moyenne des répétitions : 2’55 »)
«Parfois tu dois courir longtemps, parfois tu dois courir vite, et parfois tu dois courir longtemps et vite !» (Renato Canova)
