La présence du prodige belge sauve le plateau bien plus maigre et que d’accoutumée pour cause de concurrence avec le Dauphiné. Voici notre analyse des enjeux !
C’est la seule classique du calendrier internationale qui s’est vue avancée et non reculée dans le nouveau calendrier élaboré en fonction de l’évolution de la pandémie du coronavirus. Mais le Tour de Lombardie aura bien lieu samedi et c’est déjà beaucoup eu égard aux souffrances imposées à la région lombarde en février-mars. On ne pourra toutefois plus l’appeler classique des feuilles mortes.
Toutefois, on remarquera qu’avec le Dauphiné, la concurrence est rude. La course préparatrice au Tour de France a avalé en effet tout ce qui fait de mieux, ou presque, en termes de grimpeurs et de grimpeurs-puncheurs, capables de chasser un Tour de Lombardie, toujours unique en son genre.
Reste que plusieurs grands noms vont néanmoins sauver la course. Il y en a au moins trois. Vincenzo Nibali, vainqueur en 2015 et 2017. Bauke Mollema, le vainqueur sortant, lequel à l’époque, avait créé la surprise. Et Remco Evenepoel bien sûr, lequel voici juste un an s’adjugeait la Classica San Sebastian. Depuis, le prodige belge a tenu ses promesses. Doux euphémisme.
Le favori, Remco Evenepoel
C’est fou comme on s’y habitue. À chacune de ses sorties, un succès. Quels que soient les adversaires. Remco Evenepoel, 20 ans, réinvente le cyclisme, abat les cloisons qui séparent les spécialistes. Il est rouleur, puncheur, grimpeur. Vainqueur à presque tous les coups. Sa série, cette saison, en dit long. Tour de San Juan, Tour d’Algarve avant le confinement. Tour de Burgos et Tour de Pologne sont venus épaissir son palmarès. Tout porte désormais à croire que le Tour de Lombardie, sa prochaine cible, constituera son premier monument. Sans incident majeur, on ne voit pas qui pourrait l’empêcher d’y parvenir. Car le Tour de Lombardie est sans doute la classique qui lui correspond le mieux.
Les anciens vainqueurs, Nibali-Mollema
L’Italien est en forme, comme on l’a remarqué la semaine passée sur le final de Milan-Sanremo. Pas de doute, il est prêt pour se lancer dans sa chasse au triplé. Sa mission ne sera pas simple, mais le Sicilien a une expérience assez unique en son genre puisqu’il s’est imposé deux fois (2015 et 2017) et a terminé deuxième en 2018 derrière Thibaut Pinot. Et ça tombe plutôt bien pour l’équipe Trek-Segafredo, l’autre ancien vainqueur est d’ailleurs le tenant du titre, le Néerlandais Bauke Mollema. Il avait créé la surprise même si en tant qu’ancien vainqueur de la Classica San Sebastian (2016), on aurait dû le prendre au sérieux… Le duo de Trek aura donc la possibilité de faire bouger Remco Evenepoel. En théorie bien sûr.
Les aspirants, Fuglsang, Bettiol…
On dénombre une dizaine de coureurs capables de s’imposer à Côme. En particulier le Danois Jakob Fuglsang. Le dernier vainqueur de Liège-Bastogne-Liège n’a pas défendu son bien sur le Dauphiné, car il prépare le Giro. On l’a vu à l’attaque sur les Strade Bianche, pour sa reprise. Longtemps, on l’a tenu pour le vainqueur avant que Van Aert ne mette tout le monde d’accord. Depuis, Fuglsang (Astana) a pris une gifle, il n’y pas d’autre mot, comme tous les autres concurrents, dans l’étape reine du Tour de Pologne. Le fautif? Remco Evenepoel, bien sûr.
Par ailleurs, Alberto Bettiol (EF Pro Cycling) aidé en cela par Michael Woods, lui aussi sans doute très à l’aise en Lombardie, ou encore Tim Wellens (Lotto-Soudal) seront sans doute très actifs. On n’oubliera pas non plus que Gianni Moscon (Ineos), Rafal Majka (Bora) qui sera accompagné par Schachmann sont déjà montés sur le podium d’un Tour de Lombardie. Ce que chercheront à faire Wilco Keldermann (Sunweb), Aleksandr Vlasov (Astana) récent vainqueur au Ventoux et quatrième mercredi du Tour du Piémont. Ou encore Diego Ulissi (UAE).
Attention également au grimpeur néo-zélandais George Bennett (Jumbo) d’ailleurs vainqueur dans le Piémont. Il est en grande forme. Tout comme Mathieu Van der Poel (Alpecin). Le Néerlandais, vainqueur l’an passé de l’Amstel Gold, race piaffe d’impatience de rejoindre son rival Van Aert sur la plus haute marche d’un monument. Mais grimpera-t-il aussi bien que Remco Evenepoel ?
Les Luxembourgeois, Gastauer et Drucker
Il suit, au sortir du Tour de Pologne, le programme italien devant le mener au Giro. Et le Tour de Lombardie étant un très beau monument, il ne va pas rechigner à la tâche, même si chez AG2R La Mondiale, Mathias Frank et Alexis Vuillermoz auront sans doute du mal à venir troubler le jeu des favoris. «Tout va bien», précise Ben. Quant à Jempy Drucker, il effectue sa rentrée sur un terrain hostile et peu conforme à ses qualités. Mais il reprend !
Denis Bastien