Devenue irrespirable, la relation entre Manchester United et Cristiano Ronaldo a pris fin « d’un commun accord » mardi, ont annoncé les deux parties. Mais pour le Portugais, présent au Qatar pour le Mondial-2022 et désormais libre de s’engager où il veut, l’avenir semble très incertain.
« Cristiano Ronaldo va quitter Manchester United d’un commun accord, avec effet immédiat », a sobrement écrit le club dans son communiqué en le remerciant pour « son immense contribution au cours de ses deux passages à Old Trafford ». La superstar de 37 ans, actuellement au Qatar avec la sélection portugaise, a de son côté publié son propre communiqué pour assurer qu’il « aime Manchester United et (…) les supporters et ça ne changera jamais ».
« Cependant, je sens que le temps est venu pour moi de chercher un nouveau défi », a-t-il écrit avant de souhaiter au club « tout le succès (possible) pour le reste de la saison et à l’avenir ». Ces échanges de politesse masquent mal le soulagement mutuel de voir s’achever une relation qui avait franchi le point de non-retour avec l’interview incendiaire dans laquelle le joueur a réglé ses comptes avec le club anglais la semaine dernière, disant se sentir « trahi ».
Resté à quai cet été
Ole Gunnar Solskjaer, Ralf Rangnick, Erik ten Hag, soit tous ses entraîneurs passés ou présent lors de son deuxième passage à Old Trafford, en ont pris pour leur grade, ainsi que quelques glorieux anciens, comme Wayne Rooney qui avait eu l’outrecuidance de critiquer ses prestations et son comportement.
Ronaldo, qui avait notamment quitté ses coéquipiers et le stade avant même la fin d’un match de Premier League contre Tottenham après avoir refusé d’entrer en jeu, était pourtant loin d’être irréprochable. Il n’entrait en tout cas plus du tout dans les plans de Ten Hag, nommé sur le banc de Manchester cet été et qui a été renforcé par les très bons résultats obtenus en se passant des services de « CR7 ».
Il restait cantonné à des minutes en fin de match et aux rencontres « secondaires », comme la Ligue Europa, lui qui avait cumulé 183 matches de Ligue des champions (et 140 buts) avec Manchester, le Real Madrid et la Juventus en 19 saisons au plus haut niveau. Déjà cet été, le Portugais avait fait des pieds et des mains pour quitter le club où il avait explosé lors de son premier passage, entre 2003 et 2009. La mort d’un de ses jumeaux nouveaux-nés en avril avait aussi profondément marqué le joueur qui n’avait pas repris l’entraînement avec son club ni participé à la tournée d’avant-saison, cet été, invoquant ses « problèmes familiaux ».
Le Mondial comme vitrine
Dans le même temps, son agent, Jorge Mendes faisait le tour de l’Europe pour proposer ses services et si des noms comme le Bayern, Chelsea, Naples ou le Sporting Portugal à Lisbonne, son club formateur, ont été plus ou moins sérieusement mentionnés, la seule offre concrète était venue d’Arabie saoudite.
Il semble d’ailleurs difficile d’envisager qu’il en soit autrement d’ici l’ouverture du mercato d’hiver le 1er janvier, surtout avec la façon très publique et très virulente avec laquelle Ronaldo a attaqué un club qui lui avait tendu la main à l’été 2021 après son départ de la Juventus Turin, à un moment où pas grand monde ne voulait de lui.
Le quintuple Ballon d’Or, qui dit vouloir jouer au-delà de ses 40 ans, affiche aujourd’hui un niveau de jeu qui peut encore éventuellement intéresser quelques clubs, mais très certainement pas des clubs de l’élite et surtout pas s’il ne met pas son égo de côté. Le Sporting reste une destination qui aurait un côté séduisant, en « bouclant la boucle », et le nom de Chelsea revient aussi parfois timidement, les nouveaux propriétaires américains pouvant être séduits par son aura « marketing ». La troisième piste l’enverrait en MLS américaine où l’Inter Miami rêverait de le faire venir, ainsi que Lionel Messi.
La dernière inconnue est de savoir comment cette annonce va affecter le joueur, toujours incontournable en sélection, malgré la richesse en talents offensifs du Portugal. « Je suis dans une forme fantastique », a-t-il assuré lundi avant d’ajouter que l’épisode de son interview incendiaire peut « ébranler un joueur mais n’ébranler(a) pas l’équipe ». Ce qui reste à confirmer dès jeudi contre le Ghana, pour l’entrée en lice de la sélection portugaise dans le groupe H.
Hasard du calendrier ou pas, la chaîne britannique Sky News a annoncé le même jour que les très impopulaires propriétaires américains de MU, les Glazers, pourraient annoncer très prochainement qu’ils sont prêts à laisser entrer de nouveaux actionnaires, voire vendre totalement le club. Entre le remplacement de Ronaldo et les grandes manoeuvres autour de son capital, l’hiver risque d’être chaud à Manchester.