Un mercato somptuaire, une entame de championnat médiocre, et un fiasco pour débuter la Ligue des Champions avec Chelsea: près de trois ans après avoir connu le même sort au Paris SG, Thomas Tuchel a été congédié sans ménagement mercredi par le club anglais.
Dépenser sans compter au mercato et virer son coach brutalement si les résultats ne suivent pas… Les nouveaux propriétaires américains de Chelsea semblent avoir rapidement assimilé les recettes du succès des Blues depuis plus de 20 ans. Cette fois, c’est Thomas Tuchel qui en a fait les frais après quelque 300 millions d’euros dépensés cet été et 7 matches seulement dans la saison.
« Alors que la nouvelle direction fête ses 100 jours à la tête du club, et continue à travailler dur pour le faire avancer, les nouveaux propriétaires estiment que le moment est opportun pour effectuer ce changement », a écrit la direction dans son communiqué, sans communiquer le nom d’un successeur.
Le « moment opportun » aura donc été cette défaite face au Dinamo Zagreb (0-1), en première journée de la Ligue des Champions, après une nouvelle prestation insipide qui avait laissé le technicien lui-même circonspect.
« C’est une énorme contre-performance de la part de nous tous. On n’est pas assez précis, on n’est pas assez clinique, on n’est pas assez agressif sur le ballon, on ne met pas assez de détermination, ce n’est pas assez sur un plan individuel, ce n’est pas assez collectivement », avait-il énuméré.
« Pas vu venir »
« Je pensais que le dernier match (une victoire 2-1 contre West Ham, après avoir été mené au score) allait nous aider (…). On avait obtenu un bon résultat, on avait eu un peu de réussite quand on a peut-être un peu besoin de réussite. On avait fait de bonnes séances d’entraînement. Je pensais que l’équipe était préparée et savait ce qu’il y avait à faire. Je ne l’ai pas vu venir et c’est pour ça que je suis en colère contre moi-même », avait-il précisé.
En championnat, Chelsea occupe une 6e place flatteuse au vu de ses prestations, avec 10 points sur 18 possibles. Mais le déclin des résultats des Blues ne date pas de cet été. Le Chelsea qui avait arraché une place en Ligue des Champions et remporté la C1 en 2021 après une demi-saison avec l’Allemand à sa tête, grâce à une défense de fer et un grand réalisme offensif, était porté disparu depuis au moins le printemps 2022.
La fin du dernier exercice avait déjà été constellée de prestations navrantes et d’énormes erreurs individuelles, notamment en demi-finale aller de C1 contre le Real Madrid, (1-3).
Le contexte très agité en coulisse, avec la vente forcée du club, en raison des sanctions touchant le milliardaire russe Roman Abramovitch, après l’invasion de l’Ukraine par la Russie, avaient sans doute fini par rattraper l’équipe première.
Le grand ménage de Boehly
Les Londoniens avaient, malgré tout, assuré la 3e place derrière les monstres Manchester City et Liverpool, et disputé deux finales de Coupe d’Angleterre et de la Ligue, perdues aux tirs au but seulement, contre les Reds. Le changement effectif de propriétaire, fin juin, avait rapidement été suivi d’une grande lessive, le président Bruce Buck, la directrice générale Marina Granovskaia, et l’ancien gardien de but international tchèque Petr Cech, directeur de la performance du club, ayant fait leurs valises.
La formulation du communiqué laisse d’ailleurs presque penser que cette séparation était, si ce n’est préméditée, largement anticipée dans un avenir assez proche. L’homme d’affaires américain Todd Boehly, l’un des co-propriétaires du club, s’était improvisé directeur sportif pour la durée du mercato d’été et beaucoup de gens ironisaient sur les réseaux sociaux sur le fait qu’il allait peut-être s’auto-nommer entraîneur également.
Et si les sommes investies ont été conséquentes, le mercato de Chelsea avait été marqué par plusieurs échecs dans le recrutement, des pistes parfois peu cohérentes et finalement des achats paniques à des prix très au-dessus du marché, comme les 80 millions d’euros pour le Français Wesley Fofana.
Les premiers noms fleurissent déjà dans la presse pour lui succéder : Mauricio Pochettino, Zinedine Zidane, des techniciens libres et de renom, et encore Graham Potter, l’actuel coach de Brighton. Mais avec un déplacement à Fulham ce samedi et un match déjà crucial contre Salzbourg mercredi prochain en C1, Chelsea est déjà dans l’urgence.