La clinique Zitha et l’hôpital Kirchberg sont désormais bons amis. Lundi, un accord a été signé qui confirme le concept médical de juillet 2014. La discussion a porté ses fruits.
Rivaux hier, grands copains aujourd’hui. Finalement, une fois réunies autour d’une table, toutes les parties ont fini par s’entendre. Jean-Louis Schiltz, facilitateur, s’en réjouit autant que les conseils médicaux de la clinique Zitha et de l’hôpital Kirchberg.
La hache de guerre est enterrée après un été qui avait enflammé les couloirs de l’hôpital Kirchberg et ceux de la clinique Zitha, au cœur d’une fusion délicate. Lundi, c’est Jean-Louis Schiltz, membre du conseil d’administration et ancien ministre chrétien-social démissionnaire, nommé «facilitateur» dans ces négociations, qui est venu présenter cet accord de cinq pages. Le texte respecte le concept médical déposé en juillet 2014 par les hôpitaux Robert-Schuman, tout en « l’optimisant, le précisant et l’améliorant », annonce d’emblée Jean-Louis Schiltz
Il était entouré des deux présidents des conseils médicaux de l’hôpital Kirchberg et de la clinique Zitha, ainsi que de la responsable de la délégation du personnel de la clinique Zitha. Si l’accord tient en cinq pages, il ne représente qu’une « feuille de route », selon Jean-Louis Schiltz.
Voilà, les quatre conseils médicaux se sont enfin entendus. « Il n’y avait rien d’insurmontable », a laissé entendre le facilitateur, dont la prouesse a été saluée par tous les intervenants, lundi. La clinique Zitha, qui craignait de perdre sa raison d’être à travers cette fusion, conserve finalement sa policlinique et sera le pôle spécialisé «onco-viscéral» avec une capacité de 140 nouveaux lits, contre 70 initialement prévus. D’autres lits, en revanche, ne seront pas rénovés. La Zitha présente d’ores et déjà des atouts pour devenir le centre de compétence en cancérologie. Jean-Louis Schiltz a laissé entendre que l’établissement était un candidat sérieux.
Esprit d’équipe
Le Kirchberg héritera pour sa part du département «locomoteur», un pôle fort qui résulte d’une répartition des compétences qui évite les doublons, comme le préconise le gouvernement. Dans cette optique, la clinique Zitha perdra ses gardes. Elles seront exclusivement assurées par l’hôpital Kirchberg, aux côtés du centre hospitalier pour ce qui est de la capitale.
« Tous les médecins du groupe FHRS (NDLR : Fondation Hôpitaux Robert-Schuman) assureront ces gardes », précise Jean-Louis Schiltz. Dans le même esprit d’équipe qui règne désormais au sein du groupe et que tous les intervenants ont loué, le personnel médical va s’organiser pour assurer la présence d’un médecin de chaque spécialité aussi bien au Kirchberg qu’à la gare (Zitha) en cas de besoin. Ceci pour ne pas transporter inutilement un patient admis dans l’un ou l’autre établissement et afin d’assurer un suivi médical cohérent.
Les médecins de la Zitha ne devraient pas perdre leurs patients sous prétexte qu’ils ont été admis aux urgences au Kirchberg. Non, tout cela a été bien pensé à en croire aussi bien le Dr Marco Hirsch, président du conseil médical de la Zitha, que le Dr Philippe Wilmes, son homologue du Kirchberg.
Tout le monde a donc fini par se regrouper autour d’une table. Pendant l’été, c’est à coup de lettres ouvertes incendiaires que la communication s’est faite. Ce qui a fait dire à Jean-Louis Schiltz, en pleine tempête estivale, que le principal problème venait d’une mauvaise communication. La Zitha, le partenaire junior, qui se voyait entièrement avalée par le Kirchberg pour ne devenir qu’un hôpital gériatrique, a de quoi être rassurée. « Je suis content que le conseil d’administration ait entendu nos doléances et surtout, qu’il nous ait écoutés », a déclaré le Dr Marco Hirsch en remerciant Jean-Louis Schiltz pour son implication dans l’issue de cette crise.
Risque mitigé
Cette table ronde autour de laquelle étaient représentés les quatre conseils médicaux, le personnel de la FHRS et le conseil d’administration a tellement bien fonctionné qu’elle est appelée à être institutionnalisée, selon Jean-Louis Schiltz. Elle entend parler d’une seule et même voix et en profite pour lancer un appel aux politiques. D’abord pour «articuler et organiser le financement public de manière à ce que deux pôles forts et modernes puissent effectivement être réalisés et développés». Ensuite, point fort discuté pendant cet accord, faire de l’obligation du transporteur hospitalier une obligation de moyens.
« Jusqu’à présent, le transporteur hospitalier, au même titre que le transporteur de voyageur, comme le chemin de fer par exemple, a une obligation de résultat, c’est-à-dire que les passagers doivent atteindre un objectif. Mais dans le cas d’un transporteur hospitalier, une obligation de moyens signifierait que malgré l’engagement des médecins de tout faire pour sauver un patient, il ne peut être tenu pour responsable en cas de complication, voire de décès. Nous ne sommes jamais à l’abri du risque, raison pour laquelle celui-ci doit être mitigé », explique Jean-Louis Schiltz. Le transport se fera avec l’accord du patient et des médecins en toute connaissance de cause. Ce point était important dans la mesure où les hôpitaux Robert-Schuman sont répartis sur quatre sites, ce qui engendre forcément des transports interhospitaliers.
Enfin, un dernier appel est lancé aux pouvoirs publics afin que ce concept médical puisse être mis en œuvre facilement à travers le plan hospitalier qui doit être encore déposé.
Geneviève Montaigu